L'écrivain Rachid Ezziane vient de faire paraître un roman basé sur des faits réels. Un automne à Miliana revient sur un effroyable incendie qui a tué 22 jeunes en 1968. Dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre 1968, un drame eut lieu à Miliana. 22 jeunes dont l'âge oscillait entre 16 et 22 ans périrent dans un effroyable incendie. Leurs tombes se trouvent au cimetière Sidi-Brahim. Cette tragédie est peu connue. C'est la raison pour laquelle Rachid Ezziane a décidé d'y consacrer un roman-témoignage Un automne à Miliana (Editions El Hadhara). De Miliana nous connaissons : la place de l'Horloge, le musée Emir-Abdelkader, le jardin public du 24-Février avec ses essences rares et la statue de l'Egyptienne, la zaouia et la mosquée de Sidi Ahmed-Ben Youcef, Le rempart, la pointe des blagueurs, la statue de Ali La Pointe, la manufacture d'armes de l'Emir Abdelkader. Par ailleurs, d'illustres personnages sont associés à cette ancienne ville historique comme l'écrit l'auteur « Alphonse Daudet qui y a séjourné. Albert Camus venait y passer ses vacances d'été en colonie. L'Emir Abdelkader y a construit une maison pour ses haltes. Aït Ahmed y a fait ses études. Ali La Pointe y est né comme Mohamed Bouras, Mustapha Ferroukhi, Mohamed Benchicou... » p 24. Toutefois, un fait dramatique a échappé aux historiens. Le 31 octobre 1968, Miliana est en effervescence. Les célébrations du 1er novembre se préparent dans l'euphorie générale. Les jeunes trépignent. Amir l'un des personnages du roman raconte «dans les classes, nous n'avions pas le cœur aux leçons. Nos têtes étaient ailleurs. Là-bas aux côtés de la troupe de Mahfoud Tahari qui préparait la pièce qui devait être jouée ce soir». p16. Tour à tour les jeunes personnages de ce récit racontent cette nuit d'horreur : Amir, Khalef, Rachid... Le mont du Zaccar s'embrasa. Un gigantesque incendie se déclara. « La foule grossissait devant l'hôpital. On venait se renseigner ou chercher un fils, un voisin, un ami... Dans chaque quartier de la ville on entendait des lamentations, surtout des femmes. » p70. Les vétérans se souviennent de cette nuit tragique qui a endeuillé de nombreuses familles milianaises. L'auteur regrette l'absence d'une stèle commémorative en souvenir de ces jeunes lycéens, artistes et sportifs brûlés vifs le 30 octobre 1968. Un devoir de mémoire s'impose martèle-t-il : « Les autorités croient qu'en érigeant une stèle à la mémoire des martyrs de l'incendie du Zaccar, se serait comme un ''mea culpa'' de leur part. Au contraire, cette stèle les délivrera de leur conscience... Ils sont morts pour la bonne cause.... Ne méritent-ils pas notre reconnaissance ? Et celle de l'état ? » p 115 et 116. Rachid Ezziane dédie un poème à ces jeunes partis à la fleur de l'âge : «Miliana pleure le souvenir de vos pas Que vos semelles ont souvent foulé Les cerisiers ne fleurissent plus comme autrefois A cause de votre absence qui a trop duré Depuis tant d'années Vos effets dans les valises Se reposent à jamais». Rachid Ezziane est né en 1955 dans la wilaya de Aïn-Defla. Ancien professeur de philosophie et cadre administratif, il a à son actif plusieurs publications. Soraya Naili Un automne à Miliana, de Rachid Ezziane, Editions El Hadhara, 2020,142 p.