Le chef du gouvernement français, Manuel Valls, consacrera le week-end des 9 et 10 avril prochain à la visite officielle qu'il devait effectuer en février dernier et qui avait été reportée. C'est Matignon, la chefferie du gouvernement français, qui fait l'annonce de cette visite dont on souligne qu'elle sera notamment ponctuée par un entretien avec le président de la République, ce qui ne constitue plus, depuis quelques années, une singularité, des responsables d'un niveau hiérarchique moins élevé sont régulièrement les hôtes du Président. Valls présidera dimanche 10 avril avec Sellal, son homologue, les travaux du 3e Comité intergouvernemental de haut niveau (CIHN). Dans quelle conjoncture se fait cette visite qui devait initialement être précédée par celle du MAE français ? Une dizaine de ministres accompagneront le Premier ministre français dont notamment : Bernard Caseneuve (intérieur) Emmanuel Macron (économie) Marisol Tourraine (santé) Najet Vallaud-Belkacem (éducation) Audrey Azoulay (culture)... Jean-Marc Ayrault, ministre des Affaires étrangères, ne sera pas du voyage d'Alger, nous apprend-on, des obligations le retenant à une réunion des chefs de la diplomatie du G7. Relevons toutefois qu'il ne s'est pas non plus déplacé à Alger le 29 février dernier comme il était convenu pour préparer la venue de Valls. Même si le programme complet des deux journées n'est pas encore publié, l'on notera la «rencontre» (et non la simple audience) qu'aura le Premier ministre français avec le président de la République, ainsi qu'un dîner de travail que le Premier ministre algérien organise le soir de son arrivée. Le lendemain, les deux chefs de gouvernement présideront les travaux de la 3e session du CIHN. Pour rappel, le Comité intergouvernemental algéro-français de haut niveau a tenu sa première session en 2013 et la seconde le 4 décembre 2014 à Paris en présence de Abdelmalek Sellal. Sans autres précisions pour l'heure, la visite de Valls, annoncent les services de Matignon, sera consacrée à l'examen de divers accords, notamment économiques, «ainsi que des dossiers de la coopération antiterroriste et la sécurité dans la région, avec les dossiers malien et libyen». Il est clair que la coopération sécuritaire, eu égard aux derniers développements des attentats terroristes en Europe, donnera à cette coopération sécuritaire un nouveau tournant lié sans aucun doute aux nouveaux dispositifs antiterroristes que s'apprête à prendre l'Europe sous la forte impulsion de l'Hexagone. Relevons que le problème de la décolonisation du Sahara occidental ne figure pas, tout au moins pour l'heure et officiellement, dans les discussions des deux parties. Pourtant avec la réaction très forte cette semaine du Congrès américain qui demande aux membres du Conseil de sécurité et notamment à la France de se départir de leur soutien aux positions marocaines et au Maroc de cesser sa politique d'occupation et d'utilisation des ressources sous domination, l'Algérie est en position forte, dans cette nouvelle conjoncture, pour renforcer sa voix et tenter d'exiger en compensation de tout ce qui est offert en terme économique une inflexion de la France sur ce dossier. Et à propos justement des dossiers économiques qui seront examinés les 9 et 10 avril prochain, ils sont nombreux. Paris a, depuis la première visite de Hollande en 2012, pris une part importante dans le marché algérien même si, sur certains aspects, la Chine la devance aujourd'hui. Si l'on s'en tient aux statistiques des services français en Algérie, l'on relève qu'entre 1999 et 2013, les échanges économiques et commerciaux ont triplé et la France se positionne toujours comme premier investisseur hors hydrocarbures. L'Algérie, affirment les services économiques de l'ambassade, «est un marché porteur pour les entreprises françaises». Et d'annoncer : «Le plan quinquennal algérien 2015-2019 devrait ouvrir des marchés aux entreprises françaises en prévoyant la construction de 600 000 logements ; une enveloppe de 69 Mds EUR pour le développement d'infrastructures routières, autoroutières et ouvrages d'art, l'extension de trois aéroports et la modernisation de 12 autres, le réaménagement de 24 ports et la création de 7 ports de plaisance et construction de 30 barrages.» Une liste longue qui va peut-être subir, quelque peu, l'effondrement de l'embellie financière. Il reste toutefois que les relations plus qu'excellentes qu'entretiennent les deux pouvoirs en place ne laisseront pas que des miettes aux «amis français» du Président. L'on apprend, par exemple, que le projet d'implantation d'une usine de montage de voitures Peugeot devra être, quant à lui, finalisé au cours de cette rencontre d'avril.