L'appel de cœur et de raison que la secrétaire générale du PT a lancé la veille aux députés du FLN qui ont fait preuve d'esprit de résistance pour faire échec au projet de loi de finances 2016 ou tout au moins certaines de ses dispositions portant, selon elle, une empreinte oligarchique» n'a pas eu l'effet escompté. M. Kebci - Alger (Le Soir) - Non seulement ledit projet de loi a été adopté mais aucun des amendements proposés par l'opposition n'a été retenu. Le tout dans une ambiance «électrique» jamais enregistrée au niveau de l'hémicycle Zighoud Youcef. «Aujourd'hui, l'oligarchie a réussi parfaitement son coup d'Etat mais qu'elle sache qu'en semant la colère dans la société, elle finira inévitablement par récolter la révolte de cette dernière», résumait à la fin de la séance de vote, Ramdhane Taâzibt, cadre dirigeant du PT. Tout a commencé, en effet, quand le chef du groupe parlementaire du parti que dirige Louisa Hanoune a demandé au président de l'APN qui présidait la séance, un point d'ordre. Le refus de ce dernier sonnera l'entame d'un mouvement de contestation jamais enregistré dans l'hémicycle avec une anarchie indescriptible où tout était permis. D'où un retard immense accusé dans l'entame de la séance de vote qui ne démarrera que vers midi L'occasion pour les députés de l'opposition, ceux du PT et de l'alliance de l'Algérie verte de mettre à profit le temps qui leur était imparti à l'effet d'expliquer leurs amendements tous refusés, pour vilipender ce projet de loi et relever «l'empreinte flagrante de l'oligarchie et de l'argent sale». Et tout le monde attendait le tour de l'article tant controversé, le 71 qui a fait l'objet, selon l'opposition, d'un coup de force puisque réintroduit après avoir été initialement rejeté non sans subir une légère modification dans sa formulation, puisque gardant toute sa philosophie. Une appréhension amplement justifiée puisque juste à l'annonce dudit article, les députés de l'opposition, qui jusqu'ici tournaient en dérision leurs collègues du cercle présidentiel qui approuvaient machinalement les articles l'un derrière l'autre, en criant ou en tapant sur leurs pupitres, ont décidé d'agir autrement à cet instant. Ils ont, dans un mouvement d'ensemble, quitté la plénière, laissant la majorité présidentielle agir seule. Un retrait qui n'a pas été pour ébranler la sérénité des députés du tandem FLN-RND qui ont poursuivi comme si de rien n'était l'opération d'adoption des articles restants et du projet de loi dans son ensemble. Quant aux députés de l'opposition qui, dans une première, ont décidé d'agir ensemble, ils étaient en conclave juste après pour étudier la suite à donner à ce «coup d'Etat», comme ils le qualifient. Avec, il est vrai, un brin de dépit devant la volteface des députés du FLN qui, lors des débats et des travaux de la commission des finances, ont été plus virulents qu'eux pour dénoncer certaines des dispositions «antinationales et anticonstitutionnelles» avant de les adopter et adopter le texte dans son ensemble sans coup férir. Un texte qui selon ces députés dans un communiqué commun, «confirme l'implication des hommes d'affaires et de l'argent sale», «consacre la privatisation de l'Etat après celle du pouvoir», «annule le caractère social de l'Etat et appauvrit le citoyen». M. K. IL A LE PLUS FAIT PARLER DE LUI Que stipule l'article 71 ? Le tant controversé article 71 du projet de loi de finances 2016 qui a le plus fait parler de lui, rejeté une première fois par la commission des finances de l'APN avant d'être repêché dans le rapport complémentaire du dit projet de loi, stipule que «des décrets d'ajustement peuvent être pris sur le rapport du ministre chargé des finances, en cours d'année, pour prendre en charge, par le gel ou l'annulation de crédits destinés à la couverture de dépenses, une situation d'ajustement nécessaire en cas de détérioration des équilibres généraux». Ce que l'opposition refuse, y voyant un «accaparement par le ministre des Finances de prérogatives du Parlement, voire celle du président de la République qui signe ladite loi une fois adoptée par les deux chambres du Parlement».