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À propos de la bienfaisance de la colonisation française
Publié dans Le Soir d'Algérie le 19 - 07 - 2020


Par Karim Younès
Véronique Jacquier, journaliste politique, affirme sur CNews jeudi 16 juillet, que « la colonisation de la France avait été une chance pour l'Algérie ».
« L'Algérie n'était rien du tout » avant l'arrivée de la France en 1830 », décrète-t-elle. Elle ajoute que « la France a colonisé l'Algérie pour mettre fin à la piraterie barbaresque et à l'esclavage en Méditerranée pratiqué par les musulmans ».
Voyons cela de plus près. Quelques rappels historiques :
Evoquant la lutte pour la suprématie en Méditerranée, Carthage la disputant à Rome, Hérodote (historien grec né vers 464 et décédé en 420 avant JC) évoque un autre intervenant : les Numides. À ce moment précis de l'histoire, notre existence en tant que peuple qui compte dans la région méditerranéenne était donc attestée et son rôle politique était loin d'être négligeable.
Le Grec Polybe et le Romain Tite-live ont consigné pour l'histoire les évènements qui se sont déroulés. Grâce à eux, l'histoire de la Numidie est révélée pour la première fois dans l'Histoire de l'Humanité.
Il en va de la Numidie comme de la Gaule : leur histoire n'apparaît pas, leur passé n'est pas dévoilé, leur existence même ne se révèle qu'au moment où elles comptent aux yeux de Rome. Retenons qu'à cette période de l‘histoire la France n'existait pas encore.
On ne sait pas grand-chose sur le passé humain de notre espace géographique avant cette émergence historique de nos ancêtres. On peut tout de même et d'après des écrits de cette époque (récits d'Hérodote notamment) dire que la Numidie est largement intégrée économiquement, culturellement et politiquement au monde méditerranéen.
De plus un peuple qui a ouvert son commerce aux autres peuples de la Méditerranée devait avoir à cette époque-là une civilisation assez évoluée.
Faisons un saut de quelques siècles pour nous situer à la veille de l'agression de la France contre un pays, D'zaïr, Djazaïr, Alguer en Espagnol, puis vint la francisation qui donne le nom de Algérie qui n'est qu'une traduction des appellations précédentes. Les motifs étaient clairs : Olivier Le Cour Grand-Maison écrit : «Officiellement, le roi de France entend venger une offense faite au consul de France par le Dey Hussein, la piraterie et libérer les esclaves chrétiens... Officieusement, il poursuit des desseins de politique intérieure, l'une des fins de cette opération militaire étant de restaurer le prestige d'un régime aux abois des considérations de politique extérieure sont également importantes, prendre pied en Afrique... ».
Je rappelais dans mes écrits précédents, objet d'un modeste ouvrage d'histoire «Les Eperons de la conquête, l'Impossible oubli» :
Pour le colonel de Montagnac, l'objectif de la pacification est « d'anéantir tout ce qui ne rampera pas à nos pieds comme des chiens.
Le gouverneur général Bugeaud ne lésine sur aucun moyen pour détruire les tribus, jusqu'à leur extinction : La politique de la terre brûlée ne laisse rien passer sur les équilibres socio-économiques et alimentaires du pays : « Nous tirons peu de coups de fusil, nous brûlons tous les douars, tous les villages, toutes les cahutes ; l'ennemi fuit partout en emmenant ses
troupeaux ».(1)
Tocqueville témoigne après un séjour en Algérie : « Nous faisons la guerre de façon beaucoup plus barbare que les Arabes eux-mêmes [...] c'est à présent de leur côté que se situe la civilisation. »(2)
Le massacre d'une population frontalière, séparée d'une mer intérieure, la Mare Nostrum, réalise-t-il le vœu du prince de Polignac, dont le gouvernement « espérait faire revivre les conquêtes militaires de Napoléon et consolider l'influence française dans le bassin occidental de la Méditerranée »..., mais aussi juguler l'opposition intérieure pour renouer avec le prestige monarchique dont rêvait Charles X.(3) Son machiavélisme ne lui portera pas chance et il sera renversé quelques semaines plus tard (25 juillet 1830), à la suite de l'insurrection populaire parisienne des Trois Glorieuses.
Pour l'historien Olivier Le Cour Grand-Maison, « la colonisation de l'Algérie se serait ainsi traduite par l'extermination du tiers de la population, dont les causes multiples (massacres, déportations, famines ou encore épidémies) seraient étroitement liées entre elles ».
Le 5 juillet 1830, les armées françaises prennent donc Alger. Des pillages sont perpétrés dans la ville d'Alger par les armées dans l'euphorie de la victoire. Le général Monfort témoigne : « Sur 120 mosquées ou marabouts qui existaient à Alger au moment de l'entrée des troupes françaises, 10 ont été démolies ou tombent en ruine ; 62, parmi lesquelles on comprend celles qui sont des dépendances des casernes ou des hôpitaux, sont en ce moment entre les mains des divers services, tant civils que militaires ».
La désolation de la capitale El Djazaïr-Dzayer, avec ses canalisations d'eau défigurées, ses parcs éventrés, ses mosquées, tombeaux des fidèles qui s'y sont réfugiés, la pestilence qui couvre l'odeur du jasmin et de la bougainvillée jadis ornant chaque maison, offrent un tableau surréaliste.
