Le Conseil de la nation prend part à Montréal à la 70e session de l'Assemblée parlementaire de l'OTAN    Entrée prochaine de la première startup à la Bourse d'Alger    Le ministre de la Santé met en avant les progrès accomplis par l'Algérie dans la lutte contre la résistance aux antimicrobiens    Touggourt : une quinzaine de participants à l'exposition de dattes à Témacine    L'Algérie et la Somalie entretiennent des relations "solides et fraternelles"    Le Général d'Armée Chanegriha préside la cérémonie d'installation officielle du Commandant de la 3ème Région militaire    Khenchela: 175 foyers de la commune d'El Mahmal raccordés au réseau du gaz naturel    Tébessa: production prévisionnelle de plus de 1,8 million de litres d'huile d'olive    Le président de la République reçoit une lettre de son homologue somalien    Meilleur arbitre du monde 2024: l'Algérien Mustapha Ghorbal nominé    Allocation de solidarité Ramadhan : ouverture des inscriptions (ministère de l'Intérieur)    Une action en justice intentée contre l'écrivain Kamel Daoud    Le recteur de Djamaâ El-Djazaïr reçoit le recteur de l'Université russe du Caucase du Nord    Foot féminin: maintenir la dynamique du travail effectué pour bien préparer la CAN-2025    Ghaza: l'OCI condamne le veto américain à la résolution de l'ONU exigeant un cessez-le-feu    Palestine: des dizaines de colons sionistes prennent d'assaut l'esplanade de la mosquée Al-Aqsa    La 3e édition du salon «Algeria WoodTech», prévue du 23 au 26 novembre    Le président de la République préside la cérémonie de prestation de serment de la nouvelle Directrice exécutive du Secrétariat continental du MAEP    La liste des présents se complète    Combat de la spécialité muay thai : victoire de l'Algérien Mohamed Younes Rabah    JSK – PAC en amical le 21 novembre    Sonatrach examine les opportunités de coopération algéro-allemande    Semaine internationale de l'entrepreneuriat    Poutine a approuvé la doctrine nucléaire actualisée de la Russie    Un nourrisson fait une chute mortelle à Oued Rhiou    Sonatrach s'engage à planter 45 millions d'arbres fruitiers rustiques    Campagne de sensibilisation au profit des élèves de la direction de l'environnement de Sidi Ali    L'entité sioniste «commet un génocide» à Ghaza    Liban : L'Italie dénonce une nouvelle attaque «intolérable» de l'entité sioniste contre la Finul    Il y a 70 ans, Badji Mokhtar tombait au champ d'honneur    L'irrésistible tentation de la «carotte-hameçon» fixée au bout de la langue perche de la Francophonie (III)    La femme algérienne est libre et épanouie    Tébessa : coup d'envoi dimanche des 3èmes Journées du court métrage    Foot/ Qualif's-CAN 2025: Amine Gouiri, troisième meilleur buteur avec 4 buts    Les ministres nommés ont pris leurs fonctions    «Dynamiser les investissements pour un développement global»    L'Algérie happée par le maelström malien    Un jour ou l'autre.    En Algérie, la Cour constitutionnelle double, sans convaincre, le nombre de votants à la présidentielle    Tunisie. Une élection sans opposition pour Kaïs Saïed    Algérie : l'inquiétant fossé entre le régime et la population    BOUSBAA بوصبع : VICTIME OU COUPABLE ?    Des casernes au parlement : Naviguer les difficiles chemins de la gouvernance civile en Algérie    Les larmes de Imane    Algérie assoiffée : Une nation riche en pétrole, perdue dans le désert de ses priorités    Prise de Position : Solidarité avec l'entraîneur Belmadi malgré l'échec    Suite à la rumeur faisant état de 5 décès pour manque d'oxygène: L'EHU dément et installe une cellule de crise    Pôle urbain Ahmed Zabana: Ouverture prochaine d'une classe pour enfants trisomiques    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



LETTRE DE PROVINCE
L�imam-totem, le prince et la satrapie Par Boubakeur Hamidechi [email protected]
Publié dans Le Soir d'Algérie le 15 - 04 - 2006

Si de son propre aveu le prince reconna�t que ses vizirs lui maquillent la v�rit�, que peut-il attendre de diff�rent et de sinc�re de la part des proconsuls en poste dans les provinces ? Les m�urs politiques �tant ce qu�elles sont, pourquoi voudrions-nous croire qu�il en est autrement aux �chelons subalternes ? C�est-�-dire que la morale d�Etat et la probit� individuelle seraient mieux cultiv�es et bien partag�es � ce niveau, qu�elles ne le sont dans la sph�re politique.
