«Il n'est pas absurde d'envisager que le coronavirus, son instrumentalisation par certains acteurs peu scrupuleux ou les mesures prises pour endiguer l'épidémie puissent conduire à des révoltes, des coups d'Etat, voire des guerres. En somme, il est évidemment important d'écouter et de soutenir les médecins en période d'épidémie. Cependant, la seule logique sanitaire ne saurait guider l'action publique. Si les mesures de confinement venaient à être durcies et prolongées pendant plusieurs mois, les conséquences négatives, à long terme, pourraient excéder les bénéfices à court terme. Pour les dirigeants, il ne s'agit pas de choisir entre le coronavirus et d'autres maux comme on aurait à arbitrer entre la peste et le choléra. L'objectif est de limiter l'impact létal du virus, tout en nous préservant de catastrophes à venir d'une autre nature. Le «en même temps » est, ici, un exercice périlleux mais indispensable.» Lu dans Le Monde du 31 mars 2020 : «Agir sur d'autres leviers que la seule logique sanitaire» par Marc Hecker, directeur des publications de l'Institut français des relations internationales (Ifri) et chercheur au centre des études de sécurité de cet institut.