Les villes alentour sans défense sont pillées, vidées de leurs populations, des villages du monde rural disparaissent, les récoltes sont incendiées. Les chemins de l'exode sont jonchés de corps d'enfants, de femmes, de malades, de vieillards. Les maréchaux de France peuvent jubiler à l'image du maréchal Clauzel qui annonce : « À nous la Mitidja ! À nous la plaine ! Toutes ces terres sont de première qualité. À nous seuls ! Car pas de fusion avec les Arabes. »(4)
El Djazaïr-Dzayer, l'un des phares de la Méditerranée n'est plus
Toute une armée d'« intellectuels » proclamera, de par le monde, comme une vérité évidente et universellement admise, que la France « outragée » est dans son bon droit à s'emparer d'Alger, de façon incontestable. Citons, à titre d'illustration, Victor Hugo, qui, s'érigeant en chantre du colonialisme, prononça ces paroles dans un discours datant du 18 mai 1879, représentant par là même l'archétype de la pensée colonialiste de gauche : « Cette Afrique farouche n'a que deux aspects : peuplée, c'est la barbarie, déserte c'est la sauvagerie !
(...) Allez peuples, emparez-vous de cette terre, prenez-la ! À qui ? À personne ! Prenez cette terre à Dieu ; Dieu donne l'Afrique à l'Europe !
Prenez-la, non pour le canon, mais pour la charrue ; non pour le sabre, mais pour le commerce ; non pour la bataille mais pour l'industrie.
Versez votre trop-plein dans cette Afrique, et du même coup résolvez vos questions sociales, changez vos prolétaires en propriétaires !
Faites des routes, faites des ports, faites des villes ! Croissez, cultivez, colonisez, multipliez, et que sur cette terre de plus en plus dégagée des prêtres et des princes, l'Esprit divin s'affirme par la paix et l'Esprit humain par la liberté. »
Pour Alexis de Tocqueville il fallait dominer et prouver sa puissance par n'importe moyen ; et la force et les exactions étaient en quelque sorte un passage obligé, un processus normal pour soumettre les
tribus : « Brûler des maisons, vider les silos, s'emparer des hommes, des femmes et des enfants sont des actes
acceptables ». Tocqueville ajoute : « La manière la plus efficace est d'interdire le commerce et de ravager le pays en le dépossédant de tous ses habitants. »
Les réflexions de Alexis de Tocqueville rejoignent celles exprimées par des généraux du début de la colonisation : « Que signifie coloniser ? C'est un nombre plus ou moins considérable de personnes des deux sexes, envoyés dans un pays pour l'habiter, le peupler, en défricher les terres, les cultiver, au profit des nouveaux venus, en un mot, une population nouvelle qui vient heurter de front tous les intérêts des indigènes. Le gouvernement peut-il coloniser la Régence d'Alger avec toutes ses conséquences ? ...
... Si nos intérêts à Alger vous sont chers, si l'avenir de la France doit y être assuré, il n'y a qu'un parti à prendre, c'est d'introduire dans ce territoire des populations européennes, de les y établir avec sûreté, de ne pas voler avant d'avoir des ailes, d'interner avec précaution, enfin de repousser devant nous les populations indigènes, et de les obliger sans pitié à nous céder le territoire, jamais il n'y aura de pacte possible entre des chrétiens et des musulmans »...
Dans un rapport de 1847, il écrit à propos du bilan socio-économique de la conquête : « Nous avons rendu la société musulmane beaucoup plus misérable, plus désordonnée, plus ignorante et plus barbare qu'elle n'était avant de nous connaître. » Et toujours en 1847 : « De notre manière de traiter les indigènes dépend surtout l'avenir de notre domination en Afrique (...) Ce n'est pas dans la voie de notre civilisation européenne qu'il faut quant à présent les pousser, mais dans le sens de celle qui leur est propre ».
« En 1832, quand Savary, duc de Rovigo, fait massacrer en représailles d'un vol la totalité de la tribu des Ouffas, il
ordonne : « Des têtes... Apportez des têtes, bouchez les conduites d'eau crevées avec la tête du premier bédouin que vous rencontrerez. »
Dix ans plus tard, quand Bugeaud décide d'appliquer la stratégie de la razzia, de brûler les villages et de réduire par la famine les populations de la région du Chélif, il donne pour consigne à ses hommes liges — Cavaignac, Saint-Arnaud, Canrobert, Pélissier — : « Enfumez-les comme des renards. » Et quand Pélissier revient, mission accomplie, de son enfumade de la grotte du Dahra où sont morts plus d'un millier d'hommes, de femmes et d'enfants, il a ce mot, pour répondre à quelques bonnes consciences inquiètes : « La peau d'un seul de mes tambours avait plus de prix que la vie de tous ces misérables. »....(5)
...N'est-il pas permis de douter de la sincérité du roi, lui qui a grand besoin de mettre main basse sur le trésor d'Alger ? Que risque-t-il face à une Régence au plus bas de sa puissance ? Déliquescente même. Charles X n'était-il pas appâté par le trésor évalué à plus de 500 millions de francs de l'époque (soit 4 milliards d'euro) « amassés pendant des siècles par les corsaires qui contrôlaient Alger » pour retourner à son profit le corps électoral et corrompre ses opposants ? », ajoute l'auteur de Main basse sur Alger.(6)
Voilà madame Véronique Jacquier... l'œuvre bienfaitrice de la France.
K. Y.
1) Idem
2) Alexis de Tocqueville. De la colonie en Algérie. 1847, Editions Complexe, 1988.
5) Yves Benot Massacres coloniaux : 1944-1950 : la IVe République et la mise au pas des ...
6) Pierre Péan, Main basse sur Alger, enquête sur un pillage, juillet 1930, Chihab éditions, 2005), ...


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