L'Algérie a le taux d'inflation le plus élevé de la région maghrébine. Depuis le début de l'année 2009, la tendance haussière des prix à la consommation persiste même si elle semble connaître au bout des neuf premiers mois (5,7%) de l'année, un certain ralentissement par rapport à la fin du premier semestre (6,1%). Si le processus inflationniste continue à ce rythme entre 2009 et 2010, «cela aura des incidences sur le taux d'intérêt des banques qui devraient le relever au moins de deux à trois points par rapport aux taux d'inflation réel, si elles veulent éviter la faillite». L'Algérie a le taux d'inflation le plus élevé de la région maghrébine. Depuis le début de l'année 2009, la tendance haussière des prix à la consommation persiste même si elle semble connaître au bout des neuf premiers mois (5,7%) de l'année, un certain ralentissement par rapport à la fin du premier semestre (6,1%). Si le processus inflationniste continue à ce rythme entre 2009 et 2010, «cela aura des incidences sur le taux d'intérêt des banques qui devraient le relever au moins de deux à trois points par rapport aux taux d'inflation réel, si elles veulent éviter la faillite». Le rythme de l'inflation continue de monter inéxorablement depuis le début de cette année, mettant le gouvernement devant une réelle problématique et remettant en question ses objectifs fixés dans la loi de finances complémentaire 2009 (LFC) et même ses prévisions de la loi de finances 2010. Au vu des chiffres communiqués samedi dernier par l'Office nationale des statistiques et relatifs au niveau d'inflation enregistré durant les neufs premiers mois de cette année, on est bien loin du taux de 4% prévu dans la LFC qui a été promulguée en juillet dernier. Alors que le monde connaît une période de déflation, conséquence de la récession, l'Algérie navigue à contre-courant et tous les dispositifs mis en place par le gouvernement pour maîtriser les prix de certains produits semblent impuissants devant la volonté du marché, au grand dam des ménages et de leur pouvoir d'achat. Selon l'ONS, le rythme d'inflation moyen enregistré entre janvier et septembre 2009 s'est élevé à 5,7% par rapport à la même période de 2008. Une hausse qui s'explique, selon l'ONS, par une augmentation de 7,77% des produits alimentaires et plus précisément les produits agricoles frais dont les prix paraissent totalement hors de contrôle avec une hausse conséquente de 20,73% durant les neuf premiers mois de l'année, alors que les prix des produits alimentaires industriels ont enregistré une légère baisse de 1,12%. Avant que l'ONS ne communique ces chiffres, le simple citoyen s'était déjà probablement rendu compte de la gravité de la situation en allant faire ses courses tous les matins. Alors que les pouvoirs publics promettaient, avant le début du Ramadhan, une hypothétique réduction des prix des principaux produits agricoles qui n'est jamais arrivée, le marché se retrouve plus d'un mois après la fin du Ramadhan dans la même situation. Ni le Syrpalac du ministère de l'Agriculture ni la multiplication des agents de contrôle du ministère du Commerce ne sont parvenus à enrayer la hausse des prix. Le constat fait par l'ONS est tout à fait accablant puisqu'il indique qu'hormis quelques rares exceptions, les prix de tous les produits du groupe alimentation ont connu une hausse au cours des neuf premiers mois de 2009. Les œufs de 27,24%, la viande de mouton de 25,74%, les légumes frais de 24,12%, les poissons frais de 23,18%, la viande blanche de 19,96 %, la viande de bœuf de 16,29 %, la pomme de terre de 12,80% et les fruits frais de 6,29%. Seuls les prix des huiles et graisses et du lait et dérivés se sont inscrits en baisse de respectivement 21,81% et 0,85%. L'informel, l'une des principales causes Comment expliquer alors cette tendance bien loin des prévisions officielles? Selon l'économiste Abderrahmane Mebtoul, «on ne peut invoquer, pour expliquer l'inflation, uniquement les effets des augmentations au niveau de la Fonction publique en 2008, la baisse du cours du pétrole, car avec la crise mondiale, nous constatons une déflation (baisse de l'activité, chômage, baisse des prix). Dans les pays émergents, certes, le taux d'inflation est relativement élevé comme en Chine, Inde, Brésil ou en Russie, mais le taux de croissance est supérieur à la moyenne mondiale». L'inflation est passée de 1,6 % en 2005, à 3% en 2006, à 3,5% en 2007, à 4,5% en 2008 et à 6,1% au premier semestre 2009. Ce processus inflationniste est amplifié par l'emprise de la sphère informelle qui contrôle 40 % de la masse monétaire en circulation et contrôle quatre segments-clefs, à savoir les fruits et légumes, la viande, le poisson pour les marchandises locales et le textile pour l'importation », explique M. Mebtoul. Selon lui, l'inflation est encouragée par «l'absence d'une véritable concurrence, avec une tendance à la substitution