Depuis plusieurs années, des citoyens à travers plusieurs municipalités n'ont pas cessé de déplorer l'immense retard accusé dans la réalisation des projets de raccordement au gaz naturel de la wilaya de Béjaïa. Des projets de raccordement au réseau de gaz naturel entamés dans certaines localités de cette région de la Basse-Kabylie depuis le début de l'année 2011 ne sont pas à ce jour achevés. Le programme très ambitieux de «mise à niveau» en matière de développement de la wilaya pour rattraper les retards accumulés depuis de très longues années annoncé en grande pompe par les responsables qui se sont succédé à la tête de l'administration locale et les membres du gouvernement en visites de travail dans la région peine à se remettre sur les rails et sortir la wilaya de cette situation de léthargie économique. Avec un taux d'un peu plus de 40%, la wilaya de Béjaïa occupe le bas du tableau national des taux de raccordement au gaz contrairement aux autres régions limitrophes avec les mêmes critères de relief et de climat qui enregistrent des progrès très importants en matière de pénétration en gaz dans les localités les plus reculées de leur territoire. Le programme mis en œuvre par les pouvoirs publics dans pratiquement toutes les municipalités suite à de très violentes protestations citoyennes il y a plusieurs années s'est retrouvé à l'arrêt pour cause de non-paiement des entreprises réalisatrices des réseaux d'alimentation en gaz. La population, qui a accueilli avec soulagement le début des travaux de pénétration de cette énergie à même d'améliorer leur quotidien, n'a pas tardé à déchanter. Dans certaines localités où le réseau d'alimentation est réalisé, il n'en demeure pas moins que les foyers attendent toujours le raccordement. Dans d'autres localités, des projets de raccordement annoncés depuis belle lurette restent non lancés pour des raisons inexplicables. En effet, si dans un premier temps, la raison invoquée pour justifier la non-reprise des travaux de raccordement au gaz naturel des foyers dans les municipalités concernées est liée au non-paiement des créances des entreprises en charge des projets s'élevant à près de 200 milliards de centimes, l'argument en question n'est plus de mise sachant que l'ensemble des dettes sont honorées par la Sonelgaz ayant bénéficié d'une enveloppe spéciale lors de la visite du ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales le mois de janvier dernier à Béjaïa. M. Hanafi Remila, l'un des responsables de l'association Aneeg et membre du FCE à Béjaïa a confirmé dans une déclaration au Soir d'Algérie que «toutes les créances sont apurées». «Au départ, effectivement, de nombreuses entreprises en charge des chantiers de réalisation des réseaux de raccordement de gaz naturel dans certaines communes de la wilaya ont refusé de reprendre les travaux pour non-paiement de leurs factures s'élevant à plusieurs milliards de centimes mais après plusieurs réunions avec le directeur de la Société de distribution Est-Direction de distribution (SDE-DD) relevant du groupe Sonelgaz, nous avons réussi à débloquer la situation, aujourd'hui, l'ensemble de ces entreprises ont été régularisées», a indiqué Remila Hanafi, membre du FCE et de l'Aneeg à Béjaïa. Du côté des responsables de la wilaya, on se contente à reprendre le même refrain, à savoir que «les travaux reprendront bientôt», annonçant même un taux de raccordement de «près de 87% d'ici la fin de l'année en cours». «Comment croire une telle affirmation sachant que les travaux sont à l'arrêt depuis plusieurs années dans la majorité des municipalités de la wilaya. C'est juste une autre promesse pour gagner du temps à l'approche de la présidentielle. Basta les fausses promesses, ce que nous revendiquons aujourd'hui, c'est la remise en état de nos routes complètement défoncées par les travaux de réalisation des réseaux. Nos routes ont été transformées en véritables ravins exposant les automobilistes à des dangers certains», fait remarquer amèrement Mohand L. du village de Birmatou, dans la commune de Tinebdar dans la région de Sidi-Aïch où, en effet, aucune des communes de la région d'Akfadou et Aït Ouaghlis, Aït Amar (Adekar), aucun village sur près de 100 000 habitants n'est raccordé au réseau de gaz naturel. Le même constat de désolation est mis en avant par les habitants de Barbacha où des citoyens du centre-ville sont sortis dans la rue hier pour crier leur colère devant l'état de délabrement de leur route et exiger entre autres l'alimentation de leur village en gaz naturel . Des villages des municipalités d'Akbou, Tazmalt, Aouzellaguen, Aït Mlikeche, Ighram, Ighil-Ali et de nombreuses localités montagneuses de la région du Sahel se plaignent quotidiennement du délabrement des routes causé par les travaux de réalisation des réseaux de gaz qui s'éternisent. «Maintenir durant de très longs mois un secrétaire général comme wali par intérim à la tête de notre wilaya après le départ de l'ex-responsable de l'administration locale, Hattab Mohamed, nommé ministre de la Jeunesse et des Sports, est révélateur de l'indifférence totale des plus hautes autorités du pays quant au développement de la wilaya. Au XXIe siècle, le gaz naturel est le minimum pour permettre le confort du citoyen et le développement local, voilà presque dix ans qu'on attend, les réseaux sont réalisés, il ne reste que le raccordement des foyers et la remise en état des routes dans les villages qui sont devenus impraticables même à pied, les autorités concernées vont encore nous leurrer avec des fausses promesses comme pour les autres projets, la pénétrante, le CHU, le stade, etc. dans la perspective de la présidentielle, on a arrêté de rêver à un changement avec ces responsables», lâche, avec un profond sentiment d'indignation, K. Salah, enseignant universitaire à Béjaïa, originaire de Ferraoun. En attendant que les pouvoirs publics prennent leurs responsabilités pour soulager quelque peu les populations locales du calvaire du transport de la bonbonne de gaz, ces réseaux réalisés restent sans gaz et au gré des agressions diverses pour subir davantage de destructions encore qui engendreront inévitablement d'autres retards et d'autres coûts pour leur reprise dans pratiquement toutes les communes de la wilaya de Béjaïa. Aussi, des mesures appropriées doivent être urgemment prises à tous les niveaux (Sonelgaz, autorités locales, entreprises de réalisation...) pour tenter de mettre fin à cette situation de désordre et espérer rattraper quelque peu l'énorme retard économique dont souffre terriblement la wilaya qui détient le triste record des fermetures de routes et des institutions publiques par les citoyens, ultime action pour éructer leur colère devant la dégradation continue de leur cadre de vie. A. Kersani