Lancée début janvier, puis relancée et élargie récemment, la campagne de vaccination contre la Covid-19 ne trouve pas grand écho au sein de la population, toujours réticente, même si on en est actuellement à 3 millions de doses de vaccin administrées. Pour le directeur général de l'Institut Pasteur d'Algérie (IPA), le Pr Fawzi Derrar, «la sortie du tunnel passe par une vaccination massive». Et «le seul moyen de sortir de cette crise épidémiologique est d'accélérer la vaccination pour qu'elle puisse s'effectuer partout, en même temps, et à un niveau très élevé». Commentant la situation sanitaire qui prévaut dans le pays, le directeur général de l'IPA, invité hier à la rédaction de la Chaîne 3 de la Radio nationale, a estimé que s'il n'y a pas d'adhésion de la population à la campagne de vaccination, «la donne va en s'aggravant, et le danger planera pour tous et pour longtemps». Selon lui, il faut accélérer le rythme de la vaccination, surtout que la situation épidémiologique dans notre pays se complique avec l'apparition de variants « rapides, très virulents, et de plus en plus résistants aux vaccins». Le constat est là, après une certaine accalmie, la courbe d'incidence des contaminations repart à la hausse, ce qui augure de la détérioration de la situation. «Il y a une dynamique virale qui s'est installée partout dans le monde bien avant la vaccination. Cette dynamique a généré des virus qui ont des avantages avérés sur la souche mère, la souche de Yuan», a expliqué le Pr Derrar avant d'ajouter : «Ces mutations ont induit ces variations entamées. Par la suite, l'OMS a regardé la classification pour focaliser les efforts sur des variants spécifiques qui représentaient un danger pour la planète.» L'invité de la radio ajoutera que les variants les plus préoccupants sont ceux qui posent beaucoup de problèmes en termes de transmissibilité, de sévérité et en termes d'échec des tests de diagnostic et d'échec en réponse vaccinale. Quant à l'intensification de la vaccination, il faut, selon le spécialiste, qu'elle «puisse s'effectuer partout, en même temps». Et d'ajouter : «Le souci est que l'on ne sait pas à quel niveau il faut vacciner pour stopper la circulation du virus Covid-19.» Quant à la réticence des citoyens, le responsable ne manquera pas de montrer son inquiétude, et de soutenir que «la sortie du tunnel passe par une vaccination massive». Avant de donner l'exemple de la Grande-Bretagne, envahie par le virus Delta. Pour ce qui justifie cette réticence observée, M. Derrar évoque cette crainte des gens quant à une éventuelle dangerosité d'un tel vaccin par rapport à un autre, et de s'interroger sur l'après-vaccination et de conseiller d'aller vers des campagnes de sensibilisation «agressives» partout, et de les multiplier. À une question sur une possibilité de rendre la vaccination obligatoire, le DG de l'IPA a précisé que «le débat est lancé d'ores et déjà dans certains pays». Avant de clamer qu'«on s'y achemine, de toute façon, progressivement avec l'exigence du pass vaccinal (ou passeport vaccinal) à l'échelle internationale». Cependant, il ne faut pas brusquer les gens, il faut qu'ils soient convaincus plutôt. «Cette adhésion va amener des taux satisfaisants de vaccinés», assure-t-il. Ilhem Tir