L'un des plus hauts diplomates de l'administration de Donald Trump a réfuté, hier mardi, sans ambiguïté la thèse, pourtant poussée par le Président des Etats-Unis, selon laquelle c'est l'Ukraine, et non la Russie, qui s'est ingérée dans les élections américaines de 2016. Prié de dire, lors d'une audition parlementaire, s'il existait des preuves d'une ingérence ukrainienne, le numéro trois du Département d'Etat, David Hale, a répondu: «Non». En revanche, il a confirmé que la Russie s'était, elle, bien ingérée dans le scrutin en faveur de Donald Trump. «Oui, les services de renseignement ont conclu que le Président russe Vladimir Poutine avait ordonné en 2016 une campagne pour influencer notre élection présidentielle», a-t-il dit sans détour. Ce sujet est au cœur de la procédure de destitution qui plombe la fin du premier mandat du milliardaire républicain à la Maison Blanche. L'opposition démocrate accuse le 45e Président des Etats-Unis d'avoir abusé de son pouvoir pour exiger de l'Ukraine des enquêtes contre ses adversaires politiques américains. Selon plusieurs diplomates et responsables qui ont témoigné au Congrès, l'ouverture de ces enquêtes était la condition à une rencontre avec son homologue ukrainien et au déblocage d'une aide militaire cruciale attendue par Kiev. Le camp républicain invoque, pour justifier la demande présidentielle, une thèse poussée par des cercles trumpistes et reprise par Donald Trump lui-même selon laquelle c'est l'Ukraine — et non la Russie — qui se serait ingérée dans le scrutin de 2016, et en faveur des démocrates. Cette thèse n'a été publiquement étayée par aucun fait avéré, alors que l'ingérence russe fait l'objet d'un consensus des services de renseignement américains. Lors des auditions au Congrès en vue d'une mise en accusation formelle de Donald Trump, une de ses anciennes conseillères chargées de la sécurité nationale, Fiona Hill, avait dénoncé la thèse d'une ingérence ukrainienne et ceux qui la propagent. «C'est une fiction qui a été créée et propagée par les services de sécurité russes», et la relayer sert «clairement les intérêts russes», avait-elle lancé. David Hale, un diplomate de carrière qui occupe le poste de sous-secrétaire d'Etat pour les Affaires politiques, a apporté mardi son soutien à la position de Fiona Hill. Prié de dire s'il était en désaccord avec elle, il a répondu «non». Son propre patron, le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo, a pourtant lui-même caressé la thèse de l'ingérence ukrainienne estimant que les Etats-Unis avaient le «devoir» d'enquêter dessus.