Ancienne gloire du handball algérien, il est actuellement à la tête du GSP. Sans aucune démagogie ni rancune, loin de porter des critiques ciblées et nuisibles, Djaâfer Belhocine tente à travers cette interview de décrypter le malaise du sport national. Bien qu'il reconnaisse que le mal soit profond, il insiste sur le fait que les donneurs d'ordre ne font qu'aggraver la situation. Le patron du GSP souhaite vivement la concertation la plus large possible entre les fédérations et les clubs, car, selon lui, «sans la communication point de développement». Djaâfer Belhocine évoque le cas précis de la Fédération de cyclisme, organisatrice du GTAC qui, à ses yeux, semble confondre son travail avec la stratégie de son club. Le Soir d'Algérie : Peut-on voir à nouveau le GSP pourvoyeur des sélections par des athlètes ? Djaâfar Belhocine : Le GSP est toujours productif à travers ses différentes sections. Nous avons une vision et une stratégie et on travaille d'une façon méthodique. Ceci, malgré les aléas et les faux problèmes que nous rencontrons au quotidien. Ce sont, et vous le savez, de faux problèmes qui n'ont toujours pas de solutions. Pouvez-vous être plus explicite ? Je vous le dis clairement, le dernier décret exécutif 14-333 est loin de servir le sport. J'ai toujours dénoncé ce décret. Je me souviens du jour où il a été soumis pour avis, nombre de présidents d'association l'ont rejeté. Toutefois, le jour du vote dans les deux chambres parlementaires, il a été adopté comme une lettre à la poste. Le drame est que ce décret a été voté par un ministre qui connaît le sport et ses problèmes. Vous accusez M. Tahmi... J'étais vraiment déçu de voir M. Tahmi, qui est un ancien athlète et dirigeant qui a connu le sport et ses rouages donner son feu vert et son approbation à un tel projet qui renferme des textes non adaptables à la pratique du sport et à la vie des sportifs. En quoi ce texte de loi est-il inintéressant, voire inadapté ? Il y a plein d'aberrations. A titre d'exemple, on nous demande de ne pas rémunérer le sportif amateur. Si on suit ce texte à la règle, le sport amateur disparaîtra purement et simplement, alors que le sport amateur est l'antichambre de l'excellence. Vous semblez ne pas apprécier ce décret... Je suis pour les lois qui font avancer le sport. La pratique sportive doit être encadrée, mais il faut peser les mots et faire une lecture avant toute action. Les personnes qui ont élaboré et cautionné ce projet se sont-elles intéressées aux sommes colossales déboursées dans le monde du football. Avec le niveau actuel, percevoir une mensualité qui dépasse les trois millions de dinars est aberrant alors que des athlètes de performance perçoivent des mensualités qui ne représentent même pas le1/10e du salaire d'un footballeur. A votre avis, donc, ce décret n'améliore pas le sport ? Je vous invite à voir la situation du sport sur le terrain. Le football est malade, pareil pour le handball et j'en passe. Je dirai que le mal est profond. De par votre statut de président du GSP, que préconisez-vous pour remédier à ces problèmes ? La concertation et la communication. On ne fait pas un projet de loi qui y va de l'avenir de plusieurs générations de sportifs qui sont appelés à représenter la nation, sans pour autant demander l'avis des professionnels. C'est aussi simple que ça. On est là pour être consultés. Je trouve qu'on n'est pas des intrus ou des parachutés dans le sport. Que se passe-t-il entre la section cyclisme du GSP et la FAC ? Les lois du cyclisme sont spéciales, celles de l'UCI sont difficiles à comprendre et les règles de la FAC sont très bizarres. Je n'arrive pas à cerner la stratégie et les objectifs de cette fédération. Il y a une vraie confusion entre leur discours et leur manière d'agir. Votre section de cyclisme avait le statut continental mais cette année, elle ne l'a plus. Comment vous l'avez perdu ? On ne l'a pas perdu, c'est la FAC qui n'a pas voulu nous engager auprès des instances internationales pour jouir de ce formidable statut sous le motif que notre affiliation et celle de Sovac lui revenaient cher ! Cela ne semble pas vous convaincre ? Tout ce que je peux vous dire, c'est que la FAC doit revoir sa stratégie et encourager les clubs qui sont capables d'acquérir le statut de team continental. C'était une expérience formidable. Les cyclistes ont acquis beaucoup d'expérience, un volume d'entraînement et de la compétition de haut niveau. On avait même réussi avec Sovac à glaner des points pour l'équipe nationale. La participation de votre section n'a pas été annoncée durant la conférence de presse consacrée à l'organisation du GTAC 2016. Par la suite, la FAC a convoqué vos coureurs pour qu'ils soient versés dans d'autres clubs. Pensez-vous que ce soit normal que des athlètes sous contrat avec un club parrainé par la Sonatrach aillent défendre les couleurs d'un autre club ? Je vous l'ai dit clairement que les règlements de la FAC sont bizarres. A votre avis, la Sonatrach n'a-t-elle pas les moyens de s'engager dans le GTAC ? Cela n'a jamais été une question de sous. Nous avons les moyens de notre politique, mais une telle participation ne dépend pas uniquement de notre volonté. C'est la FAC qui désigne la liste des participants. Et comment avez-vous réglé la situation ? Après plusieurs réunions avec cette instance, on a coupé la poire en deux. Nos athlètes performants vont participer sous le maillot de la sélection nationale et ceux qui sont en période d'apprentissage sont mis à la disposition de la FAC. Donc, la FAC pourra former les équipes naissantes d'autres opérateurs économiques tels Ooredoo et Cevital à partir des athlètes du GSP ? La FAC nous a dit que ces équipes sont de la même envergure que la sélection nationale. Ces équipes vont courir pour l'Algérie, voilà l'explication que j'ai reçue...