Par Hassane Zerrouky Bien que les situations historiques et la nature des r�gimes soient diff�rentes de part et d�autre de la M�diterran�e, les rassemblements de jeunes en Espagne, au Portugal et depuis quelques jours en Gr�ce et m�me en France, sont directement inspir�s par les r�volutions tunisienne et �gyptienne. Ces pays font face � une crise financi�re sans pr�c�dent. Pour �chapper � la banqueroute, la Gr�ce a d� recourir au FMI, lequel avec l�appui de l�Union europ�enne lui a impos� un s�v�re plan de rigueur afin de retrouver l��quilibre budg�taire. Privatisation totale ou partielle des services publics, acc�l�ration de la d�r�gulation, d�mant�lement de la protection sociale, r�duction des d�penses publiques et de la consommation des m�nages, se sont vite traduits en Gr�ce par une baisse des revenus, un gonflement du ch�mage et une g�n�ralisation de la pr�carit�. Afin d��viter un recours au FMI � pour combien de temps encore ? � l�Espagne et le Portugal ont anticip� les mesures d�aust�rit� que pr�conise en de pareils cas l�institution de Breton Wood et mis en �uvre � leur tour des plans de rigueur. Dur, dur, pour des peuples qui pensaient que la construction de l�Union europ�enne (UE) �tait synonyme de d�veloppement, de progr�s social, de hausse du pouvoir d�achat et de cr�ation d�emplois pour le plus grand nombre. Un chiffre ? En moins de deux ans, le nombre de ch�meurs d�passe les 30 millions � l��chelle de l�Europe. En Espagne, il d�passe les 21%. En Gr�ce, 40% des jeunes de moins de 25 ans sont au ch�mage. En fait, ces pays pourraient s�en tirer sans trop de d�g�ts sociaux. Il existe bien une Banque centrale europ�enne (BCE). Mais les statuts de cette banque lui interdisent de pr�ter aux Etats membres de l�UE en difficult�. La BCE, en fait, pr�te de l�argent � un taux de 1,5% au Fonds europ�en de stabilisation financi�re et aux grandes banques priv�es europ�ennes. Ces institutions � leur tour pr�tent de l�argent aux Etats membres de l�UE en difficult�, � un taux plus �lev�, entre 5 et 10%, assorti de conditionnalit�s draconiennes. Et c�est ainsi que les march�s financiers se servent au passage et renforcent leur emprise sur les Etats. C�est contre cette logique n�olib�rale que se sont soulev�s les Grecs, les Espagnols et les Portugais. Car cet argent est le leur, c�est le produit de leur force de travail, de leurs imp�ts. De ce fait, ils ne comprennent pas qu�il profite � une poign�e de groupes d�individus pr�ts � saigner les peuples pour se garantir de superprofits. Certes, partout en Europe du Sud, et m�me en Irlande et en Islande, les peuples ont r�agi. Par de puissantes manifestations et des gr�ves g�n�rales. En sanctionnant par les urnes les gouvernements en place. Mais sans que cette col�re ait de quelconques effets sur les Etats et les march�s. Et c�est ainsi que les jeunes pr�caris�s ou au ch�mage, inspir�s par les exemples tunisien et �gyptien � ils le disent tout haut � ont inaugur� de nouveaux modes de protestation via les r�seaux sociaux (Facebook et Twitter). Cela a commenc� le 12 mars au Portugal, puis le 15 mai en Espagne et enfin depuis le 25 mai en Gr�ce. Les places des capitales de ces pays mais aussi de nombreuses villes sont occup�es par des centaines de milliers de jeunes, sans leader, se dotant de porte-parole tournant, sans encadrement politique visible, pour d�noncer l�emprise des march�s financiers. �Le Parlement est dans la rue�, clament les jeunes Espagnols signifiant ainsi que c�est le peuple qui d�cide et non des politiques n�ayant pas tenu leurs promesses. �Nous ne sommes pas le probl�me, nous sommes la solution�, lit-on sur les pancartes brandies par ces jeunes. Comme en Tunisie et en Egypte, voire au Maroc via le Mouvement des jeunes du 20 f�vrier, il s�agit d�un mouvement inattendu ayant pris de court la classe politique, et in�dit, avec l��mergence de nouveaux acteurs qu�aucun metteur en sc�ne n�avait pr�vus. Ce qui est certain, c�est que ces mouvements de jeunes sont l�expression d�une d�fiance envers le politique, qu�il soit de gauche ou de droite et, que de ce fait, ils interpellent.