Comme une tra�n�e de poudre, les �meutes �pargnent peu de wilayas. Les contestataires ont en commun la jeunesse de leur �ge. Ils n�ont pas plus de vingt ans. Berc�s par un discours triomphaliste, ils ont grandi sous le r�gne de Bouteflika et n�ont pas eu d�autre choix que d��tre harraga ou �meutiers. Nawal Im�s- Alger (Le Soir)- Nourris au discours officiel, les jeunes qui ont investi les rues n�ont connu que le r�gne Bouteflika. Les plus �g�s d�entre eux n�avaient pas plus d�une dizaine d�ann�es lorsque l�actuel pr�sident s�installait � El-Mouradia pour un, puis deux et finalement trois mandats. Ils ne connaissent ni plans de restructuration, ni pressions du FMI, ni l�angoisse des caisses vides. Bien au contraire. Ils entendent et lisent que l�Alg�rie ne s��tait jamais aussi bien port�e, que les r�serves de change n�ont jamais �t� aussi importantes. L�ex�cutif, sur un ton monocorde, a eu pour mission de relayer le m�me discours. Ministres, institutions charg�es des statistiques se sont donn� le mot pour affirmer que tous les indicateurs �taient au vert. Le taux de ch�mage aurait baiss�, la production de pomme de terre aurait augment�, la crise de lait ne serait qu�une vue de l�esprit. La t�l�vision, la radio toutes, cha�nes confondues, et les journaux �tatiques � l�unisson font l��loge de la politique du gouvernement. La fermeture du champ m�diatique a particip� � flouer la vision. L�absence de voix discordantes possibles ajout�e � une classe politique moribonde a permis l�installation dans la dur�e d�un discours triomphaliste qui a fini par provoquer une overdose. A la limite de la schizophr�nie, l�Alg�rie officielle �tait en total d�calage avec les pr�occupations populaires. Le taux de ch�mage officiel n�a baiss� que gr�ce � un d�compte pour le moins hasardeux : les emplois � temps partiel, les contrats de pr�-emploi �taient comptabilis�s comme �tant des emplois � temps plein. La r�alit� est tout autre : les �employ�s� vivent une situation des plus pr�caires et cela est facilement v�rifiable. Avec un pr�salaire de 6 000 DA, ils survivent alors que p�rorent � la t�l�vision sp�cialistes du monde de travail et officiels. Le pouvoir d�achat, quant � lui, n�a jamais �t� autant �rod�. Les augmentations de salaires ont vite �t� rattrap�es par le taux d�inflation de plus en plus �lev�. Annonc�es en fanfare, ces augmentations de salaires n�auront finalement eu aucun impact sur la vie des fonctionnaires concern�s. Les promesses sont nombreuses : un million, puis deux millions de logements �taient cens�s �tre livr�s en dix ans. Les chantiers sont aussi nombreux que les �meutes qui �clatent � chaque fois qu�une liste de b�n�ficiaires de logements sociaux est rendue publique. La sp�culation, l�absence de r�gulation et la d�mission de l�Etat sous pr�texte de l��conomie de march� ont donn� naissance � une race de sp�culateurs sans foi ni loi. A tout cela se sont ajout�s des scandales impliquant les plus hauts responsables au niveau de l�Etat. Le syst�me est gangren� mais l�image qu�il tente de donner est idyllique. Les rapports �tablis par les diff�rentes organisations sont rarement critiques. Assise sur un matelas de plusieurs milliards de dollars, l�Alg�rie est redevenue subitement un pays fr�quentable, tant pis si les droits de l�homme n�y sont pas une priorit�, peu importe que l��tat d�urgence y soit toujours en vigueur. Toute cette r�alit� n��chappe pas � une jeunesse d�sabus�e qui a servi de cobaye au syst�me �ducatif. Les jeunes ont eu le choix entre devenir harragua ou �meutiers. Une d�marche suicidaire en r�ponse � un r�gne domin� par la surench�re et o� il ne fait pas bon d�avoir vingt ans