L'Algérie semble faire face à de nouvelles manœuvres visant à lui forcer la main pour un engagement militaire dans le Sahel. Des faits successifs attestant indéniablement de cette situation ont entraîné une vive réaction du ministère de la Défense qui s'est exprimé hier par communiqué. Retour sur les faits. Ce 16 février, N'Djamena, capitale du Tchad, accueille une réunion des chefs d'Etat des pays membres du G5 Sahel à l'invitation conjointe de la Mauritanie et du Tchad pour un examen de la situation de la région. Emmanuel Macron, initiateur du Groupe des 5 (Mali, Tchad, Niger, Mauritanie et Burkina Faso) engagés militairement dans la lutte contre le terrorisme, tient un discours pour le moins surprenant. Il évoque l'avènement d'une coalition internationale au Sahel dans laquelle la « France joue un rôle pilier pour l'amplification d'une dynamique collective autour de la task force Takouba (une force militaire placée sous le commandement des troupes françaises enrôlées dans l'opération Barkhane)». Le Président français cite ensuite les pays européens ayant donné leur accord pour rejoindre la coalition puis fait état d'un «réengagement algérien et marocain» et s'en félicite. Les mots entretiennent une certaine ambiguïté et sonnent comme une nouvelle annoncée dans le cadre approprié, une «information» que Macron glisse et présente comme un fait avéré. L'est-elle pour autant ? A Alger et depuis l'adoption de la nouvelle Constitution autorisant le déplacement de troupes militaires hors des frontières du pays, toutes les communications officielles ont été axées sur le fait que ces déplacements ne pouvaient s'inscrire que dans des missions pacifiques. Alger n'a pas manqué de faire savoir qu'elle a longtemps ignoré les nombreux appels du pied et tentatives pour rejoindre militairement le G5. Les déclarations d'Emmanuel Macron durant le sommet de N'Djamena n'ont entraîné aucune réaction diplomatique dans le pays. «Ce ne sont pas les premières tentatives du genre. Dans un passé récent, il y a eu y compris des tentatives du même genre de la partie militaire, mais elles ont toujours été ignorées», soutiennent des sources bien informées. Dans le pays, les déclarations françaises prennent des proportions autres. Hier, le ministère de la Défense a réagi en publiant un communiqué où il évoque l'existence de certaines «parties qui relayent sur leurs pages et comptes subversifs sur les réseaux sociaux des allégations dénuées de tout fondement, insinuant que les actions et opérations menées par l'institution militaire, au niveau interne et externe, répondent à des agendas et des instructions émanant de parties étrangères, et que l'ANP s'apprête à envoyer des troupes pour participer à des missions militaires en dehors de nos frontières nationales sous le chapeau de puissances étrangères dans le cadre du G5 Sahel, ce qui est faux et inadmissible». Les rumeurs diffusées sont qualifiées «d'intox qui ne peut provenir que de personnes à la solde des services du Makhzen marocain et sionistes». Le ministère de la Défense nationale dément «catégoriquement toutes ces allégations tendancieuses et manœuvres sournoises et rassure l'opinion publique en affirmant que l'ANP ne sera soumise qu'à l'autorité du président de la République, chef suprême des Forces armées, ministre de la Défense nationale, et conformément à ses missions constitutionnelles explicites et aux lois de la République, dans la défense de la souveraineté, de l'intégrité et de la sécurité nationale». Le communiqué du MDN tient également à rappeler que «la participation de l'ANP en dehors des frontières du pays relève de la décision du peuple algérien, conformément aux dispositions de la Constitution». A. C.