Le confinement total de la wilaya de Blida et partiel pour le reste du territoire a été reconduit pour une durée de dix jours. En parallèle, un discours empreint d'optimisme se développe tant chez les voix autorisées que parmi le corps médical. Contradictoire ? Pas forcément mais cela participe à brouiller les messages et à rendre difficile le respect des restrictions imposées dans le cadre du confinement. Le Dr Mohamed Yousfi, chef de service d'infectiologie à l'EPH de Boufarik, avertit : ce n'est surtout pas le moment de violer les restrictions liées au confinement. Nawal Imès - Alger (Le Soir) - Pas plus tard que samedi, le Premier ministre, qui annonçait, sans surprise, la reconduction du confinement pour dix jours, rappelait «la nécessité de respecter les règles préventives édictées en matière de confinement, de distanciation sociale et de mesures d'hygiène», seules barrières de prévention contre la propagation du coronavirus. Djerad ajoutait que «le non-respect de ces règles influera dangereusement sur la trajectoire de cette épidémie car il a été prouvé l'existence d'une forte corrélation entre la propagation du Covid-19 et les négligences liées au comportement des citoyens». En clair : sans strict respect de ces mesures, la situation pourrait devenir rapidement ingérable. Le jour même, depuis Tizi-Ouzou, le ministre de la Santé faisait, une fois de plus, part de son optimisme affirmant que « hier nous n'avons eu aucun décès, alors que nous étions à une moyenne quotidienne de 20 décès, j'ai donc l'espoir que le nombre des morts par Covid-19 se réduit ou même s'annule complètement et on pourra peut-être annoncer la décrue et pourquoi pas réduire le confinement et soulager l'économie». De quoi envoyer des signaux plus contradictoires les uns que les autres, notamment en matière de discipline et de respect des directives liées aux restrictions de mouvement des citoyens. Depuis plusieurs jours déjà et depuis la réduction du temps de libre circulation au niveau de la capitale, notamment, la densité de circulation automobile a augmenté, la distanciation sociale est de moins en moins respectée sans compter les simples mesures d'hygiène. Certains quartiers vivent à un rythme quasi normal entre 7h et 15h. Même les commerçants non autorisés à rouvrir ont bravé les interdictions à l'image des vendeurs de vaisselle chez qui se bousculent beaucoup de personnes en cette veille de Ramadhan. Comment concilier discours optimiste sans pour autant démobiliser ? Le Dr Mohamed Yousfi, chef de service infectiologie à l'EPH de Boufarik, assure que «nous en tant que spécialistes, nous n'avons délivré aucun message dans ce sens» bien au contraire, dit-il, ce n'est certainement pas le moment de violer les instructions liées au confinement. Il indique en effet que « ce n'est pas du tout le moment de penser à un relâchement au niveau du confinement. Nous assistons à un événement sanitaire que l'humanité n'avait jamais connu et qui a mis à plat tous les systèmes de santé même les plus développés. Si l'Algérie fait face à une pandémie à moyenne intensité, il faut essayer de le rester ». Le Dr Yousfi déplore le non-respect total du confinement, indiquant qu'il y avait depuis quelques jours un véritable relâchement avec de plus en plus de personnes à l'extérieur alors que, dit-il, la situation est loin d'être totalement maîtrisée puisque, précise-t-il, «à Boufarik, nous recevons entre 10 et 15 cas par jour, un peu plus à Blida mais il faut que la courbe fléchisse ou que les cas disparaissent pour pouvoir relâcher, c'est ce qui s'est passé en Chine», assurant que les bons résultats d'un confinement ne peuvent être observés que lorsque la majorité des personnes le respectent. N. I.