Première sortie médiatique de Abdelmadjid Tebboune. Le candidat à la candidature a choisi pour la circonstance une rencontre « restreinte » avec la presse. Objectif : se placer dans la posture du candidat «indépendant ». Nawal Imès - Alger (Le Soir) - L'annonce de son intention de se présenter candidat avait suscité beaucoup d'interrogations. Abdelmadjid Tebboune tente de lever les zones d'ombre mais, surtout, de se défaire de l'image qui lui colle à la peau de « candidat du système ». De ses cinquante années « au service de l'Etat », l'opinion publique retient essentiellement son passage au niveau de la chefferie du gouvernement sous le règne de l'ancien Président. Une image qui, par ces temps de mouvement populaire, devrait être difficile à assumer. Tebboune, plutôt que d'en faire un handicap, veut en faire un atout. Comment ? En insistant sur un parcours qui, dit-il, ne doit en aucun cas être associé à une figure, à savoir celle de l'ancien Président. Tebboune prend clairement ses distances en insistant sur des positions qu'il a eu à adopter en tant que Premier ministre. Cela sera-t-il suffisant pour convaincre une rue hostile à toute élection dans les conditions actuelles ? Rien n'est moins sûr. Hier, et au moment même où Tebboune s'exprimait, des centaines d'étudiants étaient dans la rue face à un dispositif sécuritaire très renforcé. Un seul mot d'ordre : pas d'éléctions. Le candidat à la candidature, refusant de commenter les décisions de justice qui concernent les manifestants arrêtés massivement, ne semble pas partager l'avis de la rue. Pour lui, les élections sont la voie de salut. Elles sont même, dit-il, une réponse à une des revendications de la rue qui consiste à redonner la parole au peuple. De quelle stratégie usera-t-il pour convaincre les plus récalcitrants ? Abdelmadjid Tebboune dévoile quelques pans de sa stratégie de campagne. Il se veut le candidat de ceux qui ont insisté pour qu'il le soit sans aucune allégeance à aucune partie. Au-delà du programme électoral qu'il aura à développer sur les plans politique et économique, c'est surtout au changement de l'image qu'il renvoie qu'il devra déployer beaucoup d'énergie. Il n'ignore certainement pas qu'au lendemain de l'annonce de son intention de se présenter, des slogans hostiles ont été scandés dans la rue pour dire non aux candidatures d'anciennes figures du système. Les Algériens veulent un changement radical de système. Ils le clament tous les vendredi et mardi à travers des marches populaires. Abdelmadjid Tebboune, en se portant candidat, sait à quel point la tâche s'avère ardue dans un contexte politique des plus tendus. N. I.