De Tunis, Kattou Mohamed Dans un climat d'insécurité et alors que les Tunisiens étaient déjà chez eux (couvre-feu oblige), le président de la République, Béji Caïd Essebsi, est apparu, dimanche soir à la télévision, pour appeler le peuple à l'union sacrée pour «combattre le terrorisme et les ennemis de la démocratie». C'était la deuxième allocution du chef de l'Etat depuis l'attentat de mardi dernier qui a coûté la vie à 12 agents de la garde présidentielle. C'était un symbole. Les terroristes entendaient, ainsi, s'attaquer à la tête de l'Etat. Béji Caïd Essebsi a saisi l'occasion pour appeler les centrales syndicales des travailleurs et du patronat à l'entente sur les augmentations des salaires dans le secteur privé. Une telle entente, selon le président de la République, est de nature à offrir le «climat social serein et souhaité pour permettre au peuple de vaquer à la lutte contre le terrorisme». Aussi, faut-il «passer par la paix sociale pour combattre le terrorisme», a encore dit Caïd Essebsi. Dans ce contexte, le ministère de l'Intérieur agit avec force. De nombreuses arrestations de suspects ont été opérées ces derniers jours et plus de cent individus sont assignés à résidence. Depuis l'attentat de mardi dernier, la Tunisie vit sous le régime de l'état d'urgence pour un mois alors qu'un couvre-feu oblige les habitants du Grand-Tunis à sacrifier les veillées nocturnes pour s'approcher au maximum de leurs familles. Le couvre-feu est imposé de 21h à 5h. Contrairement aux fois précédentes, ce couvre-feu est respecté avec vigueur, selon les propres termes du chef du gouvernement, M. Habib Essid. Dans son allocution de dimanche soir, le président de la République ne s'est pas empêché de revenir à ses premières amours. Un clin d'œil vers Nidaa Tounès, le parti dont il a été fondateur et qui vit depuis quelques mois une crise qui oppose Hafedh Caïd Essebsi, le propre fils du président de la République, en tant que vice-président du parti et le secrétaire général, Mohsen Marzouk. Le clivage qui les sépare a placé le parti sur la pente et sur la voie de l'implosion. Sentant le danger, le chef de l'Etat a pris la décision d'intervenir, non pas pour imposer une solution, mais pour proposer une initiative qui pourrait sauver cette formation politique. D'autant plus, a-t-il dit, que cette crise porte atteinte à l'image de la Tunisie à l'étranger». L'initiative consiste en la constitution d'une commission de 13 membres qui sera appelée à proposer des solutions pratiques avec obligation de leur respect pour les deux parties en conflit. Les récalcitrants, a-t-il martelé, «sont contre le bien de la Tunisie et ses intérêts».