De notre envoyé spécial à Constantine, Ouargla et Touggourt, Kamel Amarni Sellal l'avait déjà dit à Bordj-Bou-Arréridj et l'a répété ce vendredi à Constantine : «La génération post-indépendance doit se préparer à prendre des responsabilités aux plus hautes fonctions de l'Etat. C'est cela le projet du Président-candidat. C'est son projet qui se concrétisera à travers la révision de la Constitution.» Il faut s'attendre à de grosses surprises, des mises à la retraite certainement, à de hauts niveaux de la hiérarchie après les présidentielles. Après la «stabilité», ces «changements profonds à travers la Constitution» s'invitent en tout cas comme le thème central de la campagne électorale pour Bouteflika que mène à sa place son Premier ministre «en congé spécial» Abdelmalek Sellal. Une situation unique dans les annales politiques. Ce qui nécessite ce type d'annonces fortes. «Nous n'avons jamais fait des promesses dans le vent ! Tout ce que nous promettons et ce à quoi nous nous sommes toujours engagés, nous l'avons toujours fait», avertissait d'ailleurs le directeur de campagne de Bouteflika, jeudi dernier à partir de Touggourt. Sellal promet aussi de «consacrer une vraie séparation des pouvoirs à travers la nouvelle Constitution. Les droits de l'Homme également. Il y aura un équilibre entre les différents pouvoirs». Hier vendredi, à la salle omnisports du complexe Chahid Hamlaoui, dans sa ville natale, Constantine, où le pouvoir a vraiment mis le paquet pour réussir une sortie «honorable», Sellal qui commence visiblement à s'habituer à son nouveau rôle d'animateur de meetings, lancera des promesses en cascade. Histoire de booster une campagne qui n'arrive toujours pas à atteindre sa vitesse de croisière, à son sixième jour, déjà. Il parlera «d'une lutte sans concession contre la corruption». De la lutte contre la bureaucratie et les bureaucrates qu'il qualifiait de «traîtres», du projet de Bouteflika de faire de l'Algérie «une puissance régionale» et bien d'autres engagements. Il n'oubliera pas toutefois d'adresser quelques piques en direction du principal rival dans cette campagne, Ali Benflis, et aux partisans du boycott, le MSP en particulier. «N'écoutez surtout pas ceux qui ne connaissent que la critique ! Voyez notre campagne à nous : Elle est propre. Nous n'avons jamais insulté, ni blessé qui que ce soit. Or, depuis quelques jours, certains multiplient les insultes, des propos blessants. C'est inacceptable ! C'est inadmissible à plus forte raison quand la cible est une femme (Louisa Hanoune, ndlr).» Pour mieux enfoncer Mokri et le MSP, Sellal ajoutera immédiatement après : «Nous, nous sommes des gens de réconciliation. Ici même, avec nous, nous avons Nourdine Nahnah, le fils du défunt cheikh Nahnah qui a beaucoup fait pour la réconciliation nationale.» Le fils du fondateur de l'ex-Hamas ainsi que Rabah Madjer font en effet partie des «icônes» choisies comme accompagnateurs de Sellal dans cette tournée électorale. Graves incidents à la fin du meeting de Ouargla Jeudi matin, le meeting animé par Abdelmalek Sellal à la salle omnisports de Ouargla a failli virer au drame. Le directeur de campagne terminait son exercice oratoire devant une assistance acquise. Puis, surgira un petit groupe avec des pancartes hostiles traitant Abdelmalek Sellal de menteur, lui reprochant de ne pas avoir tenu ses promesses quant à l'emploi des jeunes du Grand Sud. Jusque-là, rien d'anormal. Pas d'incidents en tout cas. C'est à la sortie de la salle que le pire a failli avoir lieu. Un groupe autrement plus important attendait la délégation de pied ferme. Il y eut des revendications et des slogans. «Sellal menteur !», «La chardhouma (une entité négligeable, ndlr) ne vote pas» ! Mais pas que cela. Des pierres commençaient à fuser occasionnant une bousculade monstre et un mouvement de panique tel qu'il aura fallu un vrai miracle à la garde de Sellal pour l'extraire de la foule. Un incident qui a manifestement affecté le directeur de campagne. L'après-midi même à Touggourt, au nord de Ouargla, il se désolera presque lorsqu'il lancera : «En tant que responsable, jamais quelqu'un m'a insulté durant toute ma carrière.» Aussi, et comme la matinée à Ouargla, il prendra cet engagement : «Je m'engage, et je vous fais le serment que toutes les mesures prises en faveur de l'emploi des chômeurs du Sud seront concrétisées. Toutes les entreprises, privées comme publiques y compris Sonatrach seront concernées. Il y aura de lourdes sanctions contre tous les bureaucrates qui avaient entravé les mesures au profit des jeunes du Sud . Ce sont des traîtres !» Pour marquer les esprits, il appuie son serment par un dicton populaire : «Si je ne tiens pas ma parole, wallah je vais raser ma moustache.» Sur un autre plan, Sellal annoncera, à partir de Touggourt, un nouveau découpage administratif. «Oui, il aura lieu après avoir complété le dispositif législatif avec les codes communal et de wilaya. Et Touggourt sera wilaya.» Il s'agit, là, d'une vieille revendication dans la région…