Le 35e Sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union africaine (UA) a décidé de suspendre le statut d'observateur au sein de l'organisation accordé par le président de la commission de l'UA à Israël, avec création d'un comité de sept chefs d'Etat africains pour formuler une recommandation au sommet de l'UA qui demeure saisi de la question. Pour l'ancien diplomate, Abdelaziz Rahabi, cette décision marque le retour de l'organisation à sa vocation première. Karim Aimeur – Alger (Le Soir) – Invité, hier, de la rédaction de la Chaîne 3 de la Radio nationale, Abdelaziz Rahabi a rappelé d'abord que le président de la commission de l'UA, Moussa Faki, avait accordé ce statut à l'Etat sioniste de manière unilatérale, sans consulter les pays membres avant de prendre cette mesure aussi importante. Et de soutenir que la décision de suspendre cette qualité marque le retour de l'UA à sa vocation première, qui est le parachèvement de la décolonisation. «L'Union africaine est en fait le produit d'un processus historique porté par des questions d'émancipation des peuples, de lutte contre l'apartheid, pour les indépendances. C'est ça l'UA. C'était son credo essentiel. Toutes les organisations internationales ont une identité», a souligné l'ancien diplomate avant de préciser qu'Israël vient d'être condamnée pour sa politique d'apartheid dans les territoires palestiniens occupés par une organisation internationale (Amnesty International, Ndlr). L'invité de la Chaîne 3 a ajouté que l'intrusion de l'entité sioniste en Afrique n'est pas nouvelle, d'autant plus qu'elle entretient des relations, a-t-il précisé, avec plus de 45 pays africains. Mais, a-t-il poursuivi, «la vocation de l'Union africaine est de soutenir les peuples» en lutte pour leur indépendance, rappelant que le Sahara Occidental reste le seul pays colonisé en Afrique. Précisant que le statut accordé à Israël est toujours en débat au sein de l'UA, l'ancien diplomate a soutenu que la décision de suspendre cette qualité et de créer le comité de sept chefs d'Etat répond à trois objectifs. Le premier est d'éviter un vote au sein de l'organisation sur cette question, car le vote signifie la rupture de consensus et la division de l'UA en deux (ceux qui sont pour et ceux qui sont contre). Le deuxième est de clarifier les attributions du président de la commission de l'UA qui, a-t-il indiqué, n'a pas le droit de prendre des mesures aussi importantes sans consulter les Etats membres. Le troisième objectif est de faire revenir l'organisation à sa vocation première, à savoir le parachèvement de la décolonisation. Pour M. Rahabi, la seule façon de régler le conflit israélo-palestinien, qui empoisonne les relations internationales, c'est «d'adopter la solution proposée par l'initiative arabe de paix en 2002». Au sujet de la colonisation du Sahara Occidental, l'invité de la Chaîne 3 a appelé l'Union africaine à «reprendre le rôle qu'elle avait joué dans les années 70 dans le dossier sahraoui qui concerne tous les pays africains». Il affirme, à ce propos, que l'Algérie doit être fière de son soutien à la lutte du peuple sahraoui. «Il faut le dire clairement, nous soutenons un pays qui milite pour son indépendance et nous l'avons toujours fait puisque cela fait partie de l'identité de l'Algérie.» Revenant sur les manœuvres marocaines, M. Rahabi estime que cette alliance avec l'entité sioniste ne représente pas une menace pour l'Algérie, «forte de ses positions et de l'adhésion de son peuple à sa politique étrangère et sa politique de défense nationale». K. A.