Il est question de question(s). Ces derniers temps, je me pose trop de questions. Sauf que je n'ai pas les réponses. Je n'ai même pas la réponse, principalement concernant ce mouvement, certains l'appellent Hirak, d'autres, révolution, qui, pourtant, offre une nouvelle configuration populaire à notre pays. Chacun y va de sa théorie. Il y a ceux qui affirment que la dictature se met, graduellement, en place. Il y a ceux qui affirment que le Hirak (ou révolution) a permis la fin d'un clan au bénéfice d'un autre clan. Il y a ceux qui affirment que les arrestations, et autres poursuites judiciaires, relèvent de la comédie. Il y a ceux qui affirment que le Président du 12 décembre est déjà élu. Il y a ceux qui affirment que rien ne changera. J'entends beaucoup d'analyses. Et je ne vois pas le bout du schmilblick. Ni le pays ne voit le bout du tunnel. Malin celui qui trouvera la réponse à la question. Surtout quand je vois tous ces douktours, sur les plateaux de télé, ergoter dans un arabe châtié, avec un accent de là-bas, sur le mot de la fin. Ils étaient où, tous ces douktours ? Ils étaient cachés où, tous ces douktours ? Ils sont tous professeurs des universités, semble-t-il. Il y a de la cervelle, kho. Malgré ça, je ne vois pas de réponse. Il y a même ceux qui affirment qu'une fois le Président élu, même avec des chiffres médiocres, celui-ci changera la Constitution, relaxera tous les détenus d'opinion, instaurera la démocratie, libérera la parole, appliquera la justice sociale et fera de ce pays une Algérie algérienne. Puis, je ne pense pas avoir fait le tour de la chose. J'écoute. Je prête oreille. J'enregistre presque tout. Mais je n'arrive pas à démêler l'écheveau de ces attentes. La question du singe. Ce n'est pas le singe qui pose la question, c'est moi. Je suis curieux de savoir ce qu'il est advenu du vieux singe du Jardin d'Essai. A-t-il été capturé ? Comment ? A-t-il une nouvelle cage ? Plus sûre ? Plus solide ? Il faut se méfier des vieux singes. Ceux-ci sont malins. Roublards. Vicieux. La preuve : il a suffi d'un moment d'inattention pour que notre « Papillon » du Jardin d'Essai prenne la poudre d'escampette. Puis-je dire qu'il a filé à l'algérienne ? C'est du domaine du possible. Puis, où pourrait-il aller, notre vieux singe ? Dans la jungle urbaine, il ne fera pas de vieux os. Autant qu'il fasse contre mauvaise fortune bon cœur. Il a au moins la pitance assurée. Il est à l'abri des éléments de la nature. Puis, le Jardin d'Essai, c'est comme son habitat naturel. A Yakouren, nos singes magots crèvent de chaleur, l'été ; et l'hiver, ils se les gèlent. Ce n'est pas les gaufrettes qu'ils reçoivent des passants qui changeront la donne. J'espère que les responsables du Jardin d'Essai nous donneront des nouvelles rassurantes de notre fugitif. Il est question d'un haut-fourneau. Le haut-fourneau est allumé. Le haut-fourneau est éteint. Il s'allume. Et s'éteint. Il s'éteint. Et s'allume. Comme les feux de détresse d'une bagnole made in bladi. J'entends cette rengaine depuis des années. El-Hadjar a été vendu. Oui ! Mais il a été racheté. C'est là où la question devient pénible. Et la réponse, aussi. On l'a vendu pour le racheter. Ou on l'a vendu parce qu'on savait qu'on allait le racheter. Pourquoi le vendre pour le racheter ? Et pourquoi le racheter, si on l'a vendu ? C'est trop compliqué pour ton petit cerveau, me dit une voix intérieure. Même si ceux qui l'ont vendu, puis racheté, venaient à t'expliquer, tu ne pourrais pas comprendre. C'est trop compliqué pour ton bulbe asséché. Tu peux comprendre la fuite du vieux singe. Mais tu ne peux pas comprendre une opération de vente et de rachat d'une « constante économique ». Laisse-toi aller, vieux. Il a été vendu. Et racheté. Il est éteint. Il va se rallumer. T'inquiète, kho ! Arrête d'essorer ta caboche, tu as du fil à retordre avec tes migraines à répétition. Laisse faire, kho ! Selon une théorie made in bladi, le 12 décembre, ce haut-fourneau ne s'arrêtera plus d'accoucher de l'acier. A n'en plus pouvoir ! Il est question du Sahara. Selon l'autre, le Sahara Occidental est marocain. Comme l'Algérie fut française, selon d'autres. L'Algérie est en pleine purée de pois, il se trouve qu'un Algérien, qui fut jadis un décideur, décrète comme ça, comme dans un roulement de t'bel, que les territoires sahraouis sont marocains. Quelle mouche l'a piqué ? Il a dû consommer trop de «lagmi». L'alcool, c'est de la merde ! Puis, il y a encore certains qui n'arrivent pas à oublier un certain passé. Et notre inventeur du « bendir électrique » se réveille d'un long sommeil faunesque, pour se rendre compte de la marocanité du Sahara Occidental. Est-il heureux après avoir dit ça ? Si c'est le cas, grand bien lui fasse. Puis, passer le reste de sa vie dans un « ryad » à Marrakech, c'est tentant ! Ça vaut largement Neuilly, non ? A Marrakech, on passe inaperçu. Par contre, à Neuilly, on peut se faire choper. Le personnel politique algérien vieillit très mal, surtout les parvenus parmi les parvenus. Un peu comme les nouveaux riches ! Tout est ostentatoire chez eux. Car ils n'ont aucune noblesse ! A cracher dans la soupe, il n'y a qu'un pas à faire. Et ce n'est pas le plus dur. La question du Hirak. Et si notre Hirak faisait tache d'huile dans différents pays du globe ! Ce serait génial, non ? Un Hirak à l'algérienne. Un peu comme le but à la Madjer. Oui, rentrer dans l'Histoire par la grande porte ! Les « printemps arabes » n'ont rien donné. La « révolution du jasmin » a certainement donné quelque chose ; il faut voir avec le temps. Que donnera la « révolution du sourire » ? Les Chiliens devront prendre exemple sur les Algériens. La violence appelle toujours la violence, ça on le sait. J'ai vu des images pas possibles, au pays d'Allende. Et surtout de Pinochet. Par contre, au Liban, les Libanais semblent comprendre qu'une « langue douce arrive à faire téter une lionne ». C'est du mot à mot ! Chez nous, ce proverbe est très connu. Que chacun en fasse bon usage ! Pour une fois qu'on arrive à exporter quelque chose, on a exporté un trait de civilisation. One two three, viva l'Algérie ! Un lecteur m'a demandé si, ce matin, je me suis levé du pied droit. Je n'ai pas pu lui répondre. Je n'avais pas de réponse. Je ne savais de quel pied je me suis levé. Je n'y ai pas pensé. Je ferai attention demain, c'est promis. Dans tout ça, j'admire la certitude de certains. Ils sont droits dans leurs bottes. Ils sont sûrs d'eux. Chaque matin, ils ont la niaque. Cher lecteur, ce n'est pas mon cas. Le doute m'habite. Et je vis avec. Y. M.