d'un monopole d'Etat par un monopole privé plus néfaste qui fait que les circuits entre le producteur et le consommateur (les grossistes informels) ont tendance à se rallonger, de façon à ce que la marge commerciale peut représenter 2 à 3 fois le prix de production, surtout dans le domaine agricole». Dans ce cadre, «la politique d'encadrement des prix peut s'avérer d'une efficacité limitée, en fonction des moyens mis en œuvre, dans la mesure où le contrôle des prix repose sur le détaillant qui ne fait que répercuter ces surcroîts de distribution», affirme l'économiste. Menace sur les équilibres macroéconomiques Ces explications permettent de cerner les facteurs internes qui influent sur la tendance haussière de l'inflation. Se pose alors la question de savoir pourquoi une déflation au niveau mondiale n'a pas comme conséquence un recul de l'inflation en Algérie, du moment que la flambée des cours des matières premières en 2008 conséquemment à la chute des cours du pétrole s'était immédiatement fait ressentir chez nous. La raison essentielle, selon M. Mebtoul, de la non-répercussion de cette déflation au niveau mondial est que «la Banque centrale d'Algérie a dévalué simultanément le dinar par rapport à la fois au dollar et à l'euro, ce qui explique la faiblesse du pouvoir d'achat, le Smig étant à 120 euros contre une moyenne de 150/200 au Maroc et en Tunisie». Après un recul de l'inflation au début des années 2000, la tendance haussière retrouvée depuis fin 2007, risque de «remettre en cause les équilibres macro-économiques», selon M. Mebtoul. Et si le processus inflationniste continue à ce rythme entre 2009/2010, « cela aura des incidences sur le taux d'intérêt des banques qui devraient le relever au moins de deux à trois points par rapport aux taux d'inflation réels, si elles veulent éviter la faillite». Dans le cas contraire, poursuit-il, «l'Etat devra recourir à nouveau à l'assainissement de ces banques qui a coûté entre 2002/2008 au Trésor plus de 5 milliards de dollars.» L'Algérie au dessous de la moyenne maghrébine Dans son élaboration du projet de loi de finances pour 2010, adopté récemment en Conseil des ministres, le gouvernement a tablé sur un taux de croissance de 3,5 % en 2010. La prévision rejoint celle faite récemment par le FMI dans son rapport sur l'évolution de l'économie mondiale, dans lequel il est noté un taux de 3,4%, largement inférieur à celui attendu pour 2009. L'institution internationale prévoit, en effet, pour cette année, un taux d'inflation légèrement supérieur à celui de l'année dernière, à 4,6% contre 4,5% en 2008 et 3,6% en 2007. L'inflation en Algérie reste de loin la plus élevée par rapport à la moyenne maghrébine qui sera de l'ordre de 3,9% cette année et de 3,2% l'année prochaine. Dans ce rapport, le FMI avait prédit que la hausse de l'inflation accompagnera en 2009 un ralentissement de la croissance économique. Néanmoins, la situation devrait évoluer dans le sens inverse en 2010 avec une hausse de la croissance du PIB et un recul de l'inflation. Le rythme de l'inflation continue de monter inéxorablement depuis le début de cette année, mettant le gouvernement devant une réelle problématique et remettant en question ses objectifs fixés dans la loi de finances complémentaire 2009 (LFC) et même ses prévisions de la loi de finances 2010. Au vu des chiffres communiqués samedi dernier par l'Office nationale des statistiques et relatifs au niveau d'inflation enregistré durant les neufs premiers mois de cette année, on est bien loin du taux de 4% prévu dans la LFC qui a été promulguée en juillet dernier. Alors que le monde connaît une période de déflation, conséquence de la récession, l'Algérie navigue à contre-courant et tous les dispositifs mis en place par le gouvernement pour maîtriser les prix de certains produits semblent impuissants devant la volonté du marché, au grand dam des ménages et de leur pouvoir d'achat. Selon l'ONS, le rythme d'inflation moyen enregistré entre janvier et septembre 2009 s'est élevé à 5,7% par rapport à la même période de 2008. Une hausse qui s'explique, selon l'ONS, par une augmentation de 7,77% des produits alimentaires et plus précisément les produits agricoles frais dont les prix paraissent totalement hors de contrôle avec une hausse conséquente de 20,73% durant les neuf premiers mois de l'année, alors que les prix des produits alimentaires industriels ont enregistré une légère baisse de 1,12%. Avant que l'ONS ne communique ces chiffres, le simple citoyen s'était déjà probablement rendu compte de la gravité de la situation en allant faire ses courses tous les matins. Alors que les pouvoirs publics promettaient, avant le début du Ramadhan, une hypothétique réduction des prix des principaux produits agricoles qui n'est jamais arrivée, le marché se retrouve plus d'un mois après la fin du Ramadhan dans la même situation. Ni le Syrpalac du ministère de