ALGERIE. Le temps des réformes ? On sait ce qu'il est advenu des réformes de Mouloud Hamrouche pour qui économie, démocratie, liberté d'expression allaient de pair. Et dont le sort a été scellé définitivement sous feu Abdelaziz Bouteflika sous prétexte que ces réformes, surtout la liberté de la presse, étaient les principales causes des difficultés du pays ! Aujourd'hui, en dépit du gaspillage des ressources par l'ancien pouvoir et de la corruption, l'Algérie est dans une tout autre configuration. Avec des réserves de change de 46 milliards de dollars à fin 2021, elle dispose d'un matelas de devises rassurant. Avec une dette extérieure de 5,1 milliards de dollars, elle est classée parmi les pays les moins endettés du monde. Elle dispose en outre d'un énorme potentiel minier, agricole et surtout humain dont ces milliers de diplômés universitaires sous-utilisés ou au chômage et qui, faute de perspectives, n'ont que la « harga » pour horizon. Cela dit, les éléments de vulnérabilité sont toujours présents. La pandémie de Covid-19, dans un contexte de repli des prix du baril de pétrole et de dérèglement climatique, a durement impacté l'économie. Pour ne prendre qu'un exemple, d'après Adel Bensaci, président du Conseil national consultatif de la petite et moyenne entreprises (CNCPME), quelque 73 000 entreprises, tous secteurs confondus, ont cessé leurs activités entre 2020-21. Autre constat, l'économie nationale, qui reste dominée par l'informel (près de 30% du PIB), demeure dépendante structurellement des hydrocarbures. Ce qui fait que la croissance est tirée essentiellement par les hydrocarbures, car la part des exportations hors hydrocarbures (4,6 milliards de dollars en 2021) ne couvre que 10% des importations. Sans entrer dans le détail des mesures envisagées, si le but recherché est d'augmenter la part de la production hors hydrocarbures – industrielle, agricole, économie numérique encore à un stade primaire et des services – dans le PIB, cela s'avérera plus compliqué qu'on ne le pense. Et ce ne sont pas les écueils et les difficultés, dont la démographie et ce qu'elle implique, qui manquent. À titre d'exemple, la fin de tout ou partie des subventions et des transferts sociaux actée par la loi de finances 2021 et dont le montant cumulé avoisinerait les 15 milliards de dollars, revient à inviter les Algériens à changer de mode de consommation et à se serrer la ceinture. Car jusque-là, les produits de base – farine, semoule, lait — le gaz, l'électricité et les transports étaient livrés en dessous de leur vraie valeur. Une baguette de pain sera sans doute vendue cinq fois ou plus de son prix actuel ! Et en matière de consommation de blé, voire de sucre et de café par habitant, les Algériens arrivent largement en tête à l'international. Reste à savoir si le mécanisme de compensation monétaire envisagé au profit de plusieurs millions de personnes modestes permettra d'amortir le coût social et psychologique généré par cette dérégulation qu'est la fin de la subvention des prix. Comment le pouvoir politique compte convaincre les Algériens est un vrai sujet, quand on sait que les partis, l'UGTA et autres organisations de masse traditionnelles qui assuraient cette fonction de relais avec la société, sont sortis affaiblis par le Hirak ou ont disparu des radars. Et qu'en deux ans, il n'a pu, à travers les différents scrutins, se doter d'une base sociale structurée. Dans ces conditions comment relancer l'économie, alors qu'il est admis que la citoyenneté sociale – les libertés entre autres — est un gage d'efficacité économique ? EGYPTE. La bonne nouvelle en ce début 2022, c'est la libération de Ramy Shaath, 48 ans. Cette figure de la révolution égyptienne de 2011 et coordinateur du mouvement BDS (Boycott, désinvestissement, sanctions) prônant le boycott d'Israël, était en détention depuis 2019, pour «troubles contre l'Etat» ! À l'inverse, l'autre icône du soulèvement égyptien, Alaa Abd El-Fattah, 40 ans, reste en prison. Il a été successivement emprisonné sous la présidence de Hosni Moubarak, puis sous celle de l'islamiste Mohamed Morsi, avant d'être de nouveau condamné sous la présidence d'Abdel Fattah Sissi – c'était le 20 décembre dernier — à cinq ans de prison pour «diffusion de fausses informations» ! SOUDAN. Après la démission du Premier ministre Abdallah Hamdok, l'armée, dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane, est seule aux commandes du pays. Si l'Occident n'a protesté que faiblement contre le coup de force du général A. Burhane le 27 octobre dernier sur fond d'une répression ayant fait 57 morts, c'est parce que l'armée soudanaise fait « partie du régime de sécurité régionale sponsorisé par Washington, qui implique Israël, l'Egypte et les pays du Golfe », explique l'universitaire soudanais Magdi el-Gizouli dans L'Orient-le-Jour du 4-11-21. Et pour faire face à la contestation qui se poursuit, le général Burhane s'apprêterait à renouer avec les islamistes évincés du pouvoir après la chute de Omar al-Bachir. A suivre... H. Z.