Après quatre mois de contestation contre le système, la mobilisation citoyenne est toujours intacte à Béjaïa. Pour ce 18e vendredi consécutif, c'est une nouvelle véritable marée humaine qui a déferlé sur les rues de la ville pour réitérer l'exigence du départ du système et réclamer une véritable transition démocratique. Plusieurs dizaines de milliers de personnes, venues des différentes municipalités de la wilaya, se sont retrouvées pour ce 18e acte avec la même infaillible détermination à poursuivre la lutte pacifique jusqu'à la chute du régime et l'ensemble des anciennes figures qui l'incarnent. A travers des mots d'ordre portés sur des pancartes et autres banderoles ,les manifestants font entendre leur voix en faveur de l'édification d'un Etat de droit garantissant l'indépendance et la transparence de la justice . «Pour la primauté du politique sur le militaire», «Pour une transition démocratique», «Gaïd Salah dégage», «Bedoui dégage», «Bensalah dégage», «Non au changement du système dans le système », sont quelques-uns des slogans mis en avant par les manifestants rejetant aussi toute élection et dialogue tant que ses symboles sont là. L'imposante mobilisation citoyenne de ce vendredi se veut également une réponse aux mises en garde du chef d'état-major de l'armée et vice-ministre de la Défense, Gaïd Salah, lors de son discours prononcé le 19 juin passé à partir de Béchar dans lequel il déclare que «l'Algérie n'a qu'un seul drapeau» et qu'il n'admet pas qu'«une minorité très peu nombreuse infiltre les manifestations en brandissant d'autres drapeaux». Une déclaration qui n'a pas manqué de susciter la colère et l'indignation de la population locale. «Personne ne peut nous demander des preuves de notre amour et notre attachement à l'Algérie et à son drapeau et on n'admettra pas également qu'on puisse nous interdire de brandir l'emblème qui symbolise nos racines en tant qu'Algériens», tel est le sentiment partagé par les manifestants hier. La population s'est, en effet, massivement mobilisée à Béjaïa en brandissant l'emblème amazigh symbolisant l'identité millénaire du peuple algérien et de l'Afrique du Nord. La colère était perceptible chez l'ensemble des manifestants. La plupart des attaques ont ciblé lors de la marche le chef d'état-major de l'armée. Il convient de signaler que contrairement aux précédentes manifestations observées dans une ambiance de fête, une vive tension était perceptible lors de la marche de ce vendredi à Béjaïa où plusieurs manifestants brandissant l'emblème amazigh ont été arrêtés par les forces de l'ordre dans la matinée. Des manifestants brandissant l'emblème amazigh venus de Sidi Aïch pour participer à la marche ont été embarqués vers le commissariat central du chef-lieu de wilaya à leur arrivée déjà au niveau de la gare routière. Des barrages de la police et des éléments de la Gendarmerie nationale étaient également dressés en plusieurs endroits sur les routes nationales reliant le chef-lieu de wilaya et la vallée de la Soummam et la côte est et ouest béjaouie. De nombreux manifestants se sont vu confisquer les emblèmes amazighs en leur possession, a-t-on appris également . A. Kersani