A un mois et demi du lancement de la 32e édition de la CAN de football, en Egypte du 21 juin au 19 juillet, le sélectionneur a fait, au micro de BeIN Sport France, une «halte» qui s'impose pour dévoiler son plan de préparation, expliquer quels seront les moyens humains qu'il déploiera pour atteindre ses objectifs et définir quels sont les vrais obstacles pour que l'Algérie puisse remporter le second titre continental depuis la création du tournoi panafricain. D'emblée, Djamel Belmadi fera savoir qu'il est toujours dans la réflexion. Sur plusieurs sujets concernant l'événement de cet été. S'il révèle que le premier stage se tiendra à partir du 27 mai, soit au lendemain de la fin de la saison footballistique en Algérie (aucun joueur issu des championnats européens n'est concerné par les finales européennes interclubs), il reste «muet» sur le lieu du lancement de la préparation. Même si beaucoup estiment que le premier regroupement aura lieu en Espagne, sinon au sud de la France, Belmadi n'en confirmera pas non plus le pays qui abritera la seconde phase de cette avant-CAN (les Emirates arabes unis ont été évoqués par plusieurs sources). Le néo-entraîneur des Verts se contentera seulement de relever qu'en une année de contrat, il n'a pas eu beaucoup de temps pour préparer sa sélection compétitive et conquérante. «ça fait un an que je suis à la tête de la sélection, c'est à la fois beaucoup et pas beaucoup, parce que ce n'est que 4 ou 5 dates Fifa. Au final, ce n'est qu'un mois vécu ensemble avec les joueurs, 4 ou 5 fois une semaine», tranchera-t-il. Probablement une façon de préparer l'opinion sportive algérienne à un nouvel échec. Ou bien à «tromper l'ennemi» à propos des vraies dispositions de cette sélection qui affiche un bilan autrement plus éloquent depuis l'arrivée de Belmadi. Ce n'est pas l'objectif assigné qui semble, en effet, effrayer l'ex-coach d'Al-Duhaïl Doha (Qatar). Pour lui, l'Algérie ferait bien de joueur l'outsider. «Le Sénégal c'est le favori n°1 de la compétition, nous, nous ne sommes pas favoris. J'aime bien cette position. Tant mieux que ce soit le Nigeria, la Côte d'Ivoire, le Cameroun, le Ghana ou l'Egypte qui joue à domicile», affirme le capitaine des Verts lors de la CAN-2004, sa première et dernière en tant qu'international Algérien qui demeure confiant. Presque démesurément. Pour moi, entraîner la sélection algérienne c'était le Graal. Je me disais que j'étais sans doute encore jeune dans la profession pour prétendre à ce poste. On n'a jamais gagné de coupe d'Afrique en dehors de notre pays. Lors de la dernière CAN, nous sommes sortis au premier tour. Notre ambition maintenant c'est de la gagner», confie le successeur de Rabah Madjer sans oublier de rectifier l'animateur de BeIN Sport France qui lui faisait la remarque que cette prochaine manifestation panafricaine constituerait une phase de transition pour lui et son équipe. «Non, je travaille tous les jours à 100% pour pouvoir la gagner, il n'y a pas à attendre. Il faut avoir cette ambition», fait-il savoir. Et pour la gagner, il compte bien réunir les meilleurs atouts, prendre les plus en forme parmi les joueurs opérationnels. Belmadi qui refuse d'entrer dans le jeu des «listes finalisées» laisse la porte ouverte à tout footballeur algérien possédant le S12 pour faire partie des sélectionnables. Il répondra presque par l'affirmatif à propos du cas Andy Delort, l'attaquant de Montpellier qui a émis le vœu de rejoindre les Verts, en laissant entendre que celui-ci est «très actif dans sa communication et pour obtenir ses papiers», mais qui «doit avoir des connaissances» pour aspirer être rapidement convoqué en équipe