Hier dimanche, au niveau de certains centres de vote que nous avons visités durant la matinée, tant au niveau de la ville de Bouira avec le centre Mohamed-Leham à Ras-Bouira ou encore celui de Mansouri-Mohamed à Draâ-Lekhmis, ainsi que dans la commune d'El-Hachimia, habituée à des taux qui dépassent les 80%, nous avons constaté que ce n'était pas le grand rush. Il est vrai que la pandémie du Covid-19 est passée par là, mais cela n'explique pas tout. Car, si au niveau des deux centres de la commune de Bouira, cités plus haut, le manque d'engouement peut s'expliquer par cette habitude de la population à être moins intéressée par les scrutins, quand ce n'est pas le rejet total et la destruction des urnes comme cela s'est passé à plusieurs reprises dont la dernière fut celle de l'élection présidentielle du 12 décembre dernier, à El-Hachimia, le phénomène est tout nouveau. Et selon certains citoyens que nous avons rencontré aux abords de ce centre, le mot «man votich» (je ne vote pas) est pour la première fois lâché. Une position qui peut s'expliquer par les réseaux sociaux et la position de beaucoup de partis politiques qui ont appelé soit au boycott, soit à voter contre ce projet. Cela étant, outre ce peu d'engouement constaté dans ces régions arabophones, un rejet qui s'est traduit par un taux de participation des plus faibles avec 7% à 14 heures, soit quelque 37 318 votants sur les 534 481 inscrits, au niveau des régions berbérophones, la journée du scrutin s'est déroulée dans le même décor que les précédentes opérations électorales. Avec des urnes saccagées et les centres de vote cadenassés au niveau des communes comme M'chédallah, Aghbalou, Saharidj, Ahnif, Ath-Mansour, Chorfa, Ath-Leksar, Ath-Rached et El-Esnam, Ath-Laâziz et, enfin, Taghzout. Par contre, du côté des chefs-lieux de daïra comme Haïzer et Bechloul, l'opération s'est déroulée sous un air d'émeutes entre des jeunes et des policiers, qui s'affrontaient à coups de pierres et de bombes lacrymogènes. Des affrontements qui se sont traduits malheureusement par des blessés de part et d'autre, mais surtout du côté des manifestants où, à Bechloul, l'on a déploré un blessé grave, touché par une bombe lacrymogène juste au-dessus de son œil gauche. Vers 14 heures, alors que du côté de Haïzer, les affrontements se poursuivaient à Bechloul, le dernier centre de vote gardé par des dizaines de policiers a fini par céder : les policiers ont quitté les lieux, laissant les urnes à la merci des émeutiers qui ont fini par les saccager jusqu'à la dernière. Tard dans l'après-midi, alors que l'opération de vote se poursuivait normalement mais timidement à travers les régions de Lakhdaria, Aïn-Bessem et Sour-el-Ghozlane, des émeutes ont éclaté dans la périphérie nord de la ville de Bouira entre les manifestants venus de la commune d'Ath-Laâziz, et les éléments de la gendarmerie stationnés en grand nombre du côté de Draâ-Lekhmis pour parer à toute intrusion de ces jeunes manifestants dans la ville de Bouira, dans laquelle un important dispositif policier est déployé à travers plusieurs axes stratégiques. Y. Y.