Depuis longtemps, d�j�, les grands commis de l�Etat, que sont les walis, savent qu�une carri�re se g�re autrement que par la stricte comp�tence et le scrupule � toute �preuve. Autant de raisons �humaines� qui les contraignent � pousser au z�le et � recourir au mensonge lorsque le pr�sident s�invite hors de son palais. Ainsi chaque fois que l�illustre h�te veut s�enqu�rir de la r�alit� ils se font un �devoir� de lui taire l�essentiel, de peur d��veiller ses humeurs. Autant dire que la crainte d��tre mal not� balaye sans �tat d��me la positive n�cessit� de l�alerter. De subjectivit�s friteuses en flatteries de subalternes, les voyages d�inspection du chef de l�Etat finissent paradoxalement par le d�sinformer alors qu�il en attendait le contraire. Otage d�un lourd c�r�monial � qu�il avait d�ailleurs exig� par le pass� �, il lui est dor�navant impossible de �regarder par-dessus les �paules� des courtisans qui l�accompagnent. L� o� il se rendra, il sera toujours astreint aux visites guid�es avec des haltes pr�alablement aseptis�es. Loin, bien loin, forc�ment, des niches de la col�re et surtout � l��cart des spectacles qui d�solent mais l��difient. Qu�il s�en aille prendre le pouls de la capitale ou qu�il fasse un �ni�me p�lerinage � Constantine il ne lui est offert � �voir� qu�un terroir imagin�. Une photo tronqu�e de �ce qui est� les jours ordinaires. Jamais le pays r�el, lequel est rel�gu� en-de-�� du d�corum que les artistes en flagornerie ont pris soin d�accrocher avant son passage. Dans ce registre, ils ne font qu�imiter chaque fois les fameux �villages de Potemkine� d�une surr�aliste Russie en trompe-l'�il que le courtisan-amant du m�me nom faisait peindre sur d�immenses panneaux lorsque la tsarine Catherine voyageait dans son empire. Un faux peuple qui cache le vrai gr�ce � des images de Moujiks heureux saluant Sa Majest�, des popes en extase devant leurs �glises et des boyards r�v�rencieux� Rien d�autre que le mensonge mis en sc�ne et dont Constantine, qui l�attend ce dimanche, n�est devenue experte que gr�ce � la fr�quence de ses visites. Destination privil�gi�e, cette ville fortin se pose pourtant les bonnes questions au sujet de l�int�r�t excessif qu�on lui accorde � chaque saison politique, jusqu�� constituer un tropisme pr�sidentiel. Elle qui vieillit mal par la faute �vidente des outrages du temps, mais �galement par une gabegie politique aussi ancienne que l�ind�pendance, s��tonne de la courtoisie r�currente d�un pr�sident lui rendant visite presque annuellement. Se sachant peu attractive et m�diocrement entreprenante elle ne fournit pas les bons pr�textes pour les inaugurations qui feront chanter des lendemains. Cependant, elle poss�derait, r�p�te-t-on, l�atout de �faire parler � le pass�. Le lieudit id�al pour inaugurer les chrysanth�mes au pied des mausol�es. Elle qui n�oublie pas que c�est dans sa casbah que naquit, v�cut et mourut un certain imam, peut presque admettre que, quelque part, les hommages mystico-politiques doivent servir les desseins des pouvoirs, sauf qu�elle ne se satisfait pas de cette p�trification qui ignore une humanit� vivant dans ses murs plut�t mal, quoi qu�on en dise. Tous les pr�d�cesseurs de Bouteflika n�avaient pas failli � cette r�cup�ration d�un symbole chaque fois que les n�cessit�s l�exigeaient. Et celles-ci furent nombreuses au cours des vingt derni�res ann�es. Benbadis, r�f�rence centrale de l�araboislamique au c�ur du mouvement national, dans le premier tiers du si�cle dernier, n�a jamais perdu de son actualit� dans l�inspiration de tous