Le ministre de la Santé ne cache plus son inquiétude. Il considère qu'il y a «péril en la demeure», affirmant que l'avenir risquait d'être porteur de dangers en raison de l'évolution de la situation épidémiologique. Le Pr Benbouzid reconnaît la grosse pression qui pèse sur les structures de santé, notamment celles de la capitale, de Tipasa ou de Jijel. Il assure que toute réticence à ouvrir davantage de lits dédiés à la prise en charge du Covid-19 sera sévèrement sanctionnée dans un contexte «de guerre contre un virus désarçonnant». Nawal Imès - Alger (Le Soir) - Plus de discours rassurant. Le ministre de la Santé affiche son inquiétude face à un virus qu'il qualifie de désarçonnant et à une véritable déferlante de cas de Covid-19. «Il y a péril en la demeure», estime le Pr Abderrahmane Benbouzid qui dit craindre que l'avenir ne soit porteur de nouvelles encore plus mauvaises. Pourtant dès qu'il s'agit d'évoquer la surcharge des structures de santé, le ministre adopte un ton plus mitigé. S'il reconnaît des «tensions» au niveau de certaines structures de santé comme celles de la capitale, le Pr Benbouzid met le manque de lits d'hospitalisation sur le compte du peu de réaction de certains chefs de service qui dit-il, n'ont pas tous opposé de réticences à cesser leurs activités habituelles pour ouvrir des lits pour le Covid-19. Ceux qui n'étaient pas pressés d'appliquer les directives de la tutelle ont été rappelés sévèrement à l'ordre. Animant jeudi une conférence de presse, le ministre de la Santé dit leur avoir tenu un discours des plus clairs : «on a un ennemi commun à combattre» leur a-t-il dit, ajoutant qu'en temps de guerre, aucune excuse ne pouvait être acceptée avant de conclure que «celui qui refuse, c'est le peloton d'exécution !». Chiffres à l'appui, le Pr Rahal, directeur des structures sanitaires a confirmé les échos émanant de plusieurs structures de santé : le taux d'occupation des lits a augmenté, passant du simple au double au cours du mois d'octobre. Augmentation également du taux d'occupation des lits de réanimation. Au 31 octobre, dit-il, 16 000 lits étaient disponibles. En matière d'hospitalisation, 400 personnes sont en réanimation et 50 autres sont intubés. Le Pr Rahal a fait savoir que pour augmenter les capacités d'accueil au niveau d'Alger où les malades sont réduits depuis plusieurs jours à faire le tour des hôpitaux pour espérer trouver une place, 87 lits de réanimation seront ouverts au niveau du CHU Mustapha-Pacha. À terme, l'objectif étant de mobiliser 250 lits de réanimation supplémentaires au niveau de la capitale qui connaît de grosses tensions, rendant inévitable le transfert de malades vers Tipasa et Boumerdès. Pour le Pr Benbouzid, le vent de panique qui souffle sur le personnel médical est compréhensible en raison de la virulence de cette deuxième vague qui ne se reflète pas forcément sur les bilans qui dit-il, ne peut être que proportionnel aux capacités du pays à tester. Quelle forme de riposte son département imagine-t-il pour faire face à la situation ? Le ministre de la Santé a évoqué le durcissement des sanctions à l'égard de ceux qui n'appliquent pas les consignes, mais également l'intensification des campagnes d'information en attendant un éventuel vaccin sur lequel travaillent pas moins de198 laboratoires et pour lequel l'Algérie a souscrit au mécanisme Covax en compagnie de 171 pays afin d' effectuer un achat groupé du vaccin une fois ce dernier mis au point quel qu'en soit le prix... N. I. L'usage du vaccin antigrippal «rationalisé» Interrogé au sujet du nombre des doses de vaccin antigrippal acquises cette année par l'Algérie, le ministre de la Santé a assuré qu'il ne s'agissait pas de «rationner» mais de «rationaliser» les approvisionnements, affirmant que les années précédentes, des stocks entiers n'avaient pas été utilisés. Le vaccin étant un peu plus cher cette année, dit-il, son département a fait le choix d'acquérir un premier lot et se dit prêt à en commander davantage si l'engouement pour la vaccination se confirmait. N. I. Rentrée universitaire Un report n'est pas exclu Le ministre de la Santé a fait savoir hier que la réflexion était en cours en ce qui concerne la rentrée universitaire. Il n'est pas exclu, assure le Pr Benbouzid de la reporter si la situation épidémiologique l'imposait. Si le taux de contamination continue de monter, on sera dit-il, amenés à prendre des décisions. N. I.