* Tweet * * * Tweet * * In Facebook C'est l'histoire d'une poste à Akid Lotfi racontée par le collègue, dans ce journal, hier : inaugurée par le ministre à Oran-est, elle sera fermée le lendemain. La raison ? Elle n'est raccordée à aucun réseau. Cela a été fait dans le cadre de la fiction nationale : il fallait que le ministre inaugure. Le savait-il ? Probablement : il est Algérien de souche. Cela se fait depuis l'époque Chadli : inaugurer des puits d'eau, remplis avec une citerne, le matin, le temps que l'Autorité y jette un coup d'œil et s'en va. Le but n'étant pas de servir un citoyen qui n'existe pas, mais un Pouvoir qui inspecte. Il n'y a pas d'opinion publique agréée et forte en Algérie. Sauf des révoltes ou des vassalités. Il n'y a pas de société civile libre. Pas de contre-pouvoir. L'Etat est une chaîne alimentaire, dans une alimentation générale. Ce n'est pas une démocratie mais un Deylicat. La conclusion est qu'à Oran-est il y a une nouvelle poste. Cela sera inscrit dans le bilan, puis dans le bilan du bilan et dans le bilan de tous les bilans, à la fin du mandat. Un jour, Bouteflika annoncera qu'à Oran-est l'Etat a construit trente-trois postes. Car il y a dans la culture du régime une obsession post-stalinienne du bilan et de la statistique. On conçoit l'exercice de l'Etat dans le cadre du triptyque socialiste : lancement/inauguration/bilan. Un cercle fermé qui a tendance à fonctionner dans la fiction, car sans référent externe, ni surveillance publique. L'une des proches de Bouaziz le Tunisien, a raconté comment Benali qui l'avait reçu en audience, l'a interrogée sur son état et pourquoi elle se plaignait de pauvreté alors qu'elle possédait 15 vaches. C'était écrit dans les rapports que Benali recevait. La vérité est qu'elle possédait 05 poules exactement. Il y a un effet dominos-menteurs ascendant dans les régimes autoritaires. C'est le cas ici avec cette poste. Le but est d'inaugurer, pas de servir. C'est de déclarer pas de vérifier. Cette logique du bilan fausse, bien sûr, tout. En matière de logements, un grand promoteur algérien racontera au chroniqueur cette obsession du bilan à présenter avant 2014 qui fait que l'on construit mal, en vrac, en masse, n'importe comment, rien que pour atteindre un chiffre final à présenter. Pas de politique de villes nouvelles, d'espaces aménagés, d'habitabilité et d'architecture. C'est une logique à l'unité, pas à la qualité. L'année 2014 pèse lourdement sur la manière de dépenser et de mentir et de dilapider depuis dans beaucoup de secteurs. Bouteflika ne viendra jamais retirer son salaire de cette poste et donc on peut tricher et faire des effets d'annonce et lancer des méga-projets imaginaires. D'ailleurs, même si Bouteflika y vient, que pourra faire de plus que bouder et faire grève comme les millions d'autres Algériens ? A la fin ? Une définition sur Wikipédia pour ceux qui s'intéressent : «L'expression «villages Potemkine» désigne un trompe-l'œil à des fins de propagande. Selon une légende historique, de luxueuses façades avaient été érigées à base de carton-pâte, à la demande du ministre russe Potemkine, afin de masquer la pauvreté des villages, lors de la visite de l'impératrice Catherine II, en Crimée, en 1787». Le lendemain, la fameuse poste a eu de l'électricité (mais pas encore d'égout). Cela n'empêche pas qu'elle a été inaugurée avant et fermée ensuite. L'effet Potemkine a été assuré. Nombre de lectures: 511 Views