Par Abdelmadjid Bouzidi [email protected] L��lection pr�sidentielle fran�aise, en installant un socialiste � l�Elys�e, fait office d�une situation originale lorsqu�on a en t�te le contexte �conomique mondial actuel fait � la fois de crise du lib�ralisme mais aussi et dans le m�me temps d�orthodoxie �conomique avec sa rigueur, son aust�rit�, ses r�ductions de d�penses publiques et ses politiques �conomiques restrictives. La pens�e dominante actuelle appelle au r�alisme, au pragmatisme, � la �v�rit� �conomique� et la France n�a pas �chapp� aux d�bats intenses entre les tenants de la vieille gauche traditionnelle qui tient � ses valeurs (�nous ne gagnons rien � continuer � courir derri�re la droite) et ceux qui pr�nent la mise � plat de la pens�e socialiste et appellent au �socialisme du r�el�, et non pas au �socialisme r�el� des ann�es de gloire des partis communistes. En un mot, et singuli�rement en France, le concept de sociald�mocratie est plus que jamais l�objet de grandes controverses et la remise � plat de son contenu programmatique n�a jamais �t� aussi loin probablement � cause des �checs et des mauvais r�sultats obtenus par les partis sociaux-d�mocrates d�Europe qui n�ont pu faire face � la crise financi�re et �conomique qui continue de secouer le monde. La social-d�mocratie offre-telle une solution ? Mais, avant tout, qu�est-ce que la social-d�mocratie ? On peut rapidement rappeler que cette pens�e politique a connu trois contenus correspondant � trois phases d��volution diff�rentes. 1)- Avant 1914, la social-d�mocratie d�signe les programmes des partis socialistes qui se fondent sur un esprit marxiste et le socialisme tel que le d�finit Marx. 2)- A partir de 1917, L�nine d�signe par sociaux-d�mocrates ceux qui, en Russie et en Europe, ont fait barrage contre le communisme. 3)- Apr�s la Seconde Guerre mondiale, la social-d�mocratie d�signe des partis qui, sans r�pudier le marxisme, ont beaucoup assoupli leur m�thode d�action. Ils sont de moins en moins des partis de classe et l�urgence n�est plus � la nationalisation des moyens de production. La social-d�mocratie aujourd�hui est une doctrine de gouvernement comme en Su�de, en Allemagne, en Grande-Bretagne, en Espagne, en Italie � o� le programme de gouvernement est r�formiste, rejetant la notion de parti de classe pour celle de parti du peuple, rejetant nationalisation et �tatisation et mettant en �uvre une politique de solidarit� et de justice sociale (�conomie sociale de march� en Allemagne). Du point de vue du programme politique, la social-d�mocratie cherche � concilier socialisme et d�mocratie, cherche � construire un compromis entre classes par la d�mocratie parlementaire : le socialisme doit �tre construit de mani�re progressive et pacifique dans le cadre de la d�mocratie repr�sentative. Du point de vue �conomique, la social-d�mocratie adopte une politique �conomique fond�e sur le keyn�sianisme privil�giant les r�formes des structures du capitalisme, adoptant des politiques macro�conomiques actives (avec intervention de l�Etat), renon�ant � la transformation totale du r�gime de propri�t�. Mais les structures capitalistes �tant g�n�ralement d�ficientes au plan social, l�Etat intervient pour corriger les in�galit�s et les injustices sociales : c�est l�Etat-providence et ses politiques de protection sociale. Il faut cependant admettre que la mondialisation lib�rale a bouscul� s�rieusement la pens�e sociald�mocrate qui n�arrive plus, l� o� elle gouverne, ni � r�tablir le plein emploi, ou alors � des co�ts sociaux tr�s �lev�s, ni � assurer la justice sociale et la non-exclusion, ni � construire une �conomie v�ritablement comp�titive. L��quation � r�soudre est bien complexe : comment allier efficacit� �conomique et justice sociale, comp�titivit� et protection sociale, contraintes d�efficacit� et Etat providence ? La social-d�mocratie sait redistribuer mais ne sait pas produire les richesses. La sociald�mocratie a des programmes sociaux mais n�a pas de programme de croissance �conomique, le keynesianisme en �conomie ouverte, en �conomie mondialis�e perdant s�rieusement de sa pertinence et surtout de son efficacit�. La social-d�mocratie a des politiques de demande mais n�a pas de politiques de l�offre. Bref, la social-d�mocratie s�occupe mal de l��conomie et plus encore de l�entreprise. Tony Blair a bien commenc� � sa gestion gouvernementale en Grande-Bretagne par cette d�claration : �Il n�y a pas une �conomie de droite et une �conomie de gauche ; il y a une �conomie qui marche et une �conomie qui ne marche pas.� C�est alors l��mergence des notions ambivalentes de troisi�me voie, de lib�ralisme social ou encore de socialisme lib�ral. Nous avons rappel� que cette approche pragmatique des questions �conomiques, englu�es dans des pr�occupations de solidarit� sociale, n�a pas donn� de r�sultats probants. Elle n�a en tout cas pas emport� l�adh�sion des �lecteurs des pays concern�s qui ne supportaient plus le co�t social d�une croissance �conomique trop faible, d�une d�t�rioration importante des conditions de vie, d�un accroissement sensible des in�galit�s. Ces d�bats semblent bien loin de nos r�alit�s alg�riennes. Et pourtant, ils sont d�une actualit� br�lante pour peu qu�on dissipe de nos analyses l�immense �cran de fum�e de nos torch�res de gaz et les voiles de nos tankers de p�trole. L��conomie alg�rienne, qui doit se fonder elle aussi sur la recherche de la r�alisation r�ussie du couple efficacit� �conomique et justice sociale, fait toujours face � ce s�rieux probl�me de production de la richesse, ce s�rieux probl�me de l�offre, ce s�rieux probl�me de fabrication de la croissance.