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Vers un débat sur la sunna ?
Entre tabou et sacralisation
Publié dans Le Soir d'Algérie le 06 - 03 - 2018

Un sujet des plus brûlants du monde musulman demeure inexploré ; il s'agit de l'authenticité des (trop) nombreux ahadith. Les compilateurs de l'époque classique, surtout Boukhari et Muslim, n'avaient jamais, à ma connaissance, prétendu faire œuvre aboutie, véridique ou «scientifique», comme on dit de nos jours. Conscients des limites de leurs efforts et de leurs méthodes, axées sur la silsila (chaîne de transmission), ils avaient répété que l'immense travail sur la sunna devait se poursuivre.
Outre le fait qu'ils avaient eu le mérite de compiler, puis d'assainir quelque peu la masse considérable des dires, silences, faits et gestes du Prophète Mohamed, leur travail était mené, à ce que l'on sait, en toute humilité et en toute relativité, sous la formule consacrée : «Wa-Allahou A'âlam» (Dieu est le plus connaissant).
Il y a lieu de rappeler que ces théologiens-chercheurs avaient innové en entreprenant cette gigantesque entreprise mettant relativement fin à des siècles d'inflation débridée d'ahadith apparue — hélas ! — pas longtemps après le décès du Prophète lui-même. La situation aurait été pire sans leur initiative historique.
Par ailleurs, la sacralisation de ces savants et de leurs recueils d'ahadith n'est évidemment pas leur fait, mais celui de ûlama en phase avec le pouvoir politique, dans leur tentative concertée de «fermer la porte de l'ijtihad» et de s'ériger en quasi-intermédiaires avec le Créateur, contrairement à Ses propres injonctions.
On peut établir un lien entre cette sacralisation et celle qui a marqué l'islam maghrébin avec le culte des saints, appelés aussi marabouts, qui marque la géographie et la vie cultuelle des fidèles depuis des siècles, et ce, en dépit des efforts, par exemple en Algérie, de Jam'îate al-ûlama avec Ben Badis, El-Ibrahimi, El-Okbi et tant d'autres.
Les hommes et les femmes qu'on continue d'implorer avaient vécu leur foi dans leur quotidien de la manière la plus vertueuse certes, donnant l'exemple, mais n'avaient jamais réclamé de mausolée ni prétendu être intercesseurs. Cette regrettable sacralisation s'est effectuée a posteriori, comme pour Boukhari et Muslim.
Situer les responsabilités
Ces derniers ne sont donc pas responsables de la «panne de la pensée» qui avait figé leur travail en le rendant sacré, donc intouchable et immuable, une panne dont l'islam historique continue de payer l'énorme prix depuis des siècles.
Le problème se situe ailleurs, non au niveau de ces compilateurs, mais bien des savants qui, à l'époque, avaient non seulement osé mettre un sceau de sainteté sur leurs œuvres — tout humaines — mais aussi et surtout empêché la poursuite du travail d'assainissement critique de la sunna dont des dispositions demeurent étonnantes, contradictoires, voire choquantes, tellement l'esprit et la main de l'homme ont violé l'espace sacro-saint de la vie du Prophète de l'islam par des falsifications abominables. Cependant, cet ijtihad n'a jamais pu être totalement contenu comme le prouvent la riche tradition chiite qui se perpétue ainsi que l'immense travail occulté de générations de savants, travail auquel les masses populaires n'ont pas droit... et pour cause !
Abou Horaïra
En effet, très tôt s'est posée la question du nombre d'ahadith en général, et ceux originaux d'Abou Horaïra. La réalité est que ce sympathique amoureux des chatons n'avait côtoyé le Prophète que durant les deux dernières années de la vie de celui-ci, à
Médine ; en faire un compagnon du Prophète relève d'un excès outrancier. Dès lors, comment expliquer le nombre incroyable d'ahadith dus à Abou Horaïra, nombre bien plus élevé que celui attribué aux intimes, aux compagnons et aux épouses de l'ultime Prophète durant toute leur vie ?! Non seulement la question est demeurée taboue, mais celles et ceux qui la posent en toute légitimité pour mieux asseoir leur foi se voient carrément «excommuniés».
Ce débat inévitable et de la plus haute importance pour la spiritualité, le culte et le comportement des croyants est évacué avec agressivité par nos clercs qui, lâchement, s'en prennent aux personnes, laissant la quête interrogative en plan... depuis des siècles.
Contribution ibadite
Mais il y a pire ! Certains de nos «gardiens du temple» ont pensé trouver une parade similaire — (s'en prendre vertement à la personne du Messager pour discréditer et donc éliminer le message) — en attribuant aux ibadites la création du «mythe d'Abou Horaïra créateur de (faux) ahadith»... Derechef, les savants ibadites se trouvent accusés de proférer de véritables blasphèmes, discréditant un des piliers majeurs de la sunna mohamedienne, s'agissant de kharéjites dont les ancêtres avaient assassiné le calife Ali, déclenché une interminable fitna, etc. De telles accusations sont aussi graves que non recevables car :
- elles occultent la réalité de l'existence de travaux de théologiens-historiens sunnites qui sont en phase, à ce sujet, avec leurs frères ibadites ;
- la vérité peut aussi provenir du pire ennemi ; elle n'en demeure pas moins vérité !
- déjà du temps d'Ûmar, le 3e calife, des témoins avaient assisté à une scène mémorable : Ûmar en personne s'en prenant avec sa fougue habituelle et de vive voix à Abou Horaïra, le frappant à plusieurs reprises sur sa tête chauve en lui rappelant fermement de ne plus mentir au sujet du Prophète !
- Après la confiscation du pouvoir califal par les Omeyyades et sa transformation en dynastie héréditaire, nul autre qu'Abou Horaïra avait été récompensé, nommé gouverneur de Médine, rien de moins ! Sa créativité en matière de souna nabawiyya allait redoubler de férocité, selon la formule célèbre de notre regretté Kateb Yacine.
Lueur en Algérie ?
Comment ne pas reconnaître la valeur des travaux de Boukhari, Muslim et des autres compilateurs qui ont consacré leur vie à un défi de taille, mettant fin à une hypertrophie jusque-là incontrôlable ? Nous leur devons de poursuivre le travail amorcé car nous ne pouvons plus nous permettre de vivre avec les seules classifications de la «force» des ahadith, même dits authentiques. Cessons de considérer la sunna comme un libre-service qui peut contenter tout le monde et même justifier les pires atrocités à l'époque contemporaine.
Les Algériens ont une chance exceptionnelle et historique de donner l'impulsion nécessaire à l'élimination de ce lourd tabou attaché indûment et depuis des lustres à une sunna figée, confinée au taqlid. Il leur appartient de réhabiliter le travail effectué dans notre pays même depuis longtemps, particulièrement par des théologiens ibadites de Ghardaïa connus pour leur intégrité jusqu'au sein d'Al-Azhar. Leurs œuvres seront-elles enfin rééditées, traduites, étudiées, commentées ? Il nous appartient collectivement de nous approprier ce patrimoine national précieux et de le faire fructifier dans le cadre d'une entreprise de mise à jour inévitable de la sunna qui, autrement, ressemblera encore longtemps à la multitude d'Evangiles de la chrétienté qui n'en a retenu que quatre. Nous devons bien cet engagement à notre Prophète et à l'islam, pour notre salut.
T. R. R.
NB : L'auteur, confronté souvent à la question de son appartenance, tient à préciser que, non ibadite, il est cependant un musulman «universel» acceptant avec humilité les nombreuses déclinaisons de l'islam.


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