Sous la conduite de Saâdoune Bouabdellah, modérateur, les poétesses Douma-Boutaïba Samia et Hamou Ahlem déclament leurs poèmes respectifs, Mahsat assabatni et Gharibatou ana. Ensuite Boudia Mohamed présente le conférencier de la semaine, professeur de lettres arabes à l'université Hassiba-Ben-Bouali. Ce dernier commence par évoquer le parcours de Mahmoud Darwich, l'auteur du poème Sadjel, ana arabi (Inscris, je suis arabe) qui est considéré comme l'emblème de la résistance palestinienne. Ce dernier est né en Galilée (Palestine occupée par les Britanniques). En 1948, il se retrouve avec sa famille au Liban, après la création d'Israël. A 19 ans, il commet son premier recueil de poésie, Assafir bila adjeneha. En 1961, il intègre le Parti communiste israélien. En 1964, la parution de son recueil Rameaux d'olivier le fait connaître dans le monde entier. 1973 sera la date à laquelle il entre à l'OLP alors qu'il est rédacteur en chef de la revue littéraire Karmel. Après les accords d'Oslo, il se brouille avec Yasser Arafat. Il meurt à Houston bien qu'il ait tonné : «L'Amérique, c'est la peste et la peste, c'est l'Amérique.» Son parcours littéraire, essentiellement poétique, se superpose avec son combat pour la libération de sa terre natale. Kasidate Beyrouth, lors du siège de cette ville par les faucons israéliens, en est la parfaite illustration. A ce titre, Mahmoud Darwich est considéré comme un des plus grands poètes arabes de son époque et même universel. Le conférencier souligne qu'à travers cet engagement, la poésie de Mahmoud Darwich va connaître 3 étapes. Au début, elle se caractérise par sa modestie, voire une pauvreté esthétique vu que l'écrivain n'avait pas encore acquis les outils linguistiques et stylistiques nécessaires. Vient ensuite la 2e étape, celle de l'engagement, pendant laquelle on retrouve Sedjel, ana arabi qui constitue l'illustration la plus aboutie. Enfin, la 3e étape est caractérisée par la maturité, ce qui a fait écrire à Mahmoud Darwich des poèmes beaucoup plus élaborés, le hissant ainsi au rang des poètes universels. Dr Amiche va mettre l'accent sur cette problématique des plus anciennes qui continue d'alimenter les débats les plus houleux au sein des intellectuels en général et des poètes et écrivains en particulier, celle relative à l'engagement de l'artiste. A ce propos, il pense que Darwich, en dépit de la valeur esthétique de son œuvre, est resté prisonnier d'une cause, laquelle l'a empêché d'aborder des thèmes existentiels touchant à l'humanité, se contentant de s'adresser aux militants d'une cause donnée plutôt qu'aux hommes dans toute leur diversité. Le débat va être axé essentiellement sur la notion d'engagement de Mahmoud Darwich au patrimoine arabe et sa relation avec la révolution algérienne. Dr Amiche a répondu clairement aux questions, mettant en avant tantôt des arguments scientifiques, tantôt sa sensibilité d'artiste, car il faut savoir qu'outre son activité scientifique au sein de l'université de Chlef, Dr Amiche Larbi est également un poète connu des milieux littéraires algériens et arabes, ayant déjà publié plusieurs recueils de poésie tous salués par la critique. Dr Amiche nous confie qu'il a rencontré le grand poète à Oran avec qui il a eu un long entretien. A la faveur de cet événement, on apprend que Darwich a vécu une période d'autocritique se manifestant par un désir de corriger des écrits du début quand il émargeait au Parti communiste israélien. La poésie étant faite pour être lue, Mahmoud Darwich excellait dans cet art comme un acteur de théâtre. L'œuvre au début respectait la langue classique soucieuse des règles de grammaire avant de s'orienter vers un style plus libre. A la fin de la séance, mlle djamila Benahmed a lu un long poème, chanson de la vie, qui est le destin d'une personne pauvre à la recherche du bonheur. Aïssa Nekaf et Mansour Mokhtari ont aussi déclamé leurs poésies.