C'est une première dans le football national même si la nature du «délit» est légion dans les circuits footballistiques en Algérie. Dans un communiqué publié sur son site officiel, la Fédération algérienne de football (FAF) assure avoir identifié «un groupe d'individus usurpant la fonction de prospecteurs et d'entraîneurs nationaux opérant dans un cadre organisé illégal». Ce groupe «d'escrocs» agirait à l'occasion des compétitions de jeunes en se présentant sur les lieux des matchs «munis de faux badges». L'information qui ne surprend point par la véracité d'un tel fait grave serait, à en croire la Fédération algérienne de football, le fruit d'un travail de repérage accompli par la DTN conjointement avec le département de l'intégrité présidé par M. Abdelhalim Djendoubi. Cette mission a été menée dans un cadre préventif «visant à protéger les compétitions et les joueurs, les jeunes en particulier», affirme la FAF dans son communiqué. Aussi, considérant à juste titre «ces pratiques illégales», la FAF qui «rappelle que ce genre de missions de prospection ont leur cadre organisationnel à travers les directions et les services concernés», annonce qu'elle «se réserve le droit de poursuivre en justice tous ceux qui se sont adonnés et/ou s'adonneront à l'avenir à ce genre de pratiques» et qu'à cet effet «elle a déjà effectivement engagé une action devant les juridictions compétentes pour les personnes identifiées». Des questions demeurent toutefois entières au sujet de cette «découverte» faite par deux structures de la fédération. Et principalement le timing d'une telle annonce. Pourquoi la FAF a attendu presque un an pour dénoncer puis prendre ses responsabilités sur une «activité» qui n'a jamais été aussi prospère que durant les deux dernières décennies. Depuis exactement l'apparition de la première académie en Algérie, celle du Paradou AC créée par l'ex-président de la FAF Kheireddine Zetchi ? La prospection des jeunes n'ayant jamais été, par le passé, une activité balisée par des textes réglementaires au niveau des clubs, il devient inquiétant qu'un tel «commerce» prospère sous une forme impliquant des structures de la fédération. Prospecter au nom de la DTN au profit des sélections de jeunes et sur le plan local notamment revient à dire que ces «individus» disposent d'une sorte de «mandatement» de la part de la Direction technique nationale. Et donc, les fameux «faux badges» sont fournis par ladite structure fédérale. Un club des différents championnats en Algérie ne pourrait légalement «collaborer» à cet exercice s'il n'était pas capable de vérifier «qui est qui» et «qui fait quoi», sinon il exposerait ses jeunes éléments à toutes les manigances de ces vendeurs de (faux) rêves. Officiellement, la seule structure qui a l'aval pour parler au nom de la DTN, et donc de la FAF, est la task-force établie en France et qui s'occupe de la prospection et de la prise en charge des footballeurs d'origine algérienne en Europe. Elle a été installée par l'ex-président de la FAF Kheireddine Zetchi et est placée sous l'égide du DTN/FAF, Ameur Chafik. En ne livrant pas les noms de ces individus coupables d'escroquerie et de faux et usage de faux, la FAF obstrue toute enquête judiciaire en cours ou à venir. Soit, elle fournit le contenu intégral de cette machination à l'opinion, sinon elle doit laisser la justice agir en respectant les règles d'une instruction qui pourrait déboucher sur des réseaux mafieux que tout le monde connaît mais que personne ne dénonce. Certainement qu'en termes de communication, la FAF n'est pas un modèle mais... M. B.