Il est question de canicule ! Oui, on la voit. On la sent. On la ressent. On en souffre. On n'arrête pas de s'en plaindre. Ça ne touche pas seulement que l'Algérie. C'est vrai ! Ça touche la planète entière. La gestion de cette dernière se fait à la mode du capitalisme mondial, qui n'est pas près de sacrifier son enrichissement au profit du bien-être de notre bonne vieille terre. Ce n'est pas sérieux, n'est-ce pas ? Ce monde n'est pas sérieux. On sonde l'espace. On va plus loin. Plus haut. La lune n'est plus un rêve de poète. Mars risque d'être à portée de fusée. Le bon vieil esprit colonisateur reprend ses droits. On dépense des milliards de dollars pour une hypothétique installation sur Mars. On veut repartir sur la lune. Encore une fois ! En attendant, la terre souffre de tous les maux du monde. On la presse comme un citron. Au point où un jour elle implosera. L'homme est certain, dans sa folie, de quitter la terre, un jour, définitivement. Pour coloniser l'espace. Comment sera l'homme de l'espace ? Un mutant ? Une autre espèce ? L'homme engage sa propre survie sur une terre, qui ne demande qu'à servir pour encore des temps immémoriaux. Que deviendra, dès lors, la terre ? Un bloc inerte ? Que deviendra l'humanité ? Puis, qui ira sur Mars le moment venu ? J'ai trop de questions. La canicule ne me laisse répit. Un peu de pluie ferait du bien à tous. Même les cigales ont déserté les oliviers de mon champ. Du jamais vu ! Il est question de panel. Ok Google, que veut dire ce mot ? « Echantillon permanent de population, interrogé régulièrement dans le cadre d'une enquête, d'un sondage, d'une étude de marché. Réunion informelle de spécialistes pour discuter d'un problème en présence d'auditeurs qui ne peuvent pas participer à la discussion. » J'ai beau relire ces réponses, je n'arrive pas à plaquer ces définitions sur le panel made in bladi. Au fait, il est mandaté par qui ? Même le « dellal l'khir » doit être mandaté par quelqu'un. Un plaignant, par exemple. Non, sérieux ! Qui a mandaté le panel, qui ne sait plus à quelle autorité obéir ? Le Hirak, j'en doute. On dit qu'il a entamé sa mission. Grand bien lui fasse ! Mais faire quoi ? Réfléchir sur les élections ? Si ce n'est que ça, il vaut mieux que ce panel rentre chez lui. Ou rejoigne le Hirak du vendredi prochain. Réfléchir sur la crise algérienne ? Là, ça peut être le cas. Mais ce panel made in bladi a-t-il les coudées franches ? Je ne le pense pas. Si à la présidence, on a – à demi-mots – laissé entendre que les préalables hirakistes seront honorés ; à l'état-major, par contre, la réponse est musclée ; il n'y a rien à gratter ; il y a une feuille de route non négociable. Comme on peut le constater, il y a deux sons de cloche. Ça « couaque », dit la presse. Peut-être ! Personnellement, je pense qu'il y a un rapport de force, en équilibre fragile, qui s'établit entre « Eux », là-haut. Ça rajoute de la confusion à la confusion actuelle. Bien malin celui qui prédira l'issue ! Et ce panel, par son action actuelle, rajoute davantage de confusion ; il devrait laisser s'établir un dialogue direct. Car la « Tajemaât » made in bladi ne peut sérieusement décider des affaires du village sans le consentement des villageois. C'est comme ça ! Et pas autrement ! Insister pour trouver des alliés au dialogue (?) contribuera, fatalement, à approfondir la crise. Enfin, l'avenir ne me paraît pas serein. Il est question de désobéissance civile. Ce mot d'ordre est sorti vendredi dernier. Comment ? Par qui ? Par quelle force ? Par quelle tendance politique ? Pour quel objectif ? Le Hirak a été pacifique depuis le 22 février, malgré les coups de boutoir du pouvoir. Il doit le rester, impérativement. C'est dans l'intérêt du Hirak de rester pacifique. De ne pas tenter le diable. De rester un modèle de contestation. La désobéissance civile est un commencement de violence, me semble-t-il. Il ne faut pas tomber dans le piège de l'impatience de boutefeux, avides de confrontation directe. Le pouvoir a les moyens de son pouvoir. Par contre, le Hirak n'a pas les moyens de « sa » désobéissance civile. Qu'on se rappelle seulement du Printemps noir ! La non-violence doit être un leitmotiv rigoureux. Le Hirak en sortira grandi. Pour l'Algérie. Pour l'Histoire. Et pour les autres nations. Il est vrai que la situation politique n'est pas simple. Et que le rapport de force n'est pas évident. Mais la force du Hirak doit être son intelligence à continuer le combat pacifiquement. Il ne faut pas laisser la possibilité à des aventuriers de dénaturer le mouvement. Il faut compter sur le rêve têtu de la jeunesse algérienne d'aller vers une deuxième République. Une République républicaine. Une République démocratique. Une République de justice. D'égalité. De droit. Une République civile. Le Hirak ne doit pas perdre patience. Il faut avoir une patience d'airain. Il est question de harga. Ça reprend de plus belle. Nos jeunes tentent la harga. Ils veulent aller ailleurs. N'importe où. Sauf en Algérie. J'entends souvent les jeunes me tenir ce discours. La malvie. C'est le maître mot. Nos jeunes suffoquent ici. Ils ne sont pas libres, disent-ils. Ils ne vivent pas, disent-ils. « Manich âyech, ya kho ! » Il n'y a rien ici, disent-ils. Que répondre à ça ? Rien, à mon sens. Alors que reste-t-il ? La harga. A défaut d'avoir un visa, nos jeunes tentent la traversée sur des esquifs dérisoires. Ils vont vers le Nord. L'Occident mirifique. Ils ne vont jamais vers les pays arabes, par exemple. Avez-vous vu un jeune Algérien tenter la harga vers un pays moyen-oriental ? Il faut se poser ce genre de questions. La harga est une forme de suicide. Il est question de coupures de courant. Le mercure fait des siennes. La chaleur, itou. La plupart d'entre nous se cachent à la maison. Sous un climatiseur, pour certains. Ou un ventilateur. Quêter un peu de fraîcheur. Un souffle d'air. Pour ne pas suffoquer. Surtout pour les plus âgés d'entre nous. Les malades. Les enfants. Sauf que, parfois, la « triciti » fout le camp. Souvent, même. Les personnes souffrent. L'électroménager est malmené. Il y a deux ou trois jours de cela, à Tizi-Ouzou, ville réputée pour sa canicule, la triciti a fait des siennes. Toc, tout s'arrête. Vite, il faut éteindre le compteur. L'attente se fait stoïquement. On transpire. On coule. On tient bon. La triciti va revenir. Toc, elle revient. Il faut remettre le compteur. Ça y est. Quelques secondes, re-toc, tout s'éteint. Ça revient. Ça repart… En une journée, la Sonelgaz de Tizi-Ouzou a réussi le miracle technologique d'assister à une dizaine de coupures de courant. Vive le monopole ! Vive la Sonelgaz ! Les transformateurs sautent, me dit-on. Et alors ! Faites votre boulot ! Mettez des transfos qui ne sautent pas. Pitié pour nos corps fourbus par cette canicule ! Pitié pour nos vieux. Pitié pour nos enfants. Pitié pour notre électroménager. Pitié pour nos nerfs. Allez, du nerf la Sonelgaz de Tizi-Ouzou ! Y. M.