Le conférencier, le Dr Malik Bensafta, est diplômé d'économie en France et professeur à l'université Hassiba-Ben Bouali. Le titre se rapporte à un ouvrage du grand économiste Petit, paru en 1973. Ce dernier constate qu'il y a moins de croissance chez les pays pourvus en ressources naturelles d'une grande capacité a contrario de ceux n'ayant pas beaucoup de ces matières premières. La malédiction est liée au fait que ces produits sont sujets aux fluctuations des prix. Cette instabilité touche les hydrocarbures, les pierres et métaux précieux. De 1970 à nos jours, nous avons eu le choc pétrolier de 1973, une chute en 1986 avec un baril à moins de 10 dollars, une remontée en 2004 avant la chute vertigineuse de 2015. Les pays de l'Opep ont une économie peu développée avec des retombées sécuritaires (conflits armés), politiques, institutionnelles. On appelle ce phénomène le syndrome hollandais. Ces pays à très faible croissance ont des produits hors hydrocarbures sans compétitivité. En Algérie, les ressources financières, les dépenses sont liées à la fiscalité générée par cette rente représentée par la vente des hydrocarbures. Ces derniers qui sont volatiles peuvent entraîner une restriction budgétaire qui va se solder par une crise sociale. Citant Ross, le conférencier ajoutera que la démocratie est inversement proportionnelle au volume des hydrocarbures détenu par un pays. Autre facteur aggravant cité par M. Bensafta concernant ces Etats rentiers : leur population ne paye pas d'impôts et de ce fait il n'y a pas de revendications citoyennes comme la démocratie par exemple. Toujours selon Ross, dans ces pays, la dépense est généreuse. Les subventions sont accordées pour les produits de large consommation en contrepartie d'un manque de liberté. L'orateur cite des exceptions comme la Norvège ou le Botswana. C'est rassurant pour l'Algérie, qui peut se ressaisir. Ce n'est pas une fatalité. Notre économiste constate que l'abondance des hydrocarbures est une malédiction pour les PVD dont les gouvernants se comportent comme des prédateurs. Le privé, d'un autre côté, veut sa part. Cela va entraîner de la corruption, du gaspillage, des choix de projets non rentables et c'est de l'argent perdu. Le cas le plus édifiant est celui du Nigeria qui est un pays riche en pétrole mais où le peuple est pauvre à cause de la corruption qui a atteint un niveau invraisemblable. Des éléments de ressemblance existent avec notre pays. La malédiction est représentée par le fossé qui s'est creusé entre les classes. Par rapport à 1970, la classe moyenne s'est réduite. Les pauvres restent pauvres toute leur vie. En France, il arrive que les pauvres voient leur situation s'ameliorer avec la retraite. Le conférencier, après avoir dressé l'état des lieux, propose un début de solution. Il faut en premier lieu reconnaître l'échec pour redémarrer sur de nouvelles bases. D'aucuns affirment que le gaz est l'avenir mais ce que nous n'avons pu faire avec le pétrole, nous ne pourrons le faire avec le gaz. La Malaisie, l'Indonésie, les EAU ont échappé à cette malédiction. Si l'Algérie va vers l'endettement, c'est la catastrophe qui aura pour visage une crise politique sociale et surtout sécuritaire. Il est impératif de rendre l'informel formel. Au sujet des énergies renouvelables, M. Bensafta nous apprend qu'elles ne représentent que 0,1% de l'énergie en Algérie. A la rencontre de Barcelone, les pays européens se sont fixés un taux de 20% à l'horizon 2020. Ce chiffre est déjà atteint par l'Allemagne. Notre pays doit promouvoir le GPL, ce qui est difficile à court terme vu le nombre de 350 000 véhicules à équiper. Le soleil est une autre énergie à mettre en valeur. En France, des subventions sont accordées à des systèmes de chauffage non conventionnels. En Algérie, les constructions devraient être mieux isolées pour économiser l'énergie. Le vieux parc automobile devrait être renouvelé pour éviter la pollution et la consommation d'énergie. Lors du débat, on a noté une intervention très pertinente de maître Klouche Abdelkader qui a cité un commentaire tres intéressant de Mouloud Kassim, lors d'une conférence à Ouargla en 1972 : «Le pétrole est une malédiction dans la mesure où il empêche un peuple de découvrir son génie et maîtriser son environnement» et «nous aurions dû être des exportateurs de génie. Nous aurions pu avoir une Silicon Valley et exporter la technologie».