Rachad et le MAK ont été officiellement classifiés organisations terroristes par l'Algérie. Quelles conséquences pourrait avoir ce statut sur les responsables et membres de ces mouvements à l'étranger ? Abla Chérif - Alger (Le Soir) - Ce mardi 18 mai, en fin d'après-midi, le Haut Conseil de sécurité (HCS) inscrit officiellement deux mouvements bien connus des Algériens sur la liste des organisations terroristes. Cette classification n'est pas des moindres, elle est, au contraire, considérée comme étant le plus grave, plus dangereux statut qui puisse être donné à toute organisation en raison des implications qui en découlent. Les Etats qui décident de classifier des groupes ou entités dans cette catégorie se doivent de suivre un processus bien défini devant aboutir à l'inscription de ces derniers sur une liste existant au niveau international et qui regroupe les noms de tous les mouvements ou personnes classés terroristes. Les conventions internationales définissent, quant à elles, les actes qui constituent les actions de terrorisme et y opposent les mesures devant être prises. En clair, cela veut dire que les mouvements ou entités ciblés doivent s'être rendu coupables d'actes terroristes ou ont fait l'objet d'enquêtes ou de poursuites judiciaires portant sur l'intention de commettre ou prendre part à de tels actes. En sa qualité de membre de la communauté signataire de ces conventions, l'Algérie se devra de suivre le même processus pour aboutir à l'inscription de Rachad et du MAK sur la liste en question. Ces deux mouvements ont fait l'objet d'enquêtes qui ont abouti à la conclusion qu'ils sont à l'origine de la préparation d'attentats terroristes devant être perpétrés durant les marches populaires hebdomadaires. Deux communiqués différents, celui du tribunal de Bir-Mourad-Raïs (pour Rachad) et le parquet de Azazaga (pour le MAK) ont, tour à tour, cité les noms de personnes arrêtées et devant être jugées pour ces faits. Dans le cas du MAK (Mouvement pour l'autonomie de la kabylie), un troisième communiqué publié par le ministère de la Défense a fait savoir qu'il était détenteur d'armes. C'est donc probablement sur cette base que s'effectuera la demande qu'adressera l'Algérie à la communauté internationale qui s'est dotée de structures spécialement chargées d'étudier ces demandes et qui veille de plus à réviser tous les six mois la liste déjà établie. Sur un plan juridique, toujours, l'aboutissement de la demande algérienne devrait soumettre les représentants et membres de ces deux organisations installés à l'étranger à des mesures très sévères. « La législation internationale prévoit des actions très sévères » fait savoir un spécialiste en la matière. « Les comptes bancaires seront passés au crible, les mouvements financiers observés minutieusement et même gelés si des anomalies sont observées. Si les versements dépassent les 1 000 euros, les propriétaires de ces comptes devront justifier leur provenance. Dans certains cas, on parle carrément de gel des comptes. L'un des points importants compris dans ces conventions prévoit la limitation, voire l'interdiction de voyager vers certains pays. Certains pays, comme les Etats-unis, sont connus pour être très fermes sur la question, ils refusent catégoriquement le visa aux personnes qualifiées de terroristes. Dans les pays où ils résident, les représentants ou membres de ces organisations peuvent aussi se retrouver confrontés à une restriction de leurs activités ou même à des poursuites, tout dépend cependant de la position qu'adoptera le pays en question. Certains sont très stricts sur la question, d'autres peuvent tergiverser en considérant que la classification de ces mouvements est le résultat d'un conflit politique .» A. C.