Il ne se passe plus une occasion sans que le sujet des relations algéro-françaises soit abordé par les officiels à Paris. Cette fois, c'est au tour de Jean-Yves Le Drian d'exprimer des propos apaisants. Abla Chérif - Alger (Le Soir) - Le chef de la diplomatie française s'est exprimé devant l'Assemblée, affirmant que la France «regrette un certain nombre de malentendus récents, car cette situation ne correspond pas à l'importance que nous attachons aux relations entre nos deux pays», avant d'ajouter : «Nous avons le plus profond respect pour la nation algérienne et pour la souveraineté de l'Algérie.» Jean-Yves Le Drian, qui répondait en fait à une question soulevée par la présidente du groupe d'amitié France-Algérie à l'Assemblée nationale française, s'est ensuite attelé à rappeler les «liens qui unissent les deux pays (...) La France et l'Algérie sont unies par un partenariat qui est indispensable pour la stabilité de l'espace méditerranéen et nous sommes convaincus de l'intérêt des deux pays de travailler ensemble dans tous les secteurs». Le Drian déclare, ensuite, que «cette vision de la relation franco-algérienne est partagée par des responsables algériens avec qui j'ai eu l'occasion de travailler de manière approfondie sur de nombreuses questions d'intérêt commun et avec lesquels nous avons toujours trouvé des solutions aux problèmes lorsqu'ils sont survenus», puis fait part de la volonté française de «travailler avec sérieux dans le respect mutuel et dans le respect réciproque de la souveraineté de chaque pays et c'est sur cette base que nous entendons poursuivre notre action». Puis il conclut : «Des efforts ont été engagés afin de rétablir les conditions d'une relation apaisée avec l'Algérie.» Les déclarations du MAE français ne sont pas les premières du genre à avoir été prononcées sur la question. Le 10 novembre dernier le conseiller Afrique du Nord et Moyen-Orient de Macron avait exprimé les «regrets» de son Président après «les malentendus nés des propos rapportés». Ces propos critiquant sévèrement le système algérien, accusé de vivre sur une «rente mémorielle», avaient été prononcés lors d'une rencontre avec de jeunes binationaux invités par Macron à l'Elysée. Ils avaient provoqué le courroux d'Alger qui a rappelé son ambassadeur et fermé son espace aérien à l'aviation militaire française enrôlée dans l'opération Barkhane, au Nord-Mali. Le conseiller du chef d'Etat français avait prononcé d'autres mots apaisants au nom de son Président, notamment en évoquant le «rôle primordial de l'Algérie dans la région». Bien que favorablement accueillies, ces déclarations n'ont pas suffi à dissiper les grosses tensions entre les deux pays. Abdelmadjid Tebboune, qui affirmait, il y a quelques jours, avoir refusé de répondre aux appels téléphoniques de Macron, ne s'est pas rendu à la conférence sur la Libye à Paris à laquelle il avait été convié, et l'Algérie avait été représentée par son MAE qui n'a eu aucun contact diplomatique ou officiel avec les dirigeants du pays. Si les interventions d'officiels français se multiplient sur la question des relations bilatérales, Alger reste, en revanche, silencieuse. Entre les deux pays, la brouille est aussi partie de questions qui n'ont toujours pas trouvé réponses. Ces questions sont, entre autres, liées à la décision française de réduire de 50% le quota de visas à octroyer aux Algériens. Le ministre français de l'Intérieur a annoncé que cette décision était entrée en vigueur au début du mois de novembre. Elle a été justifiée par le «refus de l'Algérie (mais aussi le Maroc et la Tunisie) de rapatrier des ressortissants en situation irrégulière». Là également, une bataille des chiffres oppose les deux pays. Paris parle de 7 737 personnes en attente d'expulsion mais Alger, par la voix du Président Tebboune, affirme que la liste comporte 94 personnes à expulser. Plusieurs sources annoncent que l'Algérie serait d'ailleurs en attente de réponses à toutes ces questions. La réduction du quota de visas réservé à l'Algérie a été perçue comme étant une remise en cause des accords passés en la matière entre les deux pays. A. C.