Le Conseil de souveraineté soudanais a appelé, samedi, à résoudre la crise actuelle dans le pays par «le dialogue et le consensus pour parvenir à une vision unifiée et accélérer la formation d'un gouvernement technocratique». Le communiqué a déclaré que «Le conseil (de souveraineté) a mis l'accent sur la résolution de la crise actuelle par le dialogue et le consensus et à établir un pont entre les initiatives proposées pour parvenir à une vision unifiée et à accélérer la formation d'un gouvernement technocratique, afin de combler le vide dans les structures de gouvernement de transition», indique un communiqué émanant d'une réunion dirigée par Abdelfatah Al-Bourhan. Et d'ajouter: «le Conseil a affirmé sa volonté d'aller de l'avant dans l'extension des libertés, de la liberté de manifestation, d'expression pacifique et adhérer aux manifestations internationalement reconnues, tout en préservant l'état de droit et le prestige de l'Etat et en clarifiant les limites des pouvoirs entre les citoyens et les autorités de la police et des services de sécurité». Le Conseil de sécurité et de défense du Soudan a également ordonné samedi d'accélérer les enquêtes sur les manifestations de masse de jeudi dans la capitale Khartoum et les régions voisines, qui ont entraîné la mort de quatre manifestants et en ont blessé des centaines d'autres. Le Soudan a été secoué par des manifestations de masse, et au moins 53 personnes ont été tuées dans 11 manifestations depuis le 25 octobre 2021, date à laquelle le commandant général de l'armée soudanaise Abdel Fattah Al-Burhan a déclaré l'état d'urgence et dissous le gouvernement, ce qui a déclenché une crise politique dans le pays. Le 21 novembre, M. Al-Burhan et le Premier ministre Abdallah Hamdok, qui avait été démis de ses fonctions, ont signé une déclaration politique prévoyant la réintégration de M. Hamdok au poste de Premier ministre. Néanmoins, cet accord n'a pas réussi à calmer la rue. Les forces de sécurité soudanaises ont bloqué hier les ponts reliant Khartoum à ses banlieues et sont déployées en masse dans la capitale, où les militants appelaient à une manifestation «en mémoire des martyrs», après une nouvelle répression sanglante jeudi. Alors que 53 personnes ont été tuées et des centaines blessées depuis le coup d'Etat du général Abdel Fattah al-Burhane le 25 octobre, le pays a connu un nouveau pic de violence jeudi. Cinq manifestants réclamant un pouvoir civil au Soudan ont été tués par balles à Khartoum, déjà coupée de sa périphérie et du monde avec une interruption totale des communications et des attaques contre des médias. Hier, les manifestants entendaient descendre de nouveau dans les rues face aux autorités de transition dominées par le général Burhane. L'homme fort du pays peine à présenter aux 45 millions de Soudanais le gouvernement civil qu'il a promis en réinstallant le Premier ministre civil Abdallah Hamdok le 21 novembre, après un mois de résidence surveillée. Avant même qu'ils ne sortent, les forces de sécurité bloquaient les ponts vers les banlieues et les principaux axes de Khartoum, parfois juchées sur des blindés armés d'imposantes mitrailleuses. Un déploiement qui ne semblait pas affecter les militants qui appelaient à faire de 2022 «l'année de la poursuite de la résistance», sur les réseaux sociaux. Ils ne cessaient de réclamer justice pour les dizaines de manifestants tués depuis le putsch, mais aussi pour les plus de 250 civils abattus lors de la «révolution» qui en 2019 a mis un point final à 30 ans de dictature militaro-islamiste de Omar el-Béchir.