Nous sommes en face d'un système politique antinational, criminel et profondément corrompu qui ne recule devant rien pour préserver ses privilèges mal acquis. Face à ce régime illégitime c'est le vide politique sidéral. Il n'existe pas de véritable opposition. La majorité des partis politiques a été préfabriquée par les labos de la police politique. Ce qui reste est empêtré dans des problèmes internes inextricables. Beaucoup d' « intellectuels » lâches et hautains, ne daignent pas se mêler au « ghachi » qu'ils méprisent et ce dernier le leur rend bien d'ailleurs. Il reste cependant de nombreux électrons libres qui s'agitent mais qui n'arrivent pas à constituer une force agissante. La société, devant cette situation déplorable est totalement désorientée, ce qui ne facilite pas les choses. Telle est la triste réalité que nous vivons, hélas. A notre humble avis, l'opposition est à reconstruire sérieusement sur des bases saines. En cette phase cruciale que traverse notre pays assis sur un véritable volcan qui peut faire éruption à tout instant, aucun parti, aucune tendance et aucun « zaïm » ne peut à lui seul mener cette lutte pour le changement du système. Il est impératif de rassembler au sein d'une opposition unie, un véritable Front du Changement, toutes les volontés politiques, intellectuelles et citoyennes, toutes tendances confondues et sans exclusion aucune, autour d'un compromis politique. Ce dernier est une forme de charte politique et éthique qui doit être acceptée et respectée par toutes ces volontés qui œuvreront à cette dynamique et qui sera très claire et sans aucune ambiguïté sur les questions politiques de l'heure et qui souvent nous ont divisé. Il s'agit de notre Algérianité forgée par l'histoire et dont ses fondements ne doivent pas servir de fonds de commerce politique, la démocratie comme moyen de gestion politique, la sacralité des droits de la personne humaine, le respect et la promotion de nos cultures dans toutes leurs diversités, le rôle de l'armée qui doit être celui de toute armée républicaine. Tout comme la phase transitoire sera définie pour préparer l'élection d'une Assemblée Constituante et qui aboutira à l'adoption d'une constitution issue pour la première fois depuis l'indépendance de la volonté populaire. Ce compromis politique est très important. Il permet de baliser le terrain politique et d'éviter tout dérapage et tout débordement d'une quelconque partie au cours de cette dynamique du changement et de la phase de transition. Tout comme il est important que tous les partenaires politiques se débarrassent pour un certain moment de leurs carcans idéologiques, le temps de remettre l'Algérie sur ses rails. Par la suite, chacun pourra rejoindre sa chapelle idéologique et participer de manière loyale et selon les règles définies par la Constitution, aux joutes électorales, le peuple souverain étant le seul juge. Nous insistons sur le fait que le changement doit être pacifique et radical. Il ne s'agit pas de changer quelques figures du régime mais de changer le système dans sa totalité. Et qui dit changement radical dit remise de tous les instruments du pouvoir aux représentants authentiques du peuple, élus démocratiquement. Seul ce changement mettra fin à la cruciale question de la LEGITIMITE DU POUVOIR, cause de la grave crise politique qui perdure depuis 1962 et permettra à notre patrie de sortir de cette impasse dans laquelle l'ont enfermé les aventuriers au lendemain de l'indépendance.