Le gouvernement se penche de nouveau sur le sujet de la relance du processus industriel en Algérie. Il ambitionne d'offrir l'opportunité aux grandes marques internationales de s'installer dans le cadre d'une véritable filière de fabrication automobile nationale, loin de la parodie de Bouchouareb et compagnie. C'est ce qui ressort des récentes déclarations du ministre de l'Industrie Ahmed Zeghdar, relayées par plusieurs médias. Une volonté clairement affichée de vouloir tourner la page de l'expérience malheureuse passée. Ainsi, on apprend que le gouvernement entend revenir à l'industrie automobile en associant des références de niveau mondial et orienter cette future production vers l'exportation, en Afrique notamment. Le premier responsable du secteur souligne qu'il s'agit d'une démarche «sérieuse» qui vise à faire de l'Algérie un pôle industriel. «Nous sommes en mesure de fabriquer les voitures localement», dira-t-il, avant d'ajouter : «Cette nouvelle expérience proposera à la fois des véhicules répondant aux attentes du citoyen et aussi des voitures électriques et hybrides.» Une démarche «sérieuse» Le ministre annonce également qu'il recevra en audience des représentants de grandes marques mondiales pour étudier avec eux les voies et moyens à même de leur permettre de s'installer dans notre pays : «Un travail sérieux est en cours de préparation à ce niveau, et la liste des marques internationales retenues sera rendue publique dès la conclusion des accords.» Ahmed Zeghdar rejette, par ailleurs, l'option de reprise d'activité des anciens sites d'assemblage dont le sort n'est toujours pas tranché par la justice. À travers ces déclarations, il est donc clair que le gouvernement s'est fixé des priorités dans son approche du secteur automobile, en l'occurrence la relance du processus industriel de manière rationnelle et en adéquation avec les capacités financières du pays. Toutefois, le ministre ne précise pas si les négociations avec les marques mondiales se feront sur la base de nouvelles conditions, en dehors des exigences de l'actuel cahier des charges relatif à l'activité industrielle et dont beaucoup d'opérateurs avait jugé certaines dispositions rédhibitoires. Il est à espérer que cette nouvelle annonce puisse préluder d'un dénouement tant espéré et un retour prometteur à la démarche industrielle et qui fera oublier au citoyen algérien les déboires et dérives du semblant de montage initié à partir de 2014. Une parodie à oublier Sous des slogans pompeux d'industrialisation et de développement d'une filière mécanique locale pour pallier, à terme, les importations, les responsables de l'époque avaient, rappelons-le, engagé un plan de création d'usines de montage de véhicules au bénéfice exclusif de certains et au détriment des professionnels attitrés du secteur. Crédits sans limites (en dinars et en devises fortes) et biens d'entités économiques publiques ont été généreusement mis à la disposition de ces constructeurs automobiles de la dernière heure. De son côté, et depuis son élection à la magistrature suprême, le président de la République n'a cessé, à maintes occasions, de dénoncer cette démarche industrielle qui n'a apporté aucune plus-value à l'économie du pays et encore moins pour une meilleure prise en charge des attentes des clients. Il l'a qualifiée d'industrie «de gonflage des pneus» et «d'importations déguisées» de véhicules. Aujourd'hui, il convient également d'encourager, en parallèle, l'émergence d'un tissu local de sous-traitants performants et compétitifs en mesure de proposer des pièces et composants pouvant être homologués par des constructeurs exigeants, et qui constituera une base de développement d'une filière mécanique pérenne. B. Bellil