Mon ami, mon grand frère Abdel-Wahhâb Que Dieu t'agréé auprès de lui, dans Son immense miséricorde et bonté, parmi ceux qu'Il aime et que nous aimons : notre bien-aimé l'Envoyé de Dieu Mohamed, et les meilleures des créatures. Ma première rencontre avec toi a été en 1969, au mois d'avril. J'étais lycéen à Tlemcen et j'étais venu à Alger en visite auprès de mon oncle B.D. Il me conseilla, le vendredi, d'aller accomplir la prière du vendredi à la mosquée de l'Université d'Alger. J'y suis allé et j'y ai trouvé de nombreux étudiants qui attendaient le prêche. J'avais vu, une personne dans un coin, à demi-assise, qui griffonnait sur une feuille. Je suis parti vers elle pour discuter du prêche et qui allait le faire. Puis, au moment du prêche, j'ai vu cette personne sur le minbar (oh, un bien modeste minbar). C'était toi ! Je t'ai connu à la mosquée, que ce témoignage t'accompagne dans ta dernière demeure et auprès de Dieu. C'était aussi ma rencontre avec la mosquée des étudiants de l'Université d'Alger que je ne quitterai qu'en 1993. Je t'ai revu pour la seconde fois, lors du séminaire sur la pensée islamique qui s'était tenu à Meftah en été 1969, avec Malek Bennabi. Sous l'impulsion de ce dernier, qui devint mon maître par la suite, et en collaboration avec des jeunes (hommes et femmes), tu avais organisé ces fameux séminaires sur la pensée islamique, prémisse et graines parmi d'autres de la sahwa (renouveau islamique) algérienne. Tu étais l'architecte et le réalisateur de ces séminaires, en compagnie de quelques autres. Des milliers de jeunes hommes et femmes qui avaient suivi ces séminaires lors des différentes séances vont alors porter les fruits de ce renouveau islamique, de ce retour à Dieu. Que ce témoignage t'accompagne aussi auprès de Dieu, c'est l'aumône courante (sadaqa jâriya). C'est alors que notre amitié se scella puis se développa. Dès lors, je ne t'ai vu et connu qu'auprès de notre maître Malek Bennabi lors des séminaires chez lui, ou des conférences un peu partout en Algérie (lycée Amara Rachid, Ben Aknoun, Alger, Ecole Polytechnique etc.). Lors de sa dernière année, il avait été agressé sauvagement, sous les ordres de la sinistre sécurité militaire, tu avais organisé la sécurité chez lui : chaque nuit, deux ou trois personnes passaient la nuit dans l'appartement du maitre pour prévenir toute nouvelle agression. J'y avais passé quelques nuits en compagnie de nombreux frères, et chaque soir, tu vérifiais et donnais les instructions. Que Dieu te protège comme tu as tout fait pour protéger notre maître à tous. À la différence de certains qui avaient connu et accompagné Malek Bennabi, tu as été le compagnon fidèle, avec quelques autres, qui n'a trahi ni son éthique, ni ses enseignements, ni son engagement. Puis, tu nous avais ouvert les portes du bien, à la Qalaa ( )القلعة , près de Guenzet, en Kabylie, près des tombes des martyrs morts pour l'Algérie de l'islam, du Prophète, l'Algérie de l'honneur, de la foi, des valeurs morales. Dans cette Qalaa, dans la mosquée mille fois bénie construite près de ces martyrs, tu nous avais accueillis, pris en hospitalité, offert le gîte et la connaissance, le repas et les longues veillées de nuit en prières et en dhikr. Pour toi, le bonheur était de servir ces étudiants dans leur quête de l'islam, dans la discrétion nécessaire en ces temps. Que Dieu t'offre meilleur que ce que tu nous avais offert, car Dieu multiplie par dix, cent, sept cents, ou bien plus la plus petite œuvre de bien que le croyant fait ici-bas, pour Son Visage bien-aimé. Je ne saurai, je ne pourrai décrire les valeurs islamiques que tu avais incarnées pour moi et pour beaucoup d'autres. Tu étais mon grand frère. Tu étais la discrétion dans le bien, la modestie dans les dons, la fidélité dans l'engagement, la patience dans les épreuves, le long souffle et la persévérance dans le cheminement, tu étais la mesure dans les prises de position et les paroles. À l'image d'un saint, tu en étais un. Nous appartenons à Dieu et c'est à Lui que nous retournons. Que Dieu fasse que nous retournons à Lui dans la foi, les bonnes œuvres, dans Son amour et l'amour de notre Prophète Muhammad. Que Dieu te donne en héritage le Paradis, son niveau le plus élevé, le plus rapproché de Lui. Mostefa BRAHAMI Universitaire