Le Brésil s'est hissé en finale de «sa» Copa América en gagnant 2-0 le «superclassico» contre l'Argentine, mardi, à Belo Horizonte, grâce à un Gabriel Jesus en état de grâce, avec un but et une passe décisive. Meilleur buteur de la Seleçao sous la houlette de Tite, avec 17 réalisations, l'attaquant de Manchester City n'avait encore jamais fait trembler les filets dans un grand tournoi alors qu'il avait été titulaire pendant tout le Mondial-2018. Jesus a exorcisé les démons du fatidique 7-1 contre l'Allemagne lors d'une autre demi-finale jouée sur cette même pelouse du stade Mineirao, celle du Mondial-2014. «Je sentais que j'allais marquer (...) Je suis content, pas seulement pour ce but, mais pour tout les efforts fournis par l'équipe. Il faut jouer tous les matches avec cet état d'esprit», a déclaré le joueur de 22 ans. Il ne reste désormais qu'une marche à gravir pour un Brésil en quête de son neuvième titre de la Copa América. Ce sera dimanche, au mythique stade Maracana de Rio de Janeiro, contre le vainqueur de la seconde demi-finale, entre Chili et Pérou, qui s'affrontaient ce matin, à Porto Alegre. «C'est un pas de plus vers notre objectif. Beaucoup de gens ont douté de nous, mais nous sommes en train de récolter les fruits de notre travail», a déclaré le capitaine brésilien Daniel Alves, qui a fait un grand match contre l'Argentine. Le titre continental n'a jamais échappé au Brésil lors des quatre éditions précédentes jouées à domicile, en 1919, 1922, 1949 et 1989. Et il sera difficile de priver de trophée une équipe qui n'a pas encaissé le moindre but en cinq matches et en a marqué 13. Malgré la franche accolade entre les capitaines Dani Alves et Messi, qui ont joué huit ans ensemble au FC Barcelone, la forte rivalité entre les deux géants sud-américains s'est faite sentir dès les hymnes nationaux, celui de l'Argentine étant rendu pratiquement inaudible par les sifflets.
Alves en feu En présence du président brésilien Jair Bolsonaro, les hommes de Tite ont montré dès le début qu'ils voulaient prendre le jeu à leur compte, monopolisant le ballon. Malgré la domination brésilienne, c'est l'Argentine qui a tiré pour la première fois au but, avec un missile du Parisien Paredes passé juste au-dessus de la cage d'Alisson (11e). Pour tenter de forcer le verrou argentin, la Seleçao écartait un maximum le jeu sur les ailes, surtout à droite, où Dani Alves et Gabriel Jesus mettaient en difficulté Tagliafico, qui a pris un carton jaune dès la huitième minute. Et c'est de ce côté qu'est née l'action du premier but brésilien, sur une chevauchée fantastique d'Alves. Le latéral parisien a éliminé Acuña d'un coup du sombrero et décalé Firmino, dont le centre à ras de terre a trouvé Gabriel Jesus seul aux six mètres pour pousser le ballon au fond des filets (19e). Explosion de joie au Mineirao. Ce but a mis un gros coup sur la tête des Argentins, qui ont mis du temps à s'en remettre, mais se sont réveillés sur un coup-franc téléguidé de Messi pour la tête d'Agüero. Complètement battu, Alisson a été sauvé par sa barre transversale (29e).
Messi malchanceux Juste après la pause, c'est le poteau qui a empêché l'ouverture du score argentine, sur une frappe excentrée de Messi (56e). Le numéro 10 a tenté sa chance à nouveau avec un coup-franc direct dont il a le secret, mais Alisson a parfaitement capté le ballon qui partait en pleine lucarne. En demi-finale aller de Ligue des Champions, le portier de Liverpool était allé rechercher le ballon dans ses filets sur un coup-franc d'anthologie de l'Argentin lors de la victoire 3-0 du Barça, même si les Reds avaient eu le dernier mot en s'imposant 4-0 à Anfied. Le Brésil commençait à avoir des sueurs froides, mais Jesus s'est remis à marcher sur l'eau pour mettre la Seleçao à l'abri. L'attaquant de Manchester City a débordé sur le côté gauche, prenant de vitesse Otamendi avant de servir Firmino sur un plateau pour le deuxième but brésilien (71e). Une juste rétribution pour l'attaquant de Liverpool, qui lui avait donné un caviar pour l'ouverture du score. Le public pouvait chambrer les Argentins en criant à gorge déployée «eliminado» (éliminés). Messi est à nouveau passé à côté de sa chance de remporter le titre qui fuit l'Argentine depuis 1993.