Le 28 juin 1762, Catherine II devient Impératrice de Russie après l'assassinat de son mari, le Tsar Pierre III. La légende raconte que lors du voyage de l'impératrice Catherine II en Crimée en 1787, Grigori Potemkine, chef militaire et gouverneur général de « la nouvelle Russie » aurait ordonné que de luxueux bâtiments en carton-pâte soient érigés à la hâte le long de l'itinéraire de l'impératrice. La légende ajoute également que des dizaines de paysans auraient été ramenés des villages de Russie centrale pour exhiber leur joie et acclamer les représentants officiels de la Russie. Cette grotesque opération était destinée à cacher l'état d'extrême pauvreté des villages criméens. Bien que cette histoire soit démentie en partie ou même totalement par les historiens, l'expression « village Potemkine » désigne aujourd'hui encore tout ce qui est fait pour créer l'illusion, un trompe-l'œil à des fins de propagande visant à tromper l'opinion publique. LE VILLAGE POTEMKINE : OUTIL DE PROPAGANDE DES DICTATURES Toutes les dictatures onteu recours à cet outil grotesque de propagande. À l'époque de l'Espagne franquiste on obligeait les ouvriers à quitter le travail pour être transportés vers les lieux de passage ou de rassemblement du dictateur Franco à chacun de ses déplacements. Les façades de rue sont repeintes et des beaux arbres et toutes sortes de fleurs sont plantés. La même mise en scène avec plus ou moins de grossièreté et de loufoquerie s'est toujours produite et reproduite dans les régimes dictatoriaux depuis la nuit des temps. Les politologues qui s'intéressent à ce phénomène pense immanquablement au voyage d'Edouard Herriot (homme d'Etat français) en Ukraine en août 1933. Il fut berné par le pouvoir soviétique durant tout le long de son voyage par l'illusion d'une vie idyllique dans la ville comme à la campagne. Sur son passage, tout est transformé et rien n'a été laissé au hasard, pour le reste on lui fait rencontrer des agents de la police politique déguisés en paysans ou en ouvriers selon les circonstances préméditées . À son retour en France, il fait des déclarations hallucinantes : «... Là-bas, comme en France, on peut voir des terres bien cultivées, des gens proprement vêtus, une jeunesse libre et fière, des enfants merveilleux. .. Et certaines villes sont des exemples d'urbanisme... ». Pour rappel, durant la période 1930 à 1933 connu sous le nom de« la grande famine », entre 3 millions à 5 millions d'Ukrainiens sont morts de faim. En Algérie comme dans tous les systèmes autoritaires, pour donner vie à un village Potemkine et fabriquer une ferveur populaire, les méthodes et moyens sont rodés : mobiliser des centaines d'agents des forces de l'ordre pour quadriller la ville, réquisitionner les fonctionnaires, remplir des cars de chiyatines nourris au sandwich-cachir, appeler les anciens et nouveaux serviteurs, des images manipulées pour faire l'illusion d'un bain de foule... Cela ne peut en aucun cas faire oublier les incendies criminels répétés qui ont ravagé la région faisant des dizaines de victimes entre décès et blessés marqués à vie (enfants, femmes, personnes âgées...), les dizaines de détenus d'opinion , les campagnes racistes et haineuses menées en toute impunité contre une région qui a été à l'avant-garde de la lutte contre le colonialisme et reste un modèle de résistance contre ceux qui ont confisqué la souveraineté populaire depuis 1962.