Trois doublés en autant de courses depuis le début de la saison de F1 ! Gagnante avec Lewis Hamilton, Mercedes a réussi hier au Grand Prix de Chine une performance inédite depuis Williams en 1992, quand Ferrari s'est fait remarquer par une stratégie polémique. Deuxième sur la grille, le Britannique a pris le meilleur au départ sur son équipier Valtteri Bottas, en pole position, pour s'offrir à Shanghai sa deuxième victoire consécutive. Il prend du même coup pour six points la tête du Championnat du monde au Finlandais, deuxième du GP devant l'Allemand Sebastian Vettel (Ferrari), le Néerlandais Max Verstappen (Red Bull), le Monégasque Charles Leclerc (Ferrari) et le Français Pierre Gasly (Red Bull), qui a pris le point du meilleur tour. «Ça aurait pu être beaucoup plus compliqué», a reconnu Hamilton, en difficulté lors des essais libres comparé à Bottas, vainqueur de la manche inaugurale de la saison et autrement plus compétitif que l'an dernier. «Au début du week-end, j'étais loin de Valtteri. Heureusement, un petit changement de style de pilotage m'a permis de trouver du rythme en qualifications, puis j'ai pris un bon départ. C'est ce qui a fait la différence», a-t-il poursuivi. «Les premières courses cette année ont été difficiles pour moi dans cet exercice, alors c'est bien de me racheter et de rectifier ça». Mercedes «trop rapide» Au classement des constructeurs, l'écart ne cesse de se creuser entre les Flèches d'argent et la Scuderia, pourtant largement favorite après les essais hivernaux : il se porte désormais à 57 unités. «Ces trois doublés sont un peu trompeurs, estime tout de même Hamilton. Nos résultats sont un peu au-dessus de notre réel potentiel.» Hier toutefois, «nous avons essayé de les suivre mais nous ne le pouvions tout simplement pas. Dès le départ, ils étaient trop rapides», a reconnu Vettel. «Nous ne pouvions espérer faire mieux que troisième et quatrième», soit leurs positions sur la grille. Sauf que Leclerc n'a franchi la ligne d'arrivée que cinquième, pénalisé par une stratégie discutable... La Scuderia ne le cache pas : elle place plus d'espoirs en son quadruple champion du monde qu'en sa recrue de 21 ans et une saison seulement d'expérience parmi l'élite avec Sauber en 2018. Or le Monégasque, que seule une panne a empêché de s'imposer à Bahreïn il y a quinze jours, est plus rapide que son équipier allemand depuis le début de la saison. Leclerc «a le droit d'être contrarié» Au départ en Chine, il a pris le meilleur sur Vettel pour le gain de la troisième place, mais son équipe lui a très vite demandé de laisser passer l'Allemand, qui revendiquait un meilleur rythme. Derrière cela, Red Bull a joué la carte de l'audace en rappelant Verstappen aux stands avant les Ferrari, contraignant la Scuderia à sacrifier la quatrième place de Leclerc pour préserver le podium de son aîné. Interrogée sur cette consigne par des médias critiques, sa victime a préféré ne pas «commenter». «Il faut que j'en discute (avec l'équipe), que je regarde l'image générale de la course, a-t-il lâché. Du cockpit, c'est un peu difficile à digérer mais parfois on ne voit pas la même chose que de la murette» où sont prises les décisions stratégiques. «Je me sentais plus rapide, on m'a demandé si je pouvais aller plus vite, j'ai répondu que je m'en sentais capable», a pour sa part justifié Vettel sans plus de détails, reprochant aux journalistes de «prendre des bouts de réponses ici et là et de les utiliser sous un mauvais jour.» «Si Charles est contrarié, il en a le droit et nous devons l'accepter», a clos le patron de Ferrari Mattia Binotto. «Je comprends ce sentiment mais, à ce moment de la course, les Mercedes étaient plus rapides et nous avons essayé de donner à Seb la meilleure chance possible. Il ne s'agissait pas de favoriser un pilote au détriment de l'autre.» C'est désormais une double tâche qui attend la Scuderia, avant le GP d'Azerbaïdjan le 28 avril: éteindre l'incendie qui couve et juguler l'hémorragie de points face à Mercedes.