Au marché des fruits et légumes de Douéra, il y a du monde, beaucoup de monde. La superficie est exiguë en dépit de la disponibilité de l'espace due aux évidences naturelles. Allez savoir pourquoi on a lésiné sur un bout de terrain qui aura rendu la vie un peu moins pénible aux habitants du coin et ceux qui y viennent des environs ou de plus loin encore. Parce que depuis quelque temps, on vient ici d'un peu partout parce que les prix se rapprochent de la dimension humaine. Ce marché n'a pas été épargné par les augmentations, il a juste un peu moins flambé qu'ailleurs. Il n'y a pas que les prix qui ramènent du monde, il y a aussi les nouveaux groupes d'habitations qui poussent et augmentent considérablement la population. Au marché des fruits et légumes de Douéra, il y a un parking payant où on est toujours dans la scène du « grand embouteillage ». Devant les étals, on n'est pas loin de la grande bousculade. Ici, il n'y a pas beaucoup de femmes, à la géologie s'est ajoutée la sociologie et, sans doute, quelque chose d'autre, encore absent du répertoire. Il y en a quand même quelques-unes, il suffit juste de les chercher. Et si vous avez des difficultés à les repérer, voici un indice qui devrait vous aider : elles portent des bavettes, contrairement au reste de la foule, marchands et acheteurs compris. Ça flirte en plus ! Un peu plus loin, toujours à Douéra, il y a un marché aux puces. Ici, on l'appelle «el khourda», comme pour ajouter une couche de lugubre au lugubre des lieux et des étals à même le sol d'un long couloir qui peut mener à tout. Ici, on propose le bric, le broc et parfois beaucoup moins que ça. Ici, se côtoient des laissés-sur-le-carreau, des «en difficulté» passagère, des partisans du moindre effort et de vrais roublards. Les lieux sont étroits, la perspective bouchée et la sortie pas évidente. Ici, il n'y a pas de femme, ne perdez pas votre temps à en chercher plus que la géographie et la sociologie, il est des vocations qui ne s'inventent pas. Il n'y a pas de femme, pas de... bavette alors ! Des policiers sommaient un vendeur de ramasser ses bricoles et quitter les lieux. Allez savoir pourquoi. On pensait qu'ici, tout le monde est logé à la même enseigne. Avec dix bonhommes au mètre et zéro bavette, on pensait qu'il y avait un ordre des priorités. Dans le bus Douéra-Ben Aknoun, il y avait sensiblement autant de femmes que d'hommes. Le receveur ne demandait rien mais tout le monde ou presque avait une bavette... avant de monter. Une fois à l'intérieur, c'est une autre histoire qui commence. Il y avait des femmes qui gardaient leur masque et puis les «zommes». Elles sont maintenant sous leur nez ou dans la poche. Où sont les femmes ? S. L.