nationale. «Des individualités mais pas une belle équipe» Belmadi se donnera un moment pour mettre à plat le «dossier Aouar» en rappelant qu'il n'a «ni rencontré ni parlé à Houssam Aouar mais je connais sa position, il a un championnat d'Europe espoirs à préparer avec l'équipe de France. Il ne sera pas à la CAN 2019, ça c'est sur», tient-il à préciser. Sans faire un (autre) rappel en direction d'Aouar et tous ceux qui ont des origines algériennes et peuvent par conséquent rendre services à leur pays et trancher leur carrière internationale. Belmadi semblait vouloir s'exprimer sur le sujet une dernière fois. «Je n'ai pas à convaincre Aouar, c'est à lui d'avoir envie et même plus que ça, de venir porter le maillot de l'Algérie. Il y a d'autres joueurs qui se sont retrouvés dans cette situation et qui ont choisi. Je n'ai même pas à lui expliquer les tenants et les aboutissants, il les connaît déjà». Le sélectionneur algérien préfère se concentrer sur ce qu'il a sous la main pour préparer au mieux le rendez-vous d'Egypte-2019. Sur sa liste des «23» qu'il dit ne pas connaître, Belmadi continue de piocher. «J'ai une grande idée mais on va attendre jusqu'au bout, parce que je nourris la réflexion sur quelques postes pour être très honnête», relève Belmadi qui a cité le cas de trois éléments-clés. D'abord le jeune Youcef Atal qu'il qualifie de «presque une valeur sûre à 22 ans». Et d'ajouter : «Il s'est vite imposé dans le championnat de France. Ce qui est bluffant c'est sa polyvalence. Il arrive à être performant à des postes complètement différents. Il a joué à 4 ou 5 postes, ce qui», reconnaît Belmadi, «me pose un petit peu problème...» Et d'évoquer de quoi est capable le jeune Aiglon grâce à son talent pur. «Atal son poste c'est latéral droit très offensif, il n'y en a pas beaucoup en Europe. Il peut s'imposer peut-être pas dans un top club européen mais dans un très très bon club et passer un palier.» Le cas Mahrez, qui continue de manger son pain noir avec les Citizens, pose-t-il aussi problème à Belmadi ? Pas le moindre souci à en croire l'ancien attaquant de l'O Marseille de Manchester City. «Mahrez est un joueur très important, presque indispensable parfois. Il a démontré toutes les qualités qu'il pouvait avoir et il peut surmonter ce qu'il vit depuis cinq matchs. Il a joué une quarantaine de matchs. Ce n'est pas une mauvaise nouvelle pour moi, il va arriver pas trop éreinté. Il est tranquille, il a un long contrat. Pep Guardiola compte sur lui, donc pas de souci», avoue le sélectionneur algérien qui semble également «rassuré» par les nouvelles en provenance d'Arabie Saoudite où «M'bolhi est en train de faire le nécessaire pour être prêt à la CAN». Belmadi qui reconnaît qu'il bâtit son équipe sur le groupe et pas sur les individualités admet qu'il n'a pas encore une équipe, encore moins une vedette de la trempe de Messi pour en bâtir une autour de lui. «Je construis une équipe autour de personne, à part Messi je ne vois pas où on peut construire une équipe autour d'un joueur. Même Messi en Argentine lors des grandes compétitions c'est pas toujours ça», souligne Djamel Belmadi très critique envers un ensemble composé d'individualités mais qui «nous ne permet pas de dire qu'on à une belle équipe». Une situation qu'il renvoie aux spécificités de la pratique du football en Afrique. «Le jour où on arrivera tous à jouer cette même partition et s'adapter au contexte africain que ça changera. Jouer à Old Trafford et jouer sur un synthétique municipal à 16h, ce n'est pas la même chose, ce n'est pas le même football», conclut Belmadi. Le tour d'horizon fait, l'aventure africaine peut commencer. M. B.