Après plusieurs reports, le procès de l'ancien ministre de l'Energie Chakib Khelil et de l'ancien P-dg du groupe Sonatrach, Mohamed Meziane, relatif au contrat de réalisation du complexe gazier d'Arzew (Oran) s'est ouvert, hier lundi, au tribunal de Sidi-M'hamed. Les anciens cadres de Sonatrach, poursuivis dans l'affaire, ont chargé Chakib Khelil, qui est en fuite à l'étranger. Ils ont relevé l'irrespect total de la procédure dans l'attribution du marché à l'entreprise italienne Saipem. Karim Aimeur – Alger (Le Soir) - Le Pôle pénal économique et financier du tribunal de Sidi-M'hamed à Alger a renoué, hier, avec les procès relatifs aux affaires de corruption ayant marqué le règne de l'ancien Président. Au programme, le procès de l'ancien ministre de l'Energie, Chakib Khelil, et de l'ancien P-dg du groupe Sonatrach, Mohamed Meziane, en lien avec le contrat entre Sonatrach et Saipem relatif à la réalisation du complexe gazier d'Arzew (Oran), GNL 3, en 2008. Les accusés, dont d'anciens cadres de Sonatrach, des firmes étrangères activant dans le secteur énergétique et plusieurs cadres de la douane, sont poursuivis pour octroi d'indus privilèges, abus de fonction, dilapidation de deniers publics et conclusion de marchés en infraction aux lois et à la réglementation, conformément à la loi 06-01 relative à la prévention et à la lutte contre la corruption. Le marché de réalisation du GNL 3 d'Arzew a été attribu, dans un premier temps, à un groupement d'entreprises, dont la britannique Petrofac, avant d'être annulé et attribué, suite à une consultation restreinte et non à un avis d'appel d'offres internationales, à l'entreprise italienne Saipem. Le juge commence le procès par l'audition de l'ancien P-dg de Sonatrach, Mohamed Meziane, par visioconférence à partir d'Oran où il est incarcéré. Ce dernier a nié toutes les accusations à son encontre et chargé Chakib Khelil, en affirmant qu'il ne faisait qu'appliquer ses instructions. Selon lui, c'est Chakib Khelil qui avait résilié le contrat avec Petrofac avant de l'attribuer à Saipem. «Le ministre était un homme politique et c'était lui qui décidait», a répondu Mohamed Meziane. Le contrat avec Saipem avait bénéficié également à une société appartenant à Nadjet Arafat, épouse de Chakib Khelil, ce qui signifie que le marché avait un caractère personnel. A cette remarque du juge, l'ancien P-dg de Sonatrach a affirmé qu'il était empêché de négocier. «On m'a dit que c'était la loi du marché», a-t-il expliqué. Interrogé sur une proposition faite par son adjoint, Abdelhafid Feghouli, lui aussi accusé dans l'affaire, à Chakib Khelil afin d'exclure Petrofac et d'accorder le projet à Saipem, Mohamed Meziane a répondu avoir reçu une copie de cette proposition afin d'entamer une enquête approfondie. Appelé à la barre, Abdelhafid Feghouli a nié les accusations à son encontre. Il a accablé Chakib Khelil qui s'ingérait, selon lui, dans toutes les affaires qui concernent Sonatrach. «Il y a un irrespect total de la procédure (d'attribution du marché à Saipem)», a-t-il affirmé dans ses réponses, précisant que le coût du projet était de 275 milliards de dinars. «Je n'ai rien fait et je me retrouve en prison depuis 31 mois maintenant. Je suis utilisé comme bouc émissaire. Chakib Khelil a un esprit américain et non algérien », s'est-il plaint. Chakib Khelil intervient-il dans les affaires de Sonatrach ? Oui ? répond l'accusé à cette question posée par un avocat. Qui a décidé de la consultation restreinte et non d'un avis d'appel ?, interroge le juge. C'est le ministre, répond Feghouli, tout en expliquant que Petrofac a été écartée pour non-qualification pour ce genre de projet. «Petrofac n'était pas éligible à faire une offre pour la production de 4,3 millions de tonnes de GNL par an», a-t-il dit, ajoutant que la commission technique avait fait des réserves sur la société britannique. Le procès s'est poursuivi jusqu'en fin de journée avec l'audition des autres accusés. Il se poursuivra aujourd'hui probablement avec le réquisitoire du procureur de la République et des plaidoiries des avocats de la défense. K. A.