Les bilans présentés chaque semaine par l'Armée nationale populaire depuis début octobre montrent l'ampleur prise par le phénomène de l'émigration clandestine. Les harragas semblent profiter des conditions météorologiques « clémentes » pour accroître leurs chances de rejoindre l'autre côté de la Méditerranée. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Le phénomène de l'émigration clandestine se maintient à un rythme soutenu. Preuve en est les bilans que présente l'ANP chaque semaine et qui font état de l'avortement de plusieurs tentatives de traversées clandestines de la mer, sans parler des embarcations qui réussissent à atteindre les côtes du nord de la Méditerranée, surtout les côtes espagnoles. En effet, dans son bilan opérationnel du 20 au 26 octobre 2021, l'Armée nationale populaire a affirmé que les gardes-côtes ont déjoué, au niveau de nos côtes nationales, des tentatives d'émigration clandestine et ont procédé au sauvetage de 65 individus à bord d'embarcations de construction artisanale. Entre le 13 et le 19 octobre 2021, les gardes-côtes ont déjoué des tentatives d'émigration clandestine et procédé au sauvetage de 701 individus à bord d'embarcations de construction artisanale. Un chiffre alarmant pour une seule semaine, à raison d'une moyenne de 100 personnes tentant la harga chaque jour. L'une des opérations les plus spectaculaires s'est déroulée le 16 octobre dernier à Alger, lorsque deux unités de recherche et de sauvetage relevant du groupement territorial des gardes-côtes d'Alger et un hélicoptère de recherche et de sauvetage des Forces navales ont sauvé 13 migrants clandestins et repêché 4 corps noyés suite au chavirement de leur embarcation à 16 milles nautiques au nord de la ville d'Alger. Dans un précédent bilan, du 6 au 12 octobre, les garde-côtes ont déjoué des tentatives d'émigration clandestine et sauvé 57 individus à bord d'embarcations de construction artisanale. Malheureusement, les tentatives de harga ne se soldent pas toujours par un sauvetage en cas de panne ou de réussite du voyage à haut risque. Plusieurs personnes sont portées disparues et leurs familles ne savent plus à quel saint se vouer alors que d'autres sont repêchées sans vie. Les pannes au large sont, en effet, légion. Tentant de partir, il y a quelques semaines, à partir des côtes oranaises, des jeunes nous ont fait un témoignage glaçant. Cette nuit-là, il y avait, selon eux, «une vingtaine d'embarcations avec beaucoup de femmes à bord». À peine une dizaine de kilomètres engloutis que le tirage des moteurs de trois embarcations commence à faiblir. Les harragas ont été alors pris d'une panique indescriptible. Ils étaient obligés de rebrousser chemin, avant d'être arrêtés par les éléments de la Gendarmerie nationale qui les attendaient à leur sortie de la mer. Ce voyage aurait pu tourner au drame. K. A.