Le gaz algérien ne transitera plus par le sol marocain. Le contrat liant la Sonatrach à l'Office marocain de l'électricité et de l'eau potable a pris fin hier à minuit et ne sera pas renouvelé. L'Espagne ne sera désormais plus approvisionnée via le gazoduc Maghreb Europe, privant ainsi le voisin marocain non seulement des droits de passage du gazoduc, mais également de près d'un milliard de mètres cubes de gaz par an. La décision a été annoncée, hier, par la présidence de la République qui la motive par «des pratiques à caractère hostile du royaume marocain à l'égard de l'Algérie, des pratiques qui portent atteinte à l'unité nationale ». Nawal Imès - Alger (Le Soir) - C'est désormais officiel : le gazoduc Maghreb Europe ne transportera plus de gaz vers l'Espagne via le Maroc. Le contrat du 31 juillet 2011, liant Sonatrach à l'Office marocain de l'électricité et de l'eau potable (ONEE), a pris fin hier à minuit et ne sera pas renouvelé. C'est la présidence de la République qui en a fait hier l'annonce. Le chef de l'Etat a en effet « donné des instructions à la société nationale Sonatrach à l'effet de cesser toute relation commerciale avec la société marocaine et de ne pas renouveler ledit contrat ». Une décision prise « au regard des pratiques à caractère hostile du royaume marocain à l'égard de l'Algérie, des pratiques qui portent atteinte à l'unité nationale et après consultation du Premier ministre, ministre des Finances, du ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l'étranger, du ministre de l'Energie et des Mines ». Cette décision était prévisible. Après la rupture des relations diplomatiques, des mesures d'ordre commercial devaient être prises dans le même sillage, et la cessation de l'approvisionnement de l'Espagne via le Maroc devenait presque inévitable, au regard de la dégradation des relations. C'est un coup dur pour le Maroc qui, non seulement tirait profit du gazoduc en percevant des droits de passage, mais en profitant également du gaz algérien pour notamment produire une partie de l'électricité pour satisfaire sa consommation interne. Si l'Algérie déclare la guerre économique à son voisin hostile, elle envoie néanmoins des signaux rassurants à son principal client, à savoir l'Espagne, quant à la continuité des approvisionnements et au total respect des engagements déjà pris. Le président de la République déclarait tout récemment que « nous avons convenu avec les amis espagnols de les approvisionner en gaz naturel exclusivement via le gazoduc Medgaz. En cas d'imprévus, l'approvisionnement se fera à bord de méthaniers ». Fin septembre, le ministre espagnol des Affaires étrangères, de l'Union européenne et de la Coopération, José Manuel Albares Bueno, en visite de travail à Alger, assurait avoir reçu des garanties de la part des autorités algériennes sur l'approvisionnement de l'Espagne en gaz, affirmant que « l'Algérie est un partenaire économique de premier ordre pour l'Espagne, et a toujours été un partenaire fiable qui a honoré ses engagements. J'ai également été rassuré aujourd'hui quant à la continuité de l'approvisionnement en gaz ». Le ministre de l'Energie a, quant à lui, également eu à rassurer son homologue espagnol sur la capacité de l'Algérie à tenir ses engagements, même en renonçant au gazoduc Maghreb Europe. N. I.