Plus de pain à 10 DA hier à Alger. Un tour à travers les boulangeries de la capitale donne à voir le passage de la baguette de 10 DA à 15 DA. Parmi les commerces visités, plus de trace de la baguette à 10 DA, et ce, depuis le 1er janvier. Les citoyens, eux, font le constat mais ne se posent plus de question. Ils semblent admettre que le premier jour de l'année 2022 est synonyme d'augmentation du prix de la baguette. Abdelhalim Benyellès - Alger (Le Soir) - La majorité des boulangers visités ne cache pas la décision de la hausse subite du prix de la baguette de pain. Quant au client, quand il fait la commande, il tend l'oreille pour écouter le prix à payer. À l'exemple de ce client, dans une boulangerie de Ruisseau, qui demande deux baguettes et tend 20 DA, avant de se voir signifier qu'il doit ajouter 10 DA. Sitôt dit sitôt fait, sans le moindre étonnement puisque les deux baguettes sont payées à 30 DA. Questionné à la sortie de la boulangerie, le même client est affirmatif pour déclarer que la baguette à 10 DA n'existe plus. Dans une boulangerie, rue Meissonier, à Alger-Centre, quand nous avions demandé la baguette de 10 DA, le vendeur a répliqué, tout de go, derrière son comptoir, que la baguette n'était plus vendue à 10 DA. Avant de poursuivre : « Le quintal de farine est à 20 000,00 DA, alors comment voulez-vous que je vende le pain à 10 DA la baguette ?» Dans une autre boulangerie visitée vers 11 h, face à la place du 1er-Mai, c'est le pain amélioré qui remplace le pain ordinaire. « La baguette à 10 DA existe toujours, seulement la fournée de la matinée est épuisée et de ce fait c'est la baguette à 15 DA qui est disponible pour le moment », rétorque le boulanger. Autant dire que le prix habituel du pain « simple » a carrément disparu, remarque-t-on chez les boulangeries visitées hier dans la capitale. Mais du côté du citoyen, l'augmentation subite du prix du pain est accueillie avec banalité. « Le prix de la baguette est à 15 DA depuis hier », semble admettre un citoyen approché au quartier de Belouizdad qui venait de sortir d'une boulangerie. Et de témoigner que rares sont les boulangers qui vendent encore la baguette à 10 DA à Alger. Il s'agit là de faits vécus hier, dans les rues de la capitale, mais qui semblent aller à contre-courant des déclarations officielles des organisations syndicales et des représentants de la société civile, rapportées par les médias, et dans lesquelles l'UGCAA, l'Apoce et l'Anca se sont montrées catégoriques pour se démarquer de la décision d'augmentation du prix du pain ordinaire. L'Union générale des commerçants et artisans « se démarque des appels à augmenter le prix du pain subventionné à 15 dinars, et affirme que ce comportement exposera le boulanger aux sanctions en vigueur», écrit-elle dans un communiqué repris par l'APS, hier dimanche. Dans le même sillage, l'Association algérienne de protection et d'orientation du consommateur et son environnement (Apoce) a réagi pour rappeler que « ces augmentations sont illégales » et que « le prix du pain ordinaire ne peut varier sans décision gouvernementale ». Avant de signaler que « tous les signalements formulés par les consommateurs seront transmis aux organismes de régulation, afin que des mesures soient prises ». Pour sa part, l'Association nationale des commerçants et artisans (Anca), par la voie de son président Tahar Boulenouar, joint hier, estime que « les revendications des boulangers sont légitimes eu égard à la hausse des prix de la levure, des intrants ainsi que d'autres charges », mais sans pour autant adhérer à l'action de certains boulangers, qui, selon lui, sont victimes des rumeurs ayant circulé sur les réseaux sociaux à la veille de la nouvelle année. « Certes, la marge bénéficiaire de certains boulangers n'est pas acceptable, et pour preuve, certains d'entre eux ont été contraints d'opter pour la fermeture définitive du commerce. Pour d'autres, enchaîne-t-il, ils arrivent à cumuler des bénéfices grâce à la fabrication du pain amélioré et autres viennoiseries». Le président de l'Anca rappelle que le dossier des revendications des boulangers est actuellement au niveau du gouvernement, et que la réunion qui s'est tenue dernièrement au niveau du ministère du Commerce a regroupé les ministères de l'Agriculture, des Finances et de l'Industrie, avec la participation des représentants des meuniers et des boulangers, en application des instructions du Premier ministre. « Une solution devra être prise dans les prochains jours pour que le prix du pain ordinaire reste stable », rassure Tahar Boulenouar. A. B.