l'Agriculture ni la multiplication des agents de contrôle du ministère du Commerce ne sont parvenus à enrayer la hausse des prix. Le constat fait par l'ONS est tout à fait accablant puisqu'il indique qu'hormis quelques rares exceptions, les prix de tous les produits du groupe alimentation ont connu une hausse au cours des neuf premiers mois de 2009. Les œufs de 27,24%, la viande de mouton de 25,74%, les légumes frais de 24,12%, les poissons frais de 23,18%, la viande blanche de 19,96 %, la viande de bœuf de 16,29 %, la pomme de terre de 12,80% et les fruits frais de 6,29%. Seuls les prix des huiles et graisses et du lait et dérivés se sont inscrits en baisse de respectivement 21,81% et 0,85%. L'informel, l'une des principales causes Comment expliquer alors cette tendance bien loin des prévisions officielles? Selon l'économiste Abderrahmane Mebtoul, «on ne peut invoquer, pour expliquer l'inflation, uniquement les effets des augmentations au niveau de la Fonction publique en 2008, la baisse du cours du pétrole, car avec la crise mondiale, nous constatons une déflation (baisse de l'activité, chômage, baisse des prix). Dans les pays émergents, certes, le taux d'inflation est relativement élevé comme en Chine, Inde, Brésil ou en Russie, mais le taux de croissance est supérieur à la moyenne mondiale». L'inflation est passée de 1,6 % en 2005, à 3% en 2006, à 3,5% en 2007, à 4,5% en 2008 et à 6,1% au premier semestre 2009. Ce processus inflationniste est amplifié par l'emprise de la sphère informelle qui contrôle 40 % de la masse monétaire en circulation et contrôle quatre segments-clefs, à savoir les fruits et légumes, la viande, le poisson pour les marchandises locales et le textile pour l'importation », explique M. Mebtoul. Selon lui, l'inflation est encouragée par «l'absence d'une véritable concurrence, avec une tendance à la substitution d'un monopole d'Etat par un monopole privé plus néfaste qui fait que les circuits entre le producteur et le consommateur (les grossistes informels) ont tendance à se rallonger, de façon à ce que la marge commerciale peut représenter 2 à 3 fois le prix de production, surtout dans le domaine agricole». Dans ce cadre, «la politique d'encadrement des prix peut s'avérer d'une efficacité limitée, en fonction des moyens mis en œuvre, dans la mesure où le contrôle des prix repose sur le détaillant qui ne fait que répercuter ces surcroîts de distribution», affirme l'économiste. Menace sur les équilibres macroéconomiques Ces explications permettent de cerner les facteurs internes qui influent sur la tendance haussière de l'inflation. Se pose alors la question de savoir pourquoi une déflation au niveau mondiale n'a pas comme conséquence un recul de l'inflation en Algérie, du moment que la flambée des cours des matières premières en 2008 conséquemment à la chute des cours du pétrole s'était immédiatement fait ressentir chez nous. La raison essentielle, selon M. Mebtoul, de la non-répercussion de cette déflation au niveau mondial est que «la Banque centrale d'Algérie a dévalué simultanément le dinar par rapport à la fois au dollar et à l'euro, ce qui explique la faiblesse du pouvoir d'achat, le Smig étant à 120 euros contre une moyenne de 150/200 au Maroc et en Tunisie». Après un recul de l'inflation au début des années 2000, la tendance haussière retrouvée depuis fin 2007, risque de «remettre en cause les équilibres macro-économiques», selon M. Mebtoul. Et si le processus inflationniste continue à ce rythme entre 2009/2010, « cela aura des incidences sur le taux d'intérêt des banques qui devraient le relever au moins de deux à trois points par rapport aux taux d'inflation réels, si elles veulent éviter la faillite». Dans le cas contraire, poursuit-il, «l'Etat devra recourir à nouveau à l'assainissement de ces banques qui a coûté entre 2002/2008 au Trésor plus de 5 milliards de dollars.» L'Algérie au dessous de la moyenne maghrébine Dans son élaboration du projet de loi de finances pour 2010, adopté récemment en Conseil des ministres, le gouvernement a tablé sur un taux de croissance de 3,5 % en 2010. La prévision rejoint celle faite récemment par le FMI dans son rapport sur l'évolution de l'économie mondiale, dans lequel il est noté un taux de 3,4%, largement inférieur à celui attendu pour 2009. L'institution internationale prévoit, en effet, pour cette année, un taux d'inflation légèrement supérieur à celui de l'année dernière, à 4,6% contre 4,5% en 2008 et 3,6% en 2007. L'inflation en Algérie reste de loin la plus élevée par rapport à la moyenne maghrébine qui sera de l'ordre de 3,9% cette année et de 3,2% l'année prochaine. Dans ce rapport, le FMI avait prédit que la hausse de l'inflation accompagnera en 2009 un ralentissement de la croissance économique. Néanmoins, la situation devrait évoluer dans le sens inverse en 2010 avec une hausse de la croissance du PIB et un recul de l'inflation.