Par Kader Bakou Les trois jeunes Français posent leurs sacs à dos sur les pierres bleues du boulevard Emir-Khaled (ex-Boulevard Pitolet). Silencieux, ils regardent vers la mer. De là, on voit l'autre côté de la baie d'Alger et le phare de Padovani. Il fait froid en cette matinée ensoleillée du mois de janvier 2014. La mer est légèrement agitée, maretta comme on dit dans le vieux parler algérois ou peut-être même en pataouète. «On y va ?» leur demande leur ami algérien. Ils continuent leur chemin le long de la corniche vers Bologhine (ex- Saint-Eugène).«Guy Bedos est Algérois...», dit un des jeunes Français. L'humoriste, artiste de music-hall, acteur et scénariste Guy Bedos est né le 15 juin 1934 à Alger. Il est le fils d'Alfred Bedos, directeur de laboratoires de produits pharmaceutiques, et de Hildeberte Verdier. Mais il sera scolarisé à Bône (Annaba). Guy Bedos passe, donc, ses jeunes années en Algérie où son beau-père dirige une scierie. «Emigré» à Paris en 1949 à l'âge de 15 ans, il entre quelques années plus tard à l'école de la rue Blanche devenue l'Ecole nationale supérieure des arts et techniques du théâtre. Il fait sa première apparition à l'écran dans le film Futures Vedettes de Marc Allégret en 1954. Au cinéma, il est surtout connu pour son rôle de Simon, médecin étouffé par sa mère juive pied-noir très possessive, dans Un éléphant ça trompe énormément et Nous irons tous au paradis d'Yves Robert. Au music-hall, il interprète divers sketches d'auteurs différents (dont lui-même) et développe une satire politique régulièrement actualisée. Cette satire vise surtout les politiques de droite. Mais ses «amis» de gauche ne sont pas épargnés. Quelquesfois en désaccord avec les idées de ses compatriotes pieds-noirs, il se considère «tout de même plus proche d'Albert Camus que d'Enrico Macias». Guy Bedos a réalisé et interprété de nombreux spectacles, dont un avec Michel Boujenah et Smaïn intitulé Coup de soleil à l'Olympia. En novembre 2013, il est venu faire son jubilé artistique à Alger avec son spectacle intitulé justement Rideau !. Guy Bedos est certainement venu admirer la baie d'Alger, là où, quelques décennies plus tard, trois jeunes Français et un Algérien parlaient de lui, par une matinée glaciale et ensoleillée... K. B.