Sous le titre «La migración de jóvenes argelinos a Ibiza centra la segunda novela de la escritora Djamila Abdelli-Labiod», le journal espagnol Noudiari.es a consacré un long article au roman Survivre pour Ibiza de l'écrivaine algérienne Djamila Abdelli-Labiod, paru dernièrement chez Aframed Editions. La journaliste espagnole Laura Ferrer Arambarri fait un résumé du roman et des raisons qui poussent Mourad (et des milliers d'autres Algériens) à tenter l'aventure de l'émigration clandestine vers l'Europe dont l'île espagnole Ibiza, si proche des côtes algériennes, est en quelque sorte «la porte du paradis». «L'écrivaine algérienne dépeint la réalité des jeunes de son pays qui embarquent sur des bateaux pour rejoindre Ibiza. Pour la couverture, elle a choisi une image sans complaisance : le travail de très jeunes garçons dans les décharges algériennes», écrit la journaliste espagnole qui avait contacté Djamila Abdelli-Labiod pour de plus amples informations. «Le personnage principal de mon roman s'appelle Mourad, ce qui veut dire ‘‘ambition'' en arabe, raconte Abdelli-Labiod à Noudiari, de Béjaïa, la ville où elle réside en Algérie. Cette ambition dont parle son nom s'active lorsqu'il rencontre une réalité très éloignée de sa vie de tous les jours. Ainsi, comme d'autres jeunes Algériens, c'est à travers la télévision et les réseaux sociaux qu'il accède à des images d'un monde d'abondance qui n'est pas à sa portée. Ou peut-être oui, si vous osez franchir le pas. Mourad voit un reportage sur Ibiza à la télévision, avec des images de clubs et d'endroits comme Bora Bora et des filles (...) depuis lors, Ibiza est devenue son rêve. Mourad s'accroche à ça !» écrit, notamment, Laura Ferrer Arambarri qui reprend les propos de l'auteure du roman La Réglisse de mon enfance. «Djamila Abdelli-Labiod raconte que c'est le rêve de nombreux garçons qui voient Ibiza ou d'autres endroits d'Europe à travers les écrans et commencent à penser à l'émigration clandestine : ‘‘Allez à Ibiza, trouvez un travail et vivez bien''», écrit encore la journaliste espagnole. En réponse aux questions du journal espagnol dont le siège se trouve sur l'île d'Ibiza (Baléares), l'Algérienne donne son avis sur les raisons évidentes ou plus profondes, directes ou indirectes, qui poussent de jeunes Algériens notamment à l'émigration clandestine vers l'eldorado européen qui souvent, d'ailleurs, n'en est pas un. Ce n'est pas toujours une question de travail et d'argent. Parfois c'est une question de choix de «modèle de société» moralement moins ou pas du tout répressif. «L'histoire du roman est pleine de rebondissements, avec plusieurs intrigues et c'est aussi une immersion dans la vie des jeunes Algériens, décrit l'auteure, qui relie la révolution personnelle que vit Mourad dans le roman au récent Hirak algérien. La lassitude et le malheur du personnage se reflètent dans cette révolution dans le pays pour les mêmes raisons. Car la réalité de Mourad n'est rien de plus que le reflet de la dure réalité de l'Algérie embourbée dans une crise multidimensionnelle chronique», résume encore Laura Ferrer Arambarri «Le fait qu'un journal espagnol s'intéresse à mon roman prouve juste à quel point la thématique du roman est d'actualité, et cela renforce cette satisfaction que j'ai à vouloir donner à mes écrits une fonction d'utilité. J'allie le plaisir à ce besoin de me sentir, bien qu'à une échelle réduite, modestement, à participer à ma manière, en apportant ma petite pierre dans l'''édification'' (je ne trouve pas le mot judicieux) du pays. Le thème de la jeunesse est le principal, puis par l'entremise de récits, une immersion dans la vie des petites gens avec humour. Les tribulations de Mourad en disent beaucoup sur les préoccupations de la jeunesse», nous a confié Djamila Abdelli-Labiod. «j'ai dû me rendre dans un bidonville pour capter l'atmosphère qui y règne, je me suis rendue dans un véritable asile psychiatrique. J'ai été dans un commissariat de police pour collecter des informations pour mon roman et, à ma grande surprise, c'était une femme commissaire de police qui m'a reçue avec beaucoup de gentillesse et qui m' a éclairée», nous expliqua encore l'auteure. Survivre pour Ibiza est, ainsi, presqu'un reportage «réaliste» sur le quotidien de la jeunesse algérienne, ses problèmes, ses préoccupations et ses rêves réels ou éveillés. Kader B.