De plus en plus de citoyens veulent se faire justice eux-m�mes, mais lorsqu�ils sont pris en flagrant d�lit �de justicier�, ils sont surpris de se retrouver derri�re les barreaux... Il est, en effet, strictement interdit par la loi de se faire justice soi-m�me. Une loi qui ne semble pas souvent respect�e. Des citoyens se sentant parfois angoiss�s � l�id�e que leurs agresseurs ne seraient pas punis, d�cident alors de passer � l�acte et s�autoproclament justiciers des temps modernes, le temps d�une revanche, qui peut leur co�ter cher. Ces dix derni�res ann�es, � son grand d�sarroi, Oran est class�e parmi les trois premi�res villes les plus touch�es par la criminalit� et ce, malgr� tous les efforts fournis par la police et la gendarmerie en mati�re de lutte. Chaque jour, des agressions ont lieu et dans tous les quartiers r�put�s chauds ou d�ordinaire paisibles, il n�y a plus de distinction. Ainsi, face � ce ph�nom�ne devenu le lot quotidien de l�Oranais, depuis peu, la m�fiance est-elle devenue la r�gle d�or ? Le mot confiance ne semble plus faire partie du vocabulaire des citoyens qui ne se connaissent pas. En effet, la ruse des voleurs, des arnaqueurs, des agresseurs passe par d�innombrables sc�narios pour mettre en confiance la victime. Mais lorsque la coupe est trop pleine, la victime, ou bien la personne qui se sent l�s�e, d�cide spontan�ment de se faire justice elle-m�me. Souvent, dans les quartiers, on voit un voleur qui a �t� arr�t� par la population recevoir la racl�e de sa vie, sans pour autant �tre livr� � la police. Certains citoyens estiment que la peine inflig�e ne suffit pas face aux d�g�ts qu�occasionnent certaines agressions, devenues de plus en plus dangereuses. Le voleur n�h�site plus � utiliser la force et blesse souvent gri�vement sa victime � l�arme blanche. Ainsi assiste-t-on souvent � ce type de r�actions, qui suivent par exemple le vol d�un portable ou d�une cha�ne en or. D�sormais, le premier r�flexe n�est pas celui de courir vers le poste de police le plus proche, mais plut�t de tenter de trouver �une personne�, (il y en a toujours une dans l�entourage imm�diat) qui pourrait entrer en contact avec le gang qui active dans le quartier o� la victime a �t� agress�e. Une fois le contact �tabli, l�on tente, en premier, de r�cup�rer l�objet vol�. La plupart du temps, le marchandage se fait de mani�re ordinaire, et l�, la victime qui tient � r�cup�rer son bien se retrouve dans une situation des plus singuli�res. C�est le cas de Malika, qui s�est fait arracher sa cha�ne en or � laquelle elle tenait beaucoup ; elle a d� remettre � un interm�diaire la somme de 3 000 DA pour pouvoir r�cup�rer son bien avant qu�il ne soit revendu. D�autres ne voient pas les choses sous cet angle et estiment que se faire justice ne passe pas par de tels proc�d�s. �Il faut entrer dans la gueule du loup et reprendre ce qui nous appartient�, nous confie un jeune homme qui s�est fait justice lui-m�me apr�s avoir �t� agress� dans l�un des quartiers chauds de la ville. �Ils m�ont vol� mes lunettes de marque et ma sacoche, il n��tait que 20 h ! Ils �taient trois individus, je ne me serais pas tant acharn� � me rendre justice s�ils ne m�avaient pas autant humili� en me frappant � tour de r�le et en me crachant dessus�. �D�poser plainte ? A quoi bon, ils seront vite rel�ch�s ou �coperont d�une courte peine, si ce n�est d�un sursis ! J�y suis retourn� avec 5 potes � moi et je me suis fait justice !� Un autre �justicier� a tent� de venger sa ni�ce, mais il a eu beaucoup moins de chance. L�adolescente, �g�e d�� peine 16 ans, ayant �t� victime d�une agression � l�arme blanche, s�est vu d�lester de son portable. Elle a pu reconna�tre son agresseur, un jeune repris de justice. Son oncle n�a pas trouv� mieux que de tenter de r�cup�rer le portable en s�en prenant au voleur. Seulement, les cam�ras de surveillance �taient l� et ont film� �son acte d�agression� contre ce pr�sum� voleur. D�s lors, il fut appr�hend� par la police et plac� sous mandat de d�p�t. La col�re et le sentiment d�injustice, parfois m�me la rage de se sentir humili� par son agresseur, peuvent pousser � la vengeance, mais telles ne sont pas les lois d�une soci�t� civilis�e, mais plut�t de la jungle. Les forces de l�ordre sont l� pour r�soudre ces situations et m�me si ces derni�res ann�es le taux d�agressions et de banditisme semble grimper en fl�che, cela ne justifie pas d�en rajouter en s�autoproclamant justicier. Si cela peut apaiser les esprits, selon des sources s�res, un important dispositif s�curitaire vient d��tre install�, quadrillant Oran afin de lutter contre ces bandes de malfaiteurs qui semblent n�avoir aucune limite. Reste l�espoir de les voir se calmer face � la multiplication des interventions des diff�rentes forces de l�ordre qui rassureront ainsi le citoyen et le convaincront que seule la justice est � m�me de trancher et lui assurer ses droits.