les dirigeants qui se sont succ�d� depuis 1962. M�me sa r�putation de pragmatique en avance pour son �poque a �t� gomm�e pour ne retenir de son enseignement qu�une somme de stances quasi po�tiques en les �levant au rang de dogme ind�passable. La falsification �tant de l�ordre de l�esbroufe politique, les dirigeants, avec la complicit� des clercs de la foi, s�abstinrent sciemment de mettre en exergue le fait que cet imam-totem, descendu de la tribu berb�re des Senhadja, n�avait a aucun moment insist� sur notre �arabit� �, la qualifiant avec exactitude de �parent� par la foi (intissab). Benbella fut le premier en 1962 � en d�naturer le sens en d�cr�tant avec l�ignorance crasse d�un ancien soudard, que nous portons en nous ces g�nes l�. Or, si Bouteflika a repris opportun�ment le chemin symbolique vers ce mausol�e, il le fait avec une parfaite connaissance de la pens�e de ce pr�dicateur. Mieux encore, il le fait � chaque occasion avec des arri�re- pens�es diff�rentes. Nagu�re, par exemple (1999), il �tait parvenu � r�cup�rer l�islamit� consubstantielle � l��uvre de l�imam pour l�opposer aux impr�cateurs de l�islamisme politique. P�dagogie payante qui lui avait alors permis de convaincre des pans entiers de l�opinion du bien-fond� de sa strat�gie qui, plus tard, aboutira � l�amnistie que l�on sait. L�in�puisable filon badisien lui permettra par la suite de d�tourner � son profit une sorte de filiation spirituelle jusque-l� d�volue � Taleb Ibrahimi qu�il consid�rait comme son plus redoutable adversaire. Au c�ur de son premier mandat, il refera un troisi�me voyage en 2001 avec cette pr�cision d�importance et qui ne manque pas de relief aujourd�hui : le choix de la date du 16 avril. Ce ressourcement badisien, au moment o� sa �concorde� battait de l�aile et que les premiers signes de l��chec commen�aient � alt�rer ses certitudes, n�a-t-il pas la m�me similitude que celui qu�il s�appr�te � effectuer ce dimanche ? Tant il est vrai que la r�v�rence ponctuelle � un symbole n�est jamais exempte de calculs �minemment politiques. Or, les dividendes que le pouvoir semble tirer de ce talisman spirituel n�ont pas contribu� � am�liorer le sort de cette ville en la tirant vers le haut. Toujours accabl�e par une image n�gative, elle demeure caricaturalement le contre-mod�le d�une cit� dynamique. Lieu g�om�trique o� s�observe depuis trois d�cennies la d�multiplication des h�r�sies et s��talonnent les manquements � l�orthodoxie de la chose publique, devenant souvent le foyer de tous les cynismes des autorit�s, elle a fini par succomber � un saccage sans r�pit. Mais Constantine la l�preuse � la voirie en pi�tre �tat, celle qui s�en va par petits morceaux, par quartiers entiers et livre � l�abandon ses lieux de m�moire ; cette glorieuse ruine, disons-nous, qui ne conna�t m�me pas la s�r�nit� des cimeti�res de pierres que l�on �pargne religieusement sans en faire commerce profitable ; celle-l�, cach�e par les flonflons � la �Potemkine� destin�s � aveugler le chef de l�Etat, aura-t-elle enfin l�insigne visite de celui qui y vint une dizaine de fois sans s�y arr�ter ? Constantine est comme toutes les m�tropoles de province, une satrapie o� les deniers publics se dissipent souvent dans le prestige pour entretenir des all�geances et plaire � qui de droit ! Car, ici, comme ailleurs et m�me plus haut, la seule r�gle en vigueur est de toujours tenir dans l�ignorance le prince ! C�est, se transmet-on entre comparses, le �b. a.-ba� de la long�vit� dans les carri�res.

Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.