De notre envoy�e sp�ciale � Gharda�a, Sa�da Azzouz C'est ce matin que le docteur Fekhar Kamel- Eddine, premier secr�taire national du Front des forces socialistes (FFS) � Gharda�a, devrait compara�tre devant la chambre criminelle du tribunal de la capitale du M'Zab pour y r�pondre de cinq chefs d'inculpation : �Incendie volontaire, attroupement arm�, incitation � l'attroupement, coups et blessures volontaires avec arme blanche, destruction de biens de l'Etat et obstruction de la voie publique.� Les m�mes charges sanctionn�es par les articles 97, 98, 396 et 396 bis du code p�nal et qui pr�voient de tr�s fortes peines de prison sont retenues contre Djamel Elias, Boughaloussa Abderahmane, Bahmani Noureddine, Bahaz Hammou, Fekhar Fay�al, Boukermouche A�ssa, Kouzrit Omar, Ouyaba Hac�ne, Dedjal Abdallah, Babaz Khoudir, Addoune Fawzi, Eddine Mesbah Hammou, Ouyaba Mohammed, Guelta Mohammed, Dja�di Bahmed et Djelmani Mohamed. Ce dernier, responsable local de la Ligue alg�rienne pour la d�fense des droits de l'homme, LADDH, et deux autre membres de cette ligue en d�lit de fuite depuis octobre dernier se sont rendus � la justice le 22 du mois en cours. Pour rappel, un mandat d'arr�t avait �t� d�livr� contre eux juste apr�s les �v�nements qui ont marqu� Gharda�a en octobre dernier. Tout comme le docteur Fekhar en d�tention provisoire depuis le 31 octobre 2004, les militants de la LADDH sont consid�r�s comme �tant les principaux instigateurs de la gr�ve des commer�ants d�clench�e le 11 octobre et qui d�g�n�rera en �meutes, quatre jours plus tard. Rappelons que le docteur Fekhar a �t� interpell� et arr�t� � Alger alors qu'il prenait part � une conf�rence sur le 1er Novembre anim�e par Hocine A�t Ahmed, Mouloud Hamrouche et Abdelhamid Mehri. Apr�s avoir �t� entendu par le procureur g�n�ral de Ch�raga, il sera transf�r� � Gharda�a pour y �tre jug�. Un proc�s que d�nonce le secr�tariat national du FFS, qui, dans une lettre � l'opinion publique nationale et internationale, fait ressortir le caract�re d�mesur� de ces chefs d'inculpation. �Accusations loin de correspondre � la r�alit� du mouvement de protestation pacifique men� par la population de Gharda�a, pour protester contre les descentes punitives, la hogra et les injustices que font subir les autorit�s administratives, polici�res et judiciaires aux militants des droits de l'homme, aux commer�ants et aux citoyens de cette r�gion.� Pour le FFS, le fait que la chambre d'accusations du tribunal de Gharda�a confirme la criminalisation de cette affaire d�note de la volont� du pouvoir � b�illonner toute expression de revendication sociale. �En vertu de l'�tat d'urgence, les autorit�s s'arrogent le droit de violer les lois qu'elles ont elles-m�mes promulgu�es, de b�illonner la soci�t� et de supprimer toutes les libert�s fondamentales. Couvert par ce dispositif, le pouvoir �rige un r�gime sp�cial � chacune des r�gions du pays qui consiste � museler et � immobiliser, par une r�pression sauvage, tout �largissement de la dissidence citoyenne, nationale et pacifique�. Pour le parti de Hocine A�t Ahmed �l'affaire de Gharda�a d�montre �galement l'instrumentalisation syst�matique de la justice et la culpabilisation de la population. Cens�e garantir le plein exercice des libert�s individuelles et collectives, la justice donne aujourd'hui l'image d'une institution aux ordres, fouet entre les mains des d�cideurs qui œuvrent � �radiquer toute forme d'auto-organisation sociale et toute formulation politique des revendications de la population�. Des revendications de plus en plus nombreuses qui font que la population n'a d'autre recours que la rue pour y d�poser des requ�tes. Ainsi, il y a eu des �meutes pour l'eau, pour le logement, pour l'�lectricit�, et aussi et surtout pour l'emploi, comme ce fut le cas � Ouargla, en mars dernier. Pour rappel, les d�l�gu�s de cette ville, membres du mouvement citoyen du Sud, viennent de recouvrer la libert� apr�s huit mois de d�tention. Le tribunal de Ouargla avait criminalis� l'affaire, avant de la requalifier suite � une gr�ve de la faim de plusieurs jours d�cid�e en plein �t� par les d�tenus dont des militants de la